Dinosaure : un monstre marin vieux de 150 millions d’années découvert en Inde

Un squelette d’ichtyosaure a été trouvé à l’extrême ouest de l’Inde, ce qui pourrait révéler de nombreux secrets sur l’évolution de cette espèce du Jurassique.

C’est une remarquable découverte qu’a fait une équipe de chercheurs indiens. Un ancien «dragon de mer» enterré depuis 150 millions d’années a été trouvé l’année dernière dans le district de Kutch, situé à l’extrême ouest de l’Inde, a-t-on appris mercredi dans une étude publiée dans la revue «PLOS ONE». Selon les scientifiques, le monstre -un ichtyosaure-, pourrait être le premier spécimen jamais découvert dans le pays. «C’est une découverte stupéfiante. Non pas parce qu’il s’agit de la première trouvaille d’ichtyosaure sur le territoire indien, mais parce que cela éclaire sur l’évolution et la diversité des ichtyosaures dans cette région de l’ancien Gondwana et les liens biologiques de l’Inde avec les autres continents du Jurassique», a expliqué le paléontologue Guntupalli Prasad de l’université de Delhi.

 

Ancienne gravure représentant un ichtyosaure (à gauche) et un plésiosaure (à droite).

Le squelette, bien conservé, est toutefois incomplet. Il lui manque quelques parties à l’avant et à l’arrière. Les chercheurs ont estimé à 5,5 mètres la taille de la bête quand elle nageait il y a entre 152 et 157 millions d’années. «Nous pouvons déduire de l’usure de ses dents que cet ichtyosaure était un prédateur de haut vol qui se nourrissait de nourriture dure et abrasive, y compris de mollusques marins (ammonoïdes et bélemnites), poissons et autres reptiles», a ajouté le chercheur.

 

Le fossile a été découvert dans le district de Kutch, à l’Ouest de l’Inde. — Capture d’écran Google Maps
C’est une découverte spectaculaire et remarquable. Le squelette d’un monstre marin, l’ichtyosaure, a été retrouvé à l’extrême ouest de l’Inde, dans le district de Kutch.

Les ichtyosaures, des super-nageurs ?

Mais ce qui stupéfait le plus les scientifiques par cette découverte, c’est la distance que parcouraient les ichtyosaures lorsque, il y a 150 millions d’années, le supercontinent Pangée s’est disloqué lentement en Laurasie et Gondwana. «Cela indique la possibilité que les ichtyosaures aient pu se déplacer entre [ce qui est maintenant­] l’Europe, l’Inde occidentale, Madagascar et l’Amérique du Sud», argue à nouveau Guntupalli Prasad. «Les fossiles d’ichtyosaures sont bien connus des continents septentrionaux, mais ils sont très rares dans le sud. Donc, ce nouveau squelette a le potentiel de révéler de nombreux secrets sur l’évolution de l’ichtyosaure», a commenté à «National Geographic» Steve Brusatte, un paléontologue de l’université d’Edimbourg qui n’a pas participé à l’étude.

Dans les années à venir, les chercheurs indiens prévoient d’effectuer une vaste exploration dans le district de Kutch pour y trouver plus de fossiles d’ichtyosaures ainsi que d’autres reptiles marins. «Nous espérons que notre découverte pourrait susciter un regain d’intérêt pour la recherche sur les fossiles de vertébrés dans cette région, ce qui pourrait mettre en lumière de nouvelles découvertes».


EN COMPLÉMENT

Le « Kraken », un céphalopode géant, artiste et serial killer d’ichtyosaures !

Un scénario stupéfiant vient d’être proposé pour expliquer la mort d’une dizaine d’ichtyosaures, dont les ossements ont été retrouvés regroupés en 1928 dans le Nevada. Aucune hypothèse n’avait jusqu’à présent tenu la route. Un céphalopode géant, artiste à ses heures, serait le responsable…

Au début du XXe siècle, les ossements d’une dizaine d’ichtyosaures – grands reptiles marins du Mésozoïque – étaient retrouvés dans l’État du Nevada. Depuis, de nombreux scénarios ont été imaginés par les paléontologues qui cherchent à savoir comment tous ces individus sont arrivés là. Le 10 octobre, lors du congrès annuel de la Geological Society of America, Mark McMenamin du Mount Holyoke College, a proposé une hypothèse rocambolesque, entre science et fiction.

Ces ichtyosaures, plus précisément des Shonisaurus popularis, ont été découverts en 1928 par Siemon Muller, chercheur à l’université de Stanford et datent d’environ 228 millions d’années. À cette époque, un bras de mer recouvrait la région de Berlin, petite ville située à une centaine de kilomètres de Reno, la capitale de l’État.

 

Preuves et interprétations

Quels sont les faits ? Les ichtyosaures retrouvés mesuraient jusqu’à 14 mètres de long. Les ossements étaient assez hétérogènes : certains en très bon état, d’autres davantage dégradés, ce qui fait penser à Mark Mcmenamin que les différents individus ne sont pas morts en même temps.

Les sédiments recouvrant les squelettes montrent que les ichtyosaures sont morts dans l’eau, à une profondeur d’environ 200 mètres. C’est pour cette raison que le scientifique américain suggère que tous les ossements ne se sont pas retrouvés au même endroit par hasard.

En outre, ces ossements n’étaient pas tous disposés de façon naturelle : les vertèbres ne respectaient pas toutes l’ordre qu’elles ont normalement dans la colonne vertébrale. Selon Mark McMenamin, cela indique que certains de ces os ont été déplacés, probablement par un animal.

Un scénario digne de Jules Verne

Enfin, les shonisaures se nourrissaient entre autres de céphalopodes. Ce qui veut dire que ces deux animaux occupaient sensiblement les mêmes habitats et qu’ils étaient amenés à interagir.

Un Temnodontosaure adulte et juvénile. Ces créatures étaient de grands ichtyosaures, des reptiles marins éteints qui vivaient pendant la période jurassique et mangeaient des calmars et des ammonites. Illustration de John Sibbick.

 

À partir de tous ces faits, voilà le scénario rocambolesque que Mark McMenamin a imaginé. Un céphalopode géant – environ 30 mètres – qu’il nomme Kraken, créature sortie des légendes scandinaves, aurait tué les ichtyosaures et les aurait stockés dans son garde-manger, comme le font les céphalopodes actuels avec leurs proies.

Signalons que le kraken une créature fantastique issue des légendes scandinaves médiévales. Il s’agit d’un monstre de très grande taille et doté de nombreux tentacules. Dans ses rencontres avec l’homme, il est réputé capable de se saisir de la coque d’un navire pour le faire chavirer, faisant ainsi couler ses marins, qui sont parfois dévorés. Sa légende a pour origine l’observation de véritables calmars géants dont la longueur a été estimée à 13-15 mètres tentacules compris1,2. Ces créatures vivent normalement à de grandes profondeurs, mais ont été repérées à la surface et auraient « attaqué » les navires (note de votre serviteur alias le « curieux gardien »).

Autoportrait à la vertèbre cassée

Mais pourquoi les ossements auraient-ils été déplacés, réarrangés ? Parce que, selon l’hypothèse, le Kraken – probablement un des invertébrés les plus intelligents qui n’aient jamais existé – avait des capacités… artistiques ! Il aurait placé chacune des vertèbres, qui ressemblent à s’y méprendre à des ventouses, de façon à ce que l’ensemble fasse penser à un tentacule. Un autoportrait, en somme !

Certes, l’hypothèse est audacieuse. Mais les céphalopodes sont bien connus pour posséder une intelligence hors norme. Ils ont la capacité de résoudre des problèmes, de se cacher à l’aide de coquille, certains peuvent communiquer, etc.

Bien sûr, ce scénario ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté des paléontologues, surtout sa composante artistique. Néanmoins il semble être le seul à correspondre intégralement avec les faits. Comme le disent les partisans de la réfutabilité emmenés par Karl Popper, plus une hypothèse est audacieuse, plus elle est forte et fait avancer la science.