Le 1 % le plus riche : le modèle québécois

On dit souvent que le Québec est la société la plus égalitaire d’Amérique du Nord. C’est au Québec qu’on trouve les écarts de richesse les moins grands, c’est là que les inégalités progressent le plus lentement lorsqu’on fait des comparaisons avec les autres provinces du pays et les États américains. Ces affirmations sont vraies, mais elles demandent certaines nuances.

C’est le travail qu’a voulu faire Nicolas Zorn, spécialiste des inégalités économiques, dans un livre publié aux Presses de l’Université de Montréal, Le 1 % le plus riche, l’exception québécoise. Cette contribution de Nicolas Zorn est essentielle, utile et éclairante, à un moment où les inégalités contribuent aux tensions sociales et politiques dans le monde.

Ce sont les institutions, l’encadrement du travail, l’impôt des plus riches notamment qui ont permis au Québec de ralentir la montée des inégalités économiques. Le modèle québécois, écrit Nicolas Zorn, « serait conçu notamment pour atténuer les écarts de revenus. […] Le modèle institutionnel particulier au Québec pourrait bien permettre d’expliquer comment le phénomène relativement généralisé de concentration des revenus vers le sommet a pu être plutôt modéré, en comparaison de l’évolution vécue chez ses voisins américains et canadiens. »

Contre vents et marées

« Il est bien possible, poursuit Nicolas Zorn, que le taux de syndicalisation plus élevé au Québec ait ralenti la hausse des revenus du premier centile, comparativement à ses vis-à-vis nord-américains, par exemple en réussissant à maintenir les éléments plus égalitaristes et redistributifs du modèle québécois. »

Face à la financiarisation de l’économie, la réduction des impôts pour les entreprises et les mieux nantis, « les institutions du marché du travail et le syndicalisme pourraient avoir tempéré la hausse des revenus du premier centile québécois » selon l’auteur.

« Le premier centile québécois se situe nettement dans la moyenne des pays au régime non libéral, et ce même s’il fait partie du Canada et s’il est le voisin des États-Unis, deux pays qui, rappelons-nous, ont un régime libéral. Le Québec a plutôt développé un modèle social distinct, avec sa propre conception de la justice sociale. »

Le vent des inégalités souffle fort

N’empêche, les membres du 1 % le plus riche au Québec ont vu leur revenu marchand augmenter de 78 % de 1985 à 2008 contre 19 % pour les 99 % les moins nantis.

Les pressions sont fortes, explique le chercheur. « Les écarts de revenus en général, et ceux entre le sommet et le reste de la société en particulier, ont augmenté dans la quasi-totalité des pays développés que nous avons examinés. Une société fortement intégrée dans l’économie mondiale comme le Québec peut difficilement s’isoler des phénomènes qui touchent l’ensemble des pays mondialisés. »

« Le nombre de paliers [d’imposition] au sein des pays développés, écrit Nicolas Zorn, est passé d’une moyenne de 15 en 1981 à seulement 5 en 2010. Le taux marginal maximal d’imposition moyen est passé de 66 % en 1981 à 42 % en 2010 et le seuil du dernier palier d’imposition a baissé dans la plupart des pays, de 2000 à 2010. »

Choix rationnel ou idéologique?

Dans sa conclusion, il ajoute que « la baisse de la progressivité fiscale et du niveau d’imposition, sous couvert de nécessité économique, relèverait de choix politiques qui privilégient un modèle et une idéologie plutôt que d’autres. »

Comme on l’a souvent mentionné ici, les inégalités économiques préoccupent aujourd’hui un vaste éventail d’économiste et de décideurs publics, soit « un nombre grandissant de chercheurs, d’institutions et de personnalités politiques allant du premier ministre canadien, des présidents français et américain jusqu’au pape, en passant par les banquiers centraux des États-Unis et du Royaume-Uni, sans oublier les institutions internationales telles que l’OCDE et le FMI, ni les grandes organisations de la société civile comme Oxfam et le Forum de Davos. »

« Dans une nouvelle étude sur les inégalités, écrit Nicolas Zorn, cinq économistes du Fonds monétaire international concluent que plus les riches sont riches, plus la croissance économique est faible. En fait, c’est plutôt l’enrichissement des moins nantis et de la classe moyenne qui stimule la croissance économique, affirment-ils. »

 

 

 

 

 

Pour Elon Musk, le revenu universel est nécessaire face aux avancées de la robotique

Le revenu universel s’impose-t-il face à la montée en puissance de l’automatisation ? Oui, d’après le fondateur de SpaceX.

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Elon Musk est l’une des principales figures de l’innovation technologique de nos jours, notamment dans le domaine des intelligences artificielles. Pour lui, la révolution est en marche et va inexorablement se poursuivre dans les prochaines années. L’Homme va devoir se résoudre à s’adapter à la vie avec les automates. Si une telle vision a de quoi inquiéter face aux millions d’emplois déjà détruits et à ceux qui doivent encore l’être dans les années à venir, l’ingénieur défend aussi une proposition compensatoire : l’instauration d’un revenu de base.

En effet, selon lui, la solution économique à cette réalité du monde moderne pourrait simplement être de rémunérer les Hommes indépendamment du fait qu’ils aient un travail ou non. Ce système de redistribution des richesses n’est donc rien d’autre quele revenu universel qui fait actuellement débat en France.

Cette position, Elon Musk la défend déjà depuis plusieurs mois, et il l’a encore réitérée cette semaine à l’occasion du Sommet sur la gouvernance mondiale qui s’est tenu du 12 au 14 février 2017 à Dubaï. D’après ses propos repris par fastcompany, les avancées de l’automatisation font « qu’il y aura de moins en moins d’emplois qu’un robot n’arrivera pas à mieux maîtriser ».

 

Il ne le dit pas avec enthousiasme, mais se veut réaliste : « Je veux être clair. Ce ne sont pas des choses que je souhaite voir arriver. Mais si mon évaluation est correcte, elles vont probablement se produire ».

Que devons-nous faire face une telle réalité ? À ce propos, le fondateur de SpaceX « pense qu’une certaine forme de revenu universel de base va être nécessaire ». Mais cela soulèvera selon lui un autre problème, puisqu’il s’interroge aussi sur le sens que les gens donneront à leur vie s’ils ne sont plus tenus de travailler pour gagner leur vie.

« Cela engendrera un défi beaucoup plus complexe. Comment les gens vont-ils donner un sens à leur vie ? Beaucoup se réalisent à travers leur emploi. Donc, si vous n’avez plus besoin d’un travail pour vivre, quel sens donnerez-vous à votre existence ? Vous sentirez-vous inutile ? C’est un problème beaucoup plus difficile à résoudre », conclut l’homme qui veut envoyer les humains coloniser la planète Mars.


HORS TEXTE

Elon Musk a raison car voici 5 métiers qui vont être remplacé par des robots

 

Cela fait des décennies que le monde du travail est reconfiguré par l’automatisation. Les robots, de plus en plus sophistiqués, sont plus que jamais capables de remplacer les Hommes dans plusieurs types de métiers.

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Un rapport du Forum économique mondial indiquait tout récemment que d’ici 2020, près de 7,1 millions d’emplois pourraient être menacés à cause de la redondance et de l’automatisation.

Si les travaux manuels étaient davantage mis à mal, les métiers dont les tâches sont intellectuelles le sont également de plus en plus, avec de nouveaux types de robots humanoïdes qui sont aujourd’hui plus intelligents que jamais. Les métiers demandant de forts contenus décisionnels, de la créativité et de l’intelligence sociale semblent être ceux qui sont les plus susceptibles de résister à la concurrence des automates.

Voici cinq métiers où les robots pourraient remplacer les Hommes :

Chauffeur / conducteur

Les géants de la technologie ont beaucoup investi dans les voitures autonomes ces dernières années, et les projets dans ce domaine sont aujourd’hui arrivés à maturité. Des entreprises proposent déjà des services de taxi sans pilote. C’est le cas de Uber à Pittsburgh, aux États-Unis ou de nuTonomy à Singapour. Ces dernières comptent d’ailleurs augmenter le nombre de leurs voitures sans pilote dans les prochaines années. NuTonomy espère même se passer de chauffeurs d’ici 2018.

Serveur

Les robots humanoïdes sont maintenant à notre service. En chine, de plus en plus de restaurants font la part belle aux robots-serveurs, et ce, au détriment de la main d’œuvre humaine. Ces robots jouent même déjà dans certains cas le rôle de cuisiniers. Cette tendance pourrait se généraliser dans les années à venir, d’autant plus que des entreprises proposent déjà plusieurs modèles de robots-serveurs à la vente.

Ouvrier magasinier

Charger, transporter ou décharger des marchandises, cela fait un moment que les robots savent bien le faire. Certaines entreprises, dont le géant Amazon ont d’ailleurs progressivement remplacé les ouvriers humains par des robots dans leurs centres de stockage.

Livreur

Le développement fulgurant des drones ne vous a certainement pas échappé. Leur utilisation dans le civil permet à de nombreux services de transport et de livraison de marchandises d’y avoir recours. Amazon est ici aussi l’une des sociétés qui s’activent le plus. Elle teste déjà depuis quelques années l’utilisation des drones pour la livraison à domicile de ses commandes. Il ne va peut-être pas falloir attendre longtemps pour voir les drones-livreurs nous envahir.

Téléconseiller

Beaucoup de téléconseillers aujourd’hui ne sont pas humains. Dans certains cas, comme vous l’avez surement déjà expérimenté, il n’y a pas un interlocuteur humain à l’autre bout de la ligne, mais des enregistrements organisés de sorte à répondre à vos préoccupations de manière précise. Tout ce que vous avez à faire est de suivre des instructions. Ex : « appuyez sur » 1 « pour plus d’informations », etc.

Mais dans les années à venir, il pourrait ne plus s’agir de naviguer entre plusieurs instructions déjà enregistrées, mais plutôt d’échanger directement avec une intelligence artificielle. C’est déjà le cas chez le géant IBM qui a développé un super-ordinateur baptisé Watson pour gérer une partie des standards téléphoniques.

Watson est composé de 2887 processeurs et dispose d’une mémoire de 16 téraoctets. Il est conçu pour gérer des conversations et fournir des réponses d’une précision impressionnante. Le dispositif a déjà été intégré aux services de téléconseillers de plusieurs grandes entreprises dont les banques ANZ (Australie) et Royale du Canada. Il prend en charge une bonne partie des appels reçus.

Voilà bien qui montre que le monde du travail est en constante mutation, ce qui nous amène à penser que ceux qui parlent aujourd’hui de l’instauration d’un revenu universel n’ont peut-être pas tort. Si les robots bossent déjà à la place des Hommes, on pourrait bien payer ces derniers à ne rien faire, non ?

 

 

 

 

Article court: le 1% détient la moitié des richesses du monde

 

Un travailleur-esclave sur une mine de diamants en Afrique.
Un travailleur-esclave sur une mine de diamants en Afrique.

Les inégalités économiques se sont amplifiés rapidement dans la plupart des pays depuis le début de la crise, a dénoncé ce lundi l’ONG Oxfam dans un rapport publié à la veille de l’ouverture du Forum économique mondial de Davos.

Ainsi, près de la moitié des richesses mondiales sont aujourd’hui détenues par 1% de la population, selon l’ONG, qui rappelle que les 85 personnes les plus riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population.

Ces 1% les plus riches ont augmenté leur part de revenu dans 24 des 26 pays pour lesquels des données sont disponibles entre 1980 et 2012. Ce sont près de sept personnes sur dix qui vivent dans un pays où l’inégalité économique a augmenté au cours des 30 dernières années, rapporte Oxfam.