L’ALGÉRIE SE LIBÈRE SOUS NOS YEUX!
VIVE LE PEUPLE ALGÉRIEN!
La situation politique qui prévaut actuellement en Algérie a sérieusement impacté les entreprises françaises qui n’arrivent visiblement pas à faire fructifier leurs affaires, selon l’hebdomadaire français L’Express qui a consacré un dossier de 14 pages à l’Algérie. Le silence règne partout, y compris chez les fleurons français qui ont pignon sur rue à Alger, dont le Medef qui a observé “un silence gêné” après une demande d’interview formulée par cet hebdomadaire.
Idem dans les états-majors des grands groupes français qui se sont donné “un seul mot d’ordre : la discrétion”, indique encore la même source, affirmant qu’“il n’y a pas que sur le terrain de la géopolitique que les relations entre les deux pays sont minées. Sur le front du business aussi, le climat est tendu”. Selon Ruben Nizard, économiste de la Coface, “en une quinzaine d’années, la part des produits français dans le total des importations algériennes a été divisée par deux, tombant à moins de 10% l’an passé contre près de 25% en 2004”.
Autrement dit, analyse-t-il encore, derrière les annonces fracassantes, les investissements français en Algérie ont fondu. Interrogé par ce magazine, un haut dirigeant d’un fleuron français, ayant pignon sur rue à Alger, a répondu : “Il n’est pas question que le nom de l’entreprise apparaisse dans un dossier sur l’Algérie.” Tétanisées par la perte des parts de marché, les entreprises françaises se plaignent du climat des affaires qui prévaut en Algérie et évoquent “la froideur des statistiques qui racontent une autre histoire”. Le magazine cite les exemples de Renault et de PSA qui ont construit des unités d’assemblage de voitures, qu’il qualifie d’“usines tournevis”, et la même source évoque Alstom et la fabrication du matériel ferroviaire. “Le gouvernement a imposé que les trams qui sortent de notre usine intègrent 30% de pièces fabriquées localement”, a expliqué Raphaël Bernardelli, le responsable Afrique de l’entreprise. Ce dernier déplore que les sous-traitants locaux ne soient pas au rendez-vous. Une situation que le président de la Chambre de commerce franco-algérienne, Michel Bisac, qualifie de cauchemardesque. “Ce cauchemar administratif a fait fuir bon nombre de PME”, a reconnu M. Bisac. Mais pour l’hebdomadaire, la corruption constitue le frein majeur dans le traitement des affaires et le partenariat. “À cela s’ajoute une corruption endémique, notamment pour toutes les commandes publiques. Alors que les règles d’éthique se sont durcies dans les grands groupes français, les Bouygues, Vinci ou Bolloré ont quitté le pays”, relève-t-il. Ce magazine révélera que “Vinci aurait même refusé de s’aligner récemment sur un appel d’offres pour la construction de gazoducs.
De fait, tous les grands chantiers d’infrastructures (ports, autoroutes, aéroports) sont trustés par des groupes chinois, plus compétitifs et surtout bien moins regardants sur l’origine des fonds ou les conditions de travail des salariés”. La même source regrette que l’ex-président du FCE, Ali Haddad—qu’il cite par ailleurs—soit “l’interlocuteur préféré des patrons français (…) Il y a mieux comme carte de visite. Il reste que les intérêts économiques entre les deux pays sont considérables”. En revanche, rapporte cet hebdomadaire, “dans l’autre sens, près de 400 entreprises françaises regroupent près de 40 000 salariés en Algérie, faisant de la France le premier employeur privé étranger du pays (…). Quant au géant de la pharmacie, Sanofi, il a annoncé cet automne la construction à Sidi Abdallah de la plus grosse usine de fabrication de médicaments d’Afrique. Montant du projet : 85 millions d’euros”. Tout en déplorant “un protectionnisme ravageur” (règle 51/49, ndlr), l’interdiction d’importation de milliers de produits étrangers et l’instauration de droits de douane prohibitifs, cet hebdomadaire conclut : “Seule solution : plier bagage ou fabriquer sur place.”
L’Algérie, un pays marqué par les crises politiques depuis son indépendance
En Algérie, le climat politique pourrait changer après la démission du président Abdelaziz Bouteflika. Son départ, provoqué par la pression de la rue algérienne, pourrait clore une longue période de crise qui, comme le soulignent nos archives, a commencé pratiquement dès l’indépendance du pays en 1962.
Car si l’Algérie est sortie du joug colonial français en 1962, c’est pour retomber presque immédiatement dans les griffes d’une « clique militaire corrompue ».
Peu après l’indépendance algérienne, le pouvoir est confisqué par un clan qui dirige le pays comme si c’était sa propriété privée.
L’incompétence de cette clique fait sombrer l’économie alors que l’Algérie possède pourtant d’immenses ressources naturelles et humaines.
Pour le peuple algérien, à la misère matérielle s’ajoutent bientôt la guerre civile et la terreur provoquée par l’État et des milices islamistes.
En 1990 et en 1991, les élections municipales et législatives sont remportées par le Front islamique du salut.
Plutôt que de leur céder la place, « le Pouvoir », comme appellent les Algériens le régime, préfère voir le pays s’enfoncer dans une vague de violence et de terrorisme.
Cette flambée de fureur, qui durera presque une décennie, provoquera la mort de 60 000 à 200 000 Algériens, auxquels s’ajoutent des milliers de disparus et près d’un million de réfugiés.
Cet épisode dans l’histoire de l’Algérie a profondément traumatisé les Algériens. Le régime utilise la commotion pour justifier son maintien au pouvoir.
Le président Bouteflika, symbole d’un régime corrompu
Par sa trajectoire, en raison de ses politiques, l’ex-président Abdelaziz Bouteflika est un puissant symbole des tares du régime qui gouverne l’Algérie.
Sa première élection, le 16 avril 1999, fait l’objet d’un reportage de la journaliste Danielle Levasseur au Montréal ce soir qu’anime Christine Fournier.
Élu avec 74 % des voix lors d’un scrutin que ses opposants qualifient de frauduleux et qu’ils boycottent, Abdelaziz Bouteflika promet de revitaliser l’économie et de combattre la corruption.
Du même souffle, il fait cette déclaration surprenante.
Je donnerais des garanties internationales, même à l’argent illicite, s’il devait créer des emplois, faire faire à l’Algérie une épargne de devise.
Pouvait-on croire à la lumière de cette annonce que l’éthique serait placée au cœur du mandat du nouveau président? On peut en douter.
Les milliers d’Algériens qui manifestaient contre l’élection d’Abdelaziz Bouteflika à cette époque-là ne s’illusionnaient guère sur cette question.
Un président muet
En 2011, dans la foulée des printemps arabes tunisien, égyptien et libyen, l’Algérie s’enflamme. Place du 1er-mai à Alger, 10 000 manifestants exigent que le président Bouteflika « dégage ».
La journaliste Émilie Dubreuil relate dans un reportage présenté au Téléjournal du 11 février 2011 qu’anime Pascale Nadeau le soulèvement dans la capitale algérienne.
Mais après quelques jours, l’Algérie retourne dans le silence.
Elle n’est pas la seule.
En 2013, le président Bouteflika est terrassé par un accident vasculaire cérébral.
Cloué dans un fauteuil roulant, il disparaît de la scène publique. Cela ne l’empêche pas de se représenter pour un quatrième mandat en 2014.
Une nouvelle tentative de décrocher un cinquième mandat fait déborder le vase. La rue exige, et obtient, la démission présidentielle.
Le plus difficile reste maintenant à faire…et la jeunesse algérienne vient de commencer le « travail »!