Maîtres et prospères chez nous à la sauce péquiste
Comme les conservateurs de Stephen Harper, les péquistes de Pauline Marois dépensent des millions en publicité, dans les médias écrits et parlés, afin (à ce qu’ils prétendent) de faire connaître les mérites de leurs politiques économiques. Dans les faits, ils dépensent des fonds publics pour se faire de la publicité gratuite. Une façon un peu subtile de contourner les lois il me semble. Quant aux bénéfices escomptés de leurs politiques économiques et fiscales, pour le monde ordinaire, on repassera. Ces millions d’argent public, utilisés à des fins politiques, n’empêchent pas les gouvernements de sabrer des millions dans les services publics à la population qu’ils clament servir et défendre. Et Pauline Marois, qui appelle les Québécois à être solidaires… du 1%.
La cimenterie Beaudoin-Bombardier en Gaspésie
La famille Beaudoin-Bombardier, de la compagnie Bombardier, continue, et c’est là sa véritable expertise, à recevoir des milliards en fonds publics et en biens publics (train, avionnerie, terrains, etc.), même si cette compagnie crée plus d’emplois dans les pays à bas salaires qu’au Québec et qu’au Canada. Alors que Bombardier végète depuis plusieurs années, même en étant inondée de milliards de subventions gouvernementales, la famille Beaudoin-Bombardier a cru bon de se lancer dans la cimenterie, encore une fois avec l’appui financier de l’État. C’est tellement facile de se lancer dans n’importe quoi quand on est «backé» par l’État! Me semble que les Beaudoin et les Bombardier devraient s’occuper à temps plein de la compagnie Bombardier qui prend de l’eau toujours plus et qui se fait damer le pion par d’autres avionneries, dont entre autres la brésilienne Embraer. Mais non, comme les autres affairistes, ils pensent qu’ils ont le talent de faire n’importe quoi, n’importe quand, appuyés de gros fonds publics investis dans leur patente. Mais, malheureusement, ils n’ont pas ces talents, surtout quand, dans un contexte concurrentiel, ils doivent se frotter à des firmes étrangères.
Ah que Pauline Marois était encore une fois «béatement» contente de nous annoncer que les contribuables allaient, sans avoir été consultés, investir 425 millions (Québec 250M, investissement Québec 100M et la Caisse de dépôt 75M) dans la business des Beaudoin-Bombardier, qui auront le contrôle majoritaire de la cimenterie avec un investissement minoritaire. Ils ont fait la même chose avec la compagnie Bombardier en émettant à la famille plein d’actions à droit de votes multiples. Les actionnaires «ordinaires» avaient droit, quant à eux, à des actions subalternes. Toujours avec le fric du monde, Ottawa, par le biais de Développement économique Canada, allongera 250 millions. Par ici la bonne soupe. Et Québec Inc. Qui persiste à clamer haut et fort «plus de privé et moins d’État» et de vanter l’économie de marché avec sa pseudo main invisible et la très présente main visible de l’État réservée à la classe dominante.
En passant, Power Corp., propriétaire de La Presse et du Soleil, détient quant à elle 21% dans Lafarge, une autre grosse cimenterie au Québec et une multinationale française qui exploite plusieurs bétonnières et cimenteries dans la belle, en tout cas pour les privilégiés, province. Moins belle pour les autres. Le privé peut tout faire mais pas nous collectivement part le biais de nos sociétés d’État qui sont confinées à jouer le rôle d’entremetteur et de pourvoyeur de fonds aux opportunistes avec l’assentiment de leurs élus.
On est loin du «Maître chez nous» lancé dans les années soixante par Jean Lesage et René Lévesque, qui ont nationalisé Shawinigan Light + Power, Montreal Light + Power et d’autres afin de créer notre formidable instrument public qu’est Hydro-Québec et que les péquistes sont en train de détourner de son essence en le mettant au service des compagnies. Comme le privé ne voulait pas investir la majorité des fonds, la famille milliardaire Beaudoin-Bombardier s’est tournée vers sa famille de politiciens. Les banques privées ont prêté mais avec des garanties fournies par l’État et en ayant l’assurance que leurs créances soient privilégiées par rapport aux prêts des gouvernements, qui deviennent ainsi des créances ordinaires, c’est-à-dire qu’elles ne vaudront rien en cas de difficultés financières.
115 millions dans les bineries Pétrolia et Junex
Ça fait plus de dix ans que les actionnaires de Pétrolia et de Junex (qui ont reçu gratos les droits d’exploration qui appartenaient jadis à Hydro-Québec, gracieuseté de Jean Charest) cherchent de grosses pétrolières pour s’embarquer dans leur quête de recherche pétrolière et gazière dans l’île d’Anticosti et dans le golfe du Saint-Laurent, sans succès. Faut les comprendre, elles ne veulent pas s’associer avec des amateurs qui n’ont aucune expérience valable dans le domaine et qui n’ont pas du tout une cenne noie. Ça ne fait pas du tout sérieux aux yeux des transnationales pétrolières.
Et puis bang voilà, après l’embauche et l’incessant travail de leurs plusieurs lobbyistes, voilà qu’en grande pompe, comme c’est son habitude, Pauline Marois nous annonce, avec tambours et trompettes, que Québec, avec encore une fois des fonds publics, va investir 115 millions dans l’aventure très risquée de la recherche pétrolière à l’île d’Anticosti, en coupant les coins très ronds sur la protection de l’environnement. Les dirigeants de Pétrolia et de Junex l’ont affirmé : «Sans Québec, l’aventure pétrolière à l’île d’Anticosti n’aurait jamais eu lieu» (Le Soleil, 15 février 2013).
Pourquoi ne pas nationaliser l’éolien?
Une façon plus sérieuse et plus rentable pour le Québec aurait été de nationaliser toute l’énergie éolienne au Québec, que le parti québécois et les libéraux de Jean Charest ont octroyé à des investisseurs étrangers de France, des Etats-Unis et d’ailleurs. Quelle est la logique d’octroyer plein d’énergie éolienne, au Québec même, à la société d’État française Énergie de France (EDF) et d’interdire à Hydro-Québec, notre propre société d’État, à soumissionner pour de l’énergie éolienne ici même au Québec? Bien entendu, le PQ a concédé récemment quelques kilowatteures d’éoliennes à Hydro-Québec pour impressionner la galerie. Mais est-ce en agissant ainsi que l’on va devenir maîtres et prospères chez nous?
C’est drôle, il n’y a pas si longtemps la ministre Martine Ouellet et l’écologiste Daniel Breton étaient de farouches partisans de la nationalisation de l’éolien au Québec de même que, oh surprise, le volubile ministre Bernard Drainville : «Nationaliser l’éolien. Hydro-Québec doit devenir le maître d’œuvre comme l’hydro-électricité» (La Presse, 18 septembre 2009). Puis-je à nouveau citer les propos de Daniel Breton tenus au mois de septembre 2013? «Les compagnies étrangères dans l’énergie éolienne : «ça n’a aucun sens». L’énergie éolienne au Québec représente : «Un pillage de 1 milliard… par année»
Pour lire la suite de l’article original:Article de Léo-Paul Lauzon