L’alliance de Trump et du cannabis fait trembler le vin californien

La politique migratoire du président Donald Trump va-t-elle avoir un impact sur le vin américain? Oui, estiment des producteurs de Californie qui s’inquiètent de la pénurie de main-d’oeuvre tout en faisant face à la concurrence de l’industrie du cannabis.

 


Bien que le ciel semble dégagé pour le vin américain à l’issue d’une année 2016 record, les producteurs californiens s’attendent à une saison de récolte agitée en septembre, lorsque d’autres travailleurs seront nécessaires dans les vignes. 
« Le réservoir de main-d’oeuvre est assurément plus réduit » que ces dernières années, déplore Michael Silacci, vigneron au sein de l’Opus One dans la Napa Valley, région au nord de San Francisco, la plus célèbre aux Etats-Unis pour sa production de vin.

« Il y a une préoccupation concernant le changement des politiques d’immigration et la situation dans les zones agricoles devient de plus en plus fragile », reconnait M. Silacci. « Les gens se demandent ce qui se passera et surveillent ce qui se passe dans d’autres cultures agricoles ». 
Les vignerons affirment que le défi consiste de plus en plus à trouver du personnel qualifié parmi un échantillon qui se réduit. Majoritairement, il s’agit de Mexicains ciblés par le durcissement de la politique migratoire, alors que les Américains ne se bousculent pas, compte tenu de la nature éreintante du travail. 

Touriste dans un champs de cannabis

– Vin ou cannabis? –
Une autre préoccupation de l’industrie viticole est le secteur en plein essor du cannabis, estimé à plusieurs milliards de dollars et qui devrait progresser de manière exponentielle avec la légalisation de l’usage récréatif de la marijuana en Californie, l’un des plus grands marchés du pays. 
Le ministère américain de l’Agriculture indique qu’environ 4.200 établissements vinicoles sont installés en Californie, le plus important Etat viticole d’Amérique.
Les producteurs de cannabis ont désormais des revenus deux fois plus élevés que ceux dans le vin, et peuvent ainsi attirer des travailleurs avec des salaires plus élevés, estime John Truchard, PDG de John Anthony Vineyards et FARM Napa Valley, une société de gestion agricole. 
La pénurie de travailleurs -renforcée par une économie qui se relance au Mexique et un reflux de personnes traversant la frontière- a entraîné une guerre pour le recrutement de personnels, les exploitants essayant de conserver leurs travailleurs.
Les salaires ont régulièrement augmenté ces dernières années, variant entre 15 et 25 dollars par heure dans la Napa Valley. Un taux deux fois plus élevé que dans le centre de la Californie (10 à 12 dollars de moyenne). 
Et si certains producteurs de la Napa Valley peuvent se le permettre, la demande pour leurs vins ayant augmenté parallèlement, les producteurs d’autres régions luttent pour leur survie. 
– La solution de l’automatisation –
« Pendant la saison des récoltes, vous avez des équipes de base, mais vous recrutez également des travailleurs supplémentaires et ils vont au plus offrant », précise M. Truchard. Certains exploitants « paient un supplément de cinquante dollars par tonne ». 
En plus des augmentations de salaire, les employeurs proposent des moyens novateurs et incitatifs pour garder leurs travailleurs, comme des services de garde d’enfants ou des possibilités d’étudier.
Les vignerons affirment que la pénurie de main-d’oeuvre et les coûts croissants forceront l’industrie -estimée à près de 60 milliards de dollars annuels- à se tourner de plus en plus vers l’automatisation. 
« Les vignobles qui, dans le passé, ont compté sur la récolte à la main explorent la mise en oeuvre de la récolte par les machines », précise Jim Stollberg, partenaire de deux entreprises de la région viticole de Santa Maria. 
À court terme, cependant, certains pourraient se tourner vers leurs employés de bureau et leur demander de se retrousser les manches. 
« Dans une situation extrême, nous avons parlé d’avoir une équipe venant du bureau », reconnaît Michael Silacci, qui considère qu’il s’agit d’une « réserve » de travailleurs comme une autre. 

Des traces radioactives de Fukushima retrouvées dans le vin californien

Le désastre de Fukushima.

 

À la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, des résidus radioactifs se sont répandus dans les zones environnantes. Sept ans plus tard, des traces de la catastrophe ont été trouvées à l’autre bout du monde – dans le vin californien.

La catastrophe de Fukushima, survenue en 2011, aura donc laissé des traces, aussi infimes soient-elles. Un groupe de physiciens nucléaires français a récemment testé 18 bouteilles de rosé et de cabernet sauvignon californien produites entre 2009 et 2012 dans la Napa Valley – une célèbre région viticole de Californie située au nord de San Francisco. En comparant les différents produits, ils ont constaté que les vins produits après la catastrophe présentaient des niveaux de césium 137, une particule radioactive artificielle.

Afin de quantifier les niveaux de césium 137, les chercheurs ont mis en œuvre une technique particulière de mesure de radioactivité : la spectrométrie gamma. En mesurant l’énergie des rayonnements gamma émis par une substance, elle permet d’identifier la nature de la source de radioactivité. La technique permet aussi d’attester précisément de l’année de production d’un vin (pour éviter les fraudes).

Pour concentrer au maximum les infimes traces isotopiques, les scientifiques ont ensuite porté le vin à une température de 500 °C, et ce durant plusieurs heures. Ce faisant, les chercheurs ont ainsi transformé le vin en « cendres », dont l’analyse a permis de révéler la contamination liée à la libération de particules radioactives par l’explosion de la centrale de Fukushima.

Bien qu’ils aient trouvé des niveaux assez élevés de résidus radioactifs, les experts assurent dans les colonnes du New York Times qu’il n’y a rien à craindre. Il n’y a pas de « problèmes de santé et de sécurité pour les résidents de la Californie », a déclaré sur ce point le département de la santé publique. Même au Japon, bien que plus de 100 000 personnes aient été évacuées de leurs maisons, aucun décès ni aucune maladie liée aux rayonnements n’ont été rapportés jusqu’à présent, rapporte la World Nuclear Association.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude sur Arxiv.

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