Ré-écrire l’histoire: Gusmâo fait voler un premier avion en 1709

Le seul croquis existant de l'appareil conçu en 1708.Nous le devons aux informations écrites par un  enquêteur de l'Inquisition elle-même.
Le seul croquis existant de l’appareil conçu en 1708.Nous le devons aux informations écrites par un enquêteur de l’Inquisition .

Le secret de l’aviation était bien caché en 1783 quand les frères Montgolfier réinventèrent l’aérostat cette année-là,mais le Vatican qui détenait ce secret ,se tut même si le silence  n’avait plus aucune raison d’être.

Réplique de la Gondole Volante .
Réplique de la Gondole Volante .

Mais qui connait vraiment Bartholomeu Lourenço de Gusmâo …en 2013?

Quand Robert Charroux,un des grands précurseurs du « réalisme fantastique » en parle dans son livre « Histoire inconnue des hommes depuis cent mille  ans »,peu de gens  le connaissent son histoire (en 1963) et beaucoup  disaient que c’était une histoire inventée!

Timbre symbolisant la présentation de son invention au roi.
Timbre symbolisant la présentation de son invention au roi.

Bartolomeu Lourenço naquit le 18 décembre 1685 à Santos, au Brésil. Encore enfant, il devint célèbre pour sa mémoire prodigieuse et pour avoir construit dans le Séminaire de Belém da Cachoeira, à Cachoeira, Bahia, où il étudiait, un « engin faisant monter l’eau à n’importe quelle distance ». L’œuvre fut à l’époque reconnue comme remarquable et comme très utile et il obtint le 23 mars 1707 le privilège de cette invention.

Récemment déménagé à Lisbonne, Lourenço obtient, le 19 avril 1709, un brevet pour une « machine volante » qui peut, d’après lui, parcourir plus de 1 000 km par jour .

Lourenço fut surnommé péjorativement «le Planeur » et son invention, divulguée en Europe par des dessins fantaisistes, qui généralement la présentaient comme un bateau en forme d’oiseau, fut connue sous le nom de Passarola (« Grand oiseau »).

Le 6 mai, l’inventeur commença la fabrication de la mystérieuse machine. Une démonstration publique de l’invention fut prévue pour le 24 juin, le jour de São João – saint homonyme du roi portugais, Dom João V – mais fut retardée, du fait que le monarque était malade.

La Princesse Élisabeth Christine, épouse de Charles III d’Espagne, très intéressée par la nouvelle invention, raconte, dans une lettre du 2 juillet 1709, les nouveautés à sa mère, Christine Louise d’Oettingen-Oettingen., Duchesse de Brunswick :

« Je me souhaiterais seulement un seul jour aupres de Votre Altesse. Que j’aurais de choses à Luy dire! La Reine de Portugal ma feit la proposition de venir la trouvé sitôt qu’un navire volant serai fait, étant a Lisbonne un homme qui se vante de pouvoir faire qui passe par l’air. Se cette invention réussit, je viendrais toutes les semaines un jour trouver Votre Altesse. Ce seroit un charmant moyens et tres aggréable pour moi, mais je doute fort qu’il réussira dans son entreprise. »

En août, Bartolomeu Lourenço organisa finalement, devant la haute noblesse portugaise, quelques démonstrations avec des ballons de petites dimensions, construits de ses mains. Lors de la première démonstration connue, réalisée le 3 dans la Maison du Fort, à l’intérieur du Palais Royal, le prototype utilisé prit feu avant de s’envoler. La seconde démonstration datée, faite le 5 dans la Maison Royale, l’aérostat, pourvu dans le fond d’une écuelle avec alcool en combustion, s’éleva à 4 mètres, quand il fut mis à terre par deux laquais royaux munis de bâtons, craignant que l’engin n’incendiât les rideaux de l’enceinte. À une expérience faite le jour 8 dans la Salle des Audiences, le globe a monté jusqu’au plafond de la salle pour redescendre avec douceur par la suite. À une autre démonstration, non datée, faite au Terrasse du Paço, le ballonnet s’est élevé à grande hauteur, montant lentement durant plusieurs minutes. Le 8 octobre 1709, Lourenço fait une nouvelle démonstration de son invention sur le pont de la Maison de l’Inde, avec un appareil plus grand que les précédents, mais encore incapable de porter un homme. L’expérience est un succès : l’aérostat monte à une grande hauteur et descend quelques minutes plus tard.

Toutes ces expériences avaient été suivies par les autorités de la société portugaise, mais cela ne fut pas suffisant pour rendre l’invention populaire. Les petits ballons montrés, outre de ne pas avoir été considérés comme des innovations importantes ou utiles, n’étaient pas contrôlables. Ils étaient emportés par les courants atmosphériques et furent considérés comme dangereux, pouvant provoquer des incendies. Un modèle plus grand, dirigeable, ne fut donc pas construit.

En 1710, il publie Diverses manières d’expulser sans personnel l’eau des embarcations, dans lequel il décrit un nouvel appareil qu’il a inventé pour expulser l’eau qui submerge les embarcations. Le 27 septembre 1713, il sollicite, en Hollande, le brevet pour un appareil similaire, expédié trois mois plus tard, le 14 décembre, sous le numéro 1.665.

De 1713 à 1715, il vit en Hollande, en Angleterre et en France. Retournant au Portugal, il reprend des études à l’Université de Coimbra. En 1718, il propose le complément « de Gusmão » à son nom, afin de rendre hommage à son précepteur au Séminaire de Bélem da Cachoeira, le Père Alexandre de Gusmão, qui lui avait inculqué le goût pour les sciences.

Il termine ses études universitaires en 1720 retourne à Lisbonne, appelé par le roi à servir dans le Ministères des Affaires Étrangères. Nommé au Secrétariat d’État, il exerce différentes fonctions, s’occupant notamment du déchiffrage de messages codés interceptés de diplomates étrangers. En décembre, il est affecté à l’Académie Royale d’Histoire Portugaise et chargé d’écrire l’Histoire ecclésiastique de l’évêché de Porto, une œuvre qu’il ne parviendra pas à achever.

Dans l’intervalle, il se dédie à de nouvelles inventions. En 1721, il étudie la fabrication du charbon et, en 1724, il crée une machine augmentant le rendement des moulins hydrauliques, reconnue par le brevet portugais du 18 juillet de la même année. Ce sera sa dernière invention officielle. À l’époque, il est sur le point d’être dénoncé par l’Inquisition comme « apostat judaïsant ».

…………………………………………………………………………….

Notes  de l'Inquisition faisant état de l'invention de Gusmâo.
Notes de l’Inquisition faisant état de l’invention de Gusmâo.

Face à face avec l’Inquisition

L’Inquisition jeta l’interdit sur la première machine volante connue de mémoire d’homme,en Occident,celle de Gusmâo,qui avait puisé ses connaissances à bonne source,en Amérique du Sud.

Quand Bartholomeu Lourenço de Gusmâo ,de la Compagnie de Jésus,vint à Lisbonne en 1708,il était bien décidé à mettre en construction une sorte d’avion dont il avait le secret.

En Bolivie,fief des Incas,il avait eu la révélation de la science inconnue d’un très ancien peuple américain dont l’origine se perdait dans la nuit des temps.

Les jésuites,avec l’intelligence et  l’esprit  de recherche qui les caractérisent,avaient tout de suite compris les autochtones des Indes Occidentales pouvaient leur apporter,outre l’or,les émeraudes et le cuivre,les rudiments d’une connaissance ignorée de l’Europe.Ils apprirent ainsi la formule médicale la plus célèbre de tous les temps,celle de la quinine.

Gusmâo,avec stupéfaction,avait découvert le secret d’engins pour soulever,pour détruire,pour voler,le secret de vaisseau servant à voyager d’une planète à une autre planète,mais il n’avait retenu,comme réalisable en ce temps-là,au XVIII ième siècle,que la machine volante athmosphérique.

Timbre commémoratif du Brésil,représentant Gusmâo,celui qu'on surnommait "Padro Voador",le Père Volant.
Timbre commémoratif du Brésil,représentant Gusmâo,celui qu’on surnommait « Padro Voador »,le Père Volant.

Le jésuite commença d’abord par se mettre en règle avec Dieu et avec le pouvoir temporel,en adressant un rapport et une  demande d’autorisation au roi Joâo V.Il analysait les avantages que pourrait aasurer sa machine à la couronne du Portugal:effectuer par air des voyages plus longs et plus rapides que par terre,franchir les mers et les montagnes au-delà de 200 lieues par jour;diriger les armées,secourir les places assiégées;explorer le monde jusqu’aux pôles;transporter les marchandises;enfin ,honorer la nation portuguaise et lui donner dans les airs la suprématie qu’elle avait jadis sur les océans.

Le 17 avril 1709,le roi donna une réponse favorable et mieux encore,une pension de 600,000 reis qui permit à Gusmâo de se mettre aussitôt au travail.

On a beaucoup écrit sur son engin,qui fut admiré par des milliers de personnes.En réalité,le jésuite veilla jalousement à en préserver le secret et seule la Bibliothèque Vaticane en possède » les plans précis ».Il s’agissait,pense-t-on d’un avion pourvu de tubes horizontaux servant de tuyères ou de soufflerie et envoyant un courant d’air dans une voile  disposée en poche renversée.

La machine ressemblait à un oiseau avec une tête,une queue de direction et des ailes battantes.

Un second mécanisme reposant sur un effet  magnétique réalisé par des boules d’ambre et des sphères attractives placées au-dessus de la voile parait avoir joué un rôle assez mystérieux.Le Père Manuel Antonio Gomez,physicien jésuite,parle de ballonnets gonflés à l’hydrogène et d’une génératrice à gaz!

Quoiqu’il en soit,le 5 août 1709,Gusmâo fit voler son appareil devant le roi et toute la cour jusqu’à une hauteur de 20 palmes mais le feu se déclara à bord,le vaisseau aérien redescendit et on eu bien du mal à éteindre l’incendie.

Le jeudi ,30 octobre 1709,nouvel essai  couronné de succès dans la cour de la Casa da India:l’appareil monta très haut  et redescendit intact.

L’invention suscita  l’enthousiasme,un nom lui fut donné,la Passarola ou Gondole Volante ,et Gusmâo ,promu académicien et aumonier royal,fut surnommé le « Voador »!

Ensuite,tout d’un coup,le silence.

L’Inquisition  avait senti le danger de perdre   un certain pouvoir auprès du roi et aussi,avait-elle jugé l’invention dangereuse,voire satanique et Bartholomeu Lourenço de Gusmâo dut  suspendre totalement ses essais et bruler ses plans (version officielle de l’époque,transcrite dans les Annales de l’Inquisition).

Ainsile premier avion de l’histoire « officielle » de l’Occident ,sitôt né ,était brusquement interdit par l’obscurantisme religieux qui règnait en Maître à l’époque.

Gusmâo obéissant ne révéla jamais le secret du mécanisme.

Mais moi je doute que dans cette affaire,en les brassant un peu,les autorités du Vatican pourraient ,au moins ,  faire la lumière sur les nombreux  plans et devis qu’ils ont en leur possession sur cet avion « d’avant le nom »!

……………………………………………………………………………………………………………………..

Les accusations mensongères

Gusmão entretient depuis longtemps des relations amicales avec de nouveaux chrétiens brésiliens surveillés par le  Saint Office. Nouant des relations avec le couple Miguel de Castro Lara et Maria Coutinho, chez qui il restait jusqu’à la nuit tombée, il craint la délation  et s’enfuit de Lisbonne le 26 septembre.

Le 11 octobre, le père Louis Gonzala  le dénonce en attestant l’avoir entendu se prononcer contre l’infaillibilité du Pape et défendre, en la présence du roi, que les enseignements de la Bible ne devaient pas être niés à quiconque, peu importe leur descendance. Bien que ces opinions se rapprochassent davantage à celle de l’Église réformée que de la religion judaïque, le fait est que, depuis 1713, Bartholomé traverse une crise religieuse. Il se convertit au judaïsme en 1722.

Il fuit vers l’Espagne, après avoir dans un premier temps tenté l’Angleterre. À Tolède, Bartolomeu Lourenço de Gusmão tombe gravement malade et est recueilli à l’hôpital da Misericórdia. Il meurt le 18 novembre 1724, à 38 ans. S’étant confessé et ayant reçu le viatique préconisé par le catholicisme, il fut inhumé le jour suivant à l’Église de São Romão, de la ville espagnole de Tolède.

Monument et plaque commémorative à la mémoire de Gusmâo,le grand "redécouvreur" de l'avion.
Monument et plaque commémorative à la mémoire de Gusmâo,le grand « redécouvreur » de l’avion.

………………………………………………………….

Les témoignages

Bartolomeu Lourenço fut incontestablement un précurseur de l’aérostation. Cinq témoignages[réf. souhaitée], découverts successivement en 1843, 1868, 1898, 1913 et 1934, ne laissent aucun doute à ce sujet. Ils procèdent du Cardinal Michelangelo Conti, Nonce Apostolique à Lisbonne de 1697 à 1710 et en 1721 élu Pape sous le nom d’Innocent XIII, de deux membres de l’Académie Royale du Portugal, Francisco Leitão Ferreira et José Soares da Silva, du diplomate José da Cunha Brochado et du chroniqueur portugais Salvador Antonio Ferreira.

Antonio Ferreira a écri:

« Le 3 août 1709 le Père Bartholomeu Lourenço, brésilien, commença une expérience de son appareil à voler. À cet effet il s’établit dans la salle qui est au-dessous de la Salle des Ambassades [du Palais Royal de Lisbonne], mais son essai échoua parce que son appareil, dès le début, prit feu. Le 5 de même mois le même Père apporta un demi-globe de bois mince. Il y avait dedans un autre globe de papier épais. Il alluma au fond de l’appareil une écuelle où il y avait du feu. Le ballon monta plus de 20 palmes, et comme le feu était bien allumé, le foyer incendia le papier, pendant la montée. Et le demi-globe resta par terre sans monter parce que l’expérience échoua. Et comme le globe allait atteindre le plafond de la salle, deux laquais de la Maiseon Royale accoururent avec des bâtons pour empêcher un désastre éventuel. Sa Majesté assista à tout cela avec sa cour et plusieurs autres personnes. Le jeudi 3 octobre, le Père Bartholomeu do Quental (Bartholomeu Lorenço veux-je dire) effectua une autre expérience dans le pont de la Maison d’Inde, avec sa machine à voler. Celle-ci, après avoir monté à une hauteur assez considérable tomba par terre, sans conséquences. »

Le 16 août 1709, le cardinal Conti écrit au secrétaire d’État du Vatican:

« L’individu qui, comme on l’a déjà raconté, prétend construire un appareil pour voler, a réalisé, ces derniers jours, deux essais avec sa machine en présence du Roi, ayant fait un globe sphérique léger. Comme, cependant, la force impulsive ou attractive semble procéder de certains fluides, ces derniers prirent feu et l’appareil brûla sans s’élever du sol. La seconde fois il brûla aussi après avoir monté à une hauteur de deux canne (4 mètres). L’individu en question ayant à cœur de démontrer la réalité de son invention est en train de faire un autre appareil plus grand que celui-ci. »

Ancienne gravure représentant  sa trouvaille.
Ancienne gravure représentant sa trouvaille.