L’United Fruit Company et la mise en esclavage des peuples sud-américains par l’oligarchie

*Cet article est la partie 3 des articles suivants:

 

Partie 1: Un hommage aux 250,000 victimes de l’impérialisme en Colombie:le cycle de Gabriel Garcia Marquez

 

Partie 2:Le massacre des Bananeraies et l’assassinat d’un grand leader

 

 

Ancienne affiche de la United Fruit Company.
Ancienne affiche de la United Fruit Company.

Tout commence avec la création en 1899, de la United Fruit Company. Cette puissante entreprise de négoce de fruits ne tarda pas à s’implanter dans certains pays d’Amérique du Sud afin d’y faire pousser des bananes, notamment au Costa Rica, à Cuba, en Colombie, au Guatemala, en Jamaïque et au Nicaragua.

Pour le transport des bananes jusqu’aux Etats-Unis, l’entreprise disposait d’un réseau de communications très important à travers l’Amérique du Sud : plus de 180 kilomètres de chemins de fer, une trentaine de navires et une dizaine de bateau à vapeur.

Son pouvoir d’influence était tel, qu’en 1904, le dictateur du Guatemala Manuel Cabrera confia à la United Fruit Company le contrôle de tous les chemins de fer de son pays, en prenant bien soin de leur accorder l’exonération d’impôts sur les sociétés.

L’entreprise dictait aux Etats leur politique en matière salariale. Je vous laisse donc imaginer les dégâts sociaux que cela peut causer. C’est ce qui s’est malheureusement produit en Colombie en 1928, où plus de 25 000 salariés, affectés à la plantation de bananes et à la construction de lignes de chemins de fer, se sont mis en grève. Pourquoi ? Ils ne toléraient plus d’être payés avec de misérables bons d’achats qui n’étaient utilisables que dans les magasins de la United Fuit Company.

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A la demande de la compagnie bananière, le gouvernement colombiens de l’époque fit passer des lois limitant les libertés syndicales. L’entreprise alla même jusqu’à interdire les revendications salariales. Quelques jours plus tard, la manière forte fut utilisée pour stopper les manifestations, ce fut un succès. Plus de 75 personnes furent assassinées et, comme si leur destin n’était pas assez tragique, les salariés furent contraints d’accepter une forte réduction de leurs salaires. On connaît aujourd’hui cet épisode sous le nom de « massacre des bananeraies« .

Vous saisissez alors l’importance et l’influence que peut avoir une telle société dans des pays en développement, comme les pays d’Amérique centrale à l’époque. United Fruit Company était à proprement parlé un Etat dans l’Etat.

Mais son règne ne dura pas si longtemps.

En 1944, au Guatémala, le peuple renversa le dictateur. Les premières élections démocratiques de l’histoire du pays ont eu lieu : le gouvernement sera, dès lors, moins facile à corrompre.

En 1954 au Honduras, plus de 15 % de la main d’oeuvre du pays fit grève. La société se retrouva obligée d’augmenter les salaires.

A Cuba en 1959, Fidel Castro redistribua les plantations de la United Fruit Company : ce sera une des raisons du débarquement américains dans la baie des cochons en avril 1961.

Bref, au fil du temps l’entreprise perdit de plus en plus de pouvoir et les gouvernements fantoches s’évaporèrent peu à peu.

Mais la United Fruit Company n’a pas disparu pour autant. Elle a changé de nom en 1989 pour Chiquita Brands International Inc. comme pour faire oublier un passé dérangeant.

Mais ce ne fut apparemment pas assez.

En 2007, l’entreprise fut jugée coupable d’avoir aidé financièrement des groupes d’extrême-droite colombiens eux mêmes responsables de massacres perpétrés entre 1997 et 2002. La Chiquita Brands s’occupait de l’armement de ces groupes et a ainsi stocké plus de 3 500 Kalachnikovs avec le soutien de Banadex, une autre entreprise de négoce de bananes.

Qui aurait pensé que la banane pouvait être aussi dangereuse ?Aussi remontons dans le temps ,afin de revoir l’affaire,mais plus en détail.

 

Les travailleurs dans les bananeraies contrôlées par les  compagnies capitalistes américaines étaient en état de survie.
Les travailleurs dans les bananeraies contrôlées par les compagnies capitalistes américaines étaient en état de survie.

En 1916, un diplomate usaméricain accrédité au Honduras qualifia une entreprise, qui par la suite s’unit à l’United Fruit, « d’État dans l’État ». Et bien qu’elle changea plusieurs fois de nom, elle fut toujours un pouvoir derrière le trône. Elle suborna des politiciens, finança des invasions, favorisa des coups d’État, supprima et plaça des présidents, mit un terme à des grèves par les armes et appuya des escadrons de la mort.

En 1970, la United Fruit fusionna avec une autre firme et s’appela alors United Brands. En 1990 elle changea à nouveau de nom : à présent c’est la Chiquita Brands. Avec 15.000 hectares en Amérique latine et près de 14.000 travailleurs, elle continue d’être un géant du négoce.

Actuellement, la banane est la seconde culture du monde après l’orange. Dans les pays pauvres elle est le quatrième aliment le plus accessible après le riz, le blé et le maïs. Dans certains pays africains, comme le Rwanda et l’Ouganda, la consommation de bananes par personne atteint parfois les 250 kilos par an.

« Le roi sans couronne d’Amérique centrale »

Avant 1870 les Usaméricains n’avaient jamais vu une banane. Mais cette année-là l’ingénieur ferroviaire Minor Cooper Keith, né à Brooklyn et âgé de seulement 23 ans, exporta du Costa Rica les premières bananes au port de la Nouvelle-Orléans. Trois décennies plus tard, les USA consomment approximativement 16 millions de régimes par an.

Minor Cooper Keith en compagnie de sa femme.
Minor Cooper Keith en compagnie de sa femme.

Minor C.Keith, né en 1848, l’année de la publication du Capital de Karl Marx*, ne fut pas stoppé par les difficultés de l’époque. Pour la construction des routes qui vont de Puerto Limon à San José, il avait recruté une première cargaison de 700 voleurs et criminels des prisons de Louisiane; seulement 25 survécurent aux dures conditions de la jungle et des marais. L’homme d’affaires ne se découragea pas et fit venir 2000 Italiens. A voir les conditions de travail, la plupart préférèrent fuir dans la forêt. L’entrepreneur attira alors des Chinois et des Noirs, en apparence plus résistants aux maladies tropicales. Dans l’installation des premiers 40 kilomètres de rails, 5000 travailleurs moururent.

L’entreprenant Keith épousa la fille de l’ex-président José Maria Castro Madriz. Il se fit des relations dans la provinciale haute société costaricaine, soudoya des politiciens, acheta des autorités et obtint la concession du chemin de fer flambant neuf pour 99 ans. Il put alors se consacrer à plein au négoce de la banane.

Minor Cooper Keith est < gauche
Minor Cooper Keith est à gauche

En 1899 il chercha des associés et fonda à Boston ,l’United Fruit Company, la compagnie bananière la plus grande du monde, avec des plantations en Colombie, au Costa Rica, à Cuba, au Honduras, en Jamaïque, au Nicaragua, au Panamá et à Sain- Domingue. En peu de temps il devint propriétaire de 10% du territoire costaricain et se fit connaître comme « le roi sans couronne d’Amérique centrale ».

En plus des trains du Costa Rica et de la production bananière d’Amérique centrale et des Caraïbes, Keith et ses associés contrôlaient les marchés municipaux, les tramways, l’électricité et l’eau, possédant 180 kilomètres de voie ferrée qui unit les plantations avec les ports et en peu de temps il vont être propriétaires d’une ligne maritime qui transporte la banane jusqu’aux quais des USA et d’Europe. Cet empire naval, créé en 1907 avec 4 navires et une centaine en 1930, existe toujours et se nomme la Grande Flotte Blanche.

Bananas 003

 

Minor Keith fonda en 1911 l’International Railroads of Central America, dont les lignes ferroviaires unissent le Mexique et le Salvador. Il mourut à 81 ans, en 1929, quand se produisit le fameux « mardi noir » de Wall Street qui fut à l’origine de ce qu’on a appelé la Grande Dépression. L’homme qui était arrivé au Costa Rica les mains vides avait une fortune de 30 millions de dollars dont on n’a jamais su ce qu’elle était devenue.

 

« L’homme banane »

Samuel Smuri

Samuel Smuri, fils d’un paysan juif de Bessarabie (Russie) arriva aux USA en 1892, à 15 ans. A 18 ans il change son nom pour Zemurray et commence à acheter à bas prix des bananes sur le point de se décomposer sur les quais de la Nouvelle-Orléans, qu’ensuite il vend rapidement à des villages voisins. A 21 ans il possède 100.000 dollars sur son compte en banque.

Sam Zemurray n’a pas fait d’études et ne parle même pas bien l’anglais, mais le voilà prêt pour les grandes affaires. Il épouse la fille de Jacob Weinberger, le vendeur de bananes le plus important de la Nouvelle-Orléans, achète une entreprise maritime en faillite et en 1905 débarque à Puerto Cortès (Honduras). Il acquiert là une autre compagnie au bord de la faillite, la Cumayel Fruit Company.

En 1910 il est propriétaire de 6000 hectares, mais il est endetté avec diverses banques usaméricaines. Il décide alors de s’emparer de tout le pays au moindre coût. Il y parvient l’année suivante.

Zemurray retourne à la Nouvelle-Orléans et cherche Manuel Bonilla, ex-président du Honduras en exil, qu’il convainc de faire un coup d’État pour récupérer le pouvoir. Bonilla est un ancien charpentier, violoniste et clarinettiste qui pendant les guerres civiles est devenu général. Zemurray enthousiasme aussi pour participer à l’aventure centre-américaine le « général » Lee Christmas, un soldat de fortune et son protégé Guy  « Mitrailleuse » Molony, un tueur professionnel.

En janvier 1911, les quatre embarquent à bord d’une flotte de corsaires en direction du Honduras. Armés seulement d’une mitrailleuse lourde, d’une caisse de fusils à répétition, de 1500 kilos de munitions et de bouteilles de bourbon, durant une année les mercenaires dévastent tout sur leur passage et arrivent à Tegucigalpa le 1er février 1912 où ils installent Bonilla au pouvoir.

En 1912, le président reconnaissant attribue à Zemurray une concession libre d’impôts de dix mille hectares pour cultiver la banane durant 25 ans. « Le territoire contrôlé par la Cumayel est un état en soi », informe le consul usaméricain à Puerto Cortès en 1916. « Il héberge ses employés, cultive des plantations, opère avec des chemins de fer, des lignes de vapeurs, des systèmes d’eau, des usines électriques, des commissariats, des clubs ».

En 1929, en pleine grande crise mondiale, le commerçant russe vend la Cumayel à l’United Fruit en échange de 300.000 actions évaluées à 31 millions de dollars, ce qui lui permet de rester le principal actionnaire individuel. Le spéculateur est alors connu comme «  l’homme banane ».

Sam Zemurray va occuper de hauts postes à l’United Fruit Company jusqu’en 1957, y inclus la présidence. En 1961, à 84 ans il meurt victime de la maladie de Parkinson. Il est l’auteur d’une phrase qui est passée dans l’histoire de l’Amérique centrale : « Au Honduras il est meilleur marché d’acheter un député qu’une mule ».

Le massacre de Santa Marta

En 1928 la United Fruit Company était depuis trois décennies en Colombie et bénéficiait de l’absence de législation du travail. Le 6 décembre de cette année-là, après près d’un mois de grève, trois mille travailleurs de l’entreprise se réunirent près de la station de train de Ciénaga, dans le département de Magdalena, dans le nord du pays. La rumeur avait couru que le gouverneur allait venir pour écouter leurs réclamations. Le fonctionnaire ne vint jamais et ils furent criblés de balles. A la demande de la compagnie bananière l’armée avait encerclé le lieu. Le général commandant donna cinq minutes à la multitude pour se disperser. Passé ce délai, il ordonna à la troupe de tirer. Selon le gouvernement, « neuf révoltés communistes » moururent. Cependant, le 29 décembre 1928, le consul usaméricain à Santa Marta envoya un télégramme à Washington dans lequel il indiquait qu’il y avait entre 500 et 600 victimes. En janvier de l’année suivante, le diplomate informa que le nombre de morts était supérieur à mille et mentionnait comme source le représentant de la United Fruit à Bogotá.

L’entreprise de chemin de fer de la région est propriété de la firme britannique Santa Marta Railway Company, mais la majorité de ses actions appartient à l’United Fruit.

« Ma République bananière »

Le Newyorkais Minor Cooper Keith débarqua aussi au Guatemala. En 1901 le dictateur Manuel Estrada Cabrera attribua à la United Fruit l’exclusivité pour transporter le courrier aux USA. Ensuite il autorisa la création de la compagnie de chemins de fer comme une filiale de l’entreprise bananière. Puis il lui concéda le contrôle de tous les moyens de transport et de communication. Et comme si cela ne suffisait pas, la firme fut exemptée de payer tout impôt au gouvernement durant 99 années.

Estrada Cabrera -personnage central du roman Monsieur le Président, de Miguel Angel Asturias- se maintint au pouvoir 22 ans, jusqu’à ce qu’en 1920 le Congrès le déclara « malade mentalement », mais la United Fruit continua de tirer les fils de la politique. La propriété de la terre cultivable est détenue à 75% par 2% de la population, et dans ce scandaleux pourcentage, la United Fruit possède la majorité. Il y avait longtemps déjà que Keith considérait le Guatemala comme sa « République bananière ». Les habitants d’Amérique centrale et des Caraïbes doivent lui être reconnaissants pour la dénomination.

En 1952, quand le président Jacobo Arbenz tenta de réaliser une prudente réforme agraire au bénéfice de 100.000 familles paysannes, la United Fruit, sachant que cela mettrait fin à ses privilèges, se mit en marche pour l’éviter. La solution était à Washington. Un des actionnaires de la firme est secrétaire d’État du président Dwight Eisenhower : il s’agit de John Foster Dulles, qui était aussi l’avocat de Prescott Bush, le grand-père du président George W. Bush. Son frère cadet, Allen Dulles, fut le premier directeur civil de la CIA.

Sous le prétexte du « danger communiste »  au Guatemala, les frères Dulles font faire le sale boulot à la United Fruit. Le 27 juin 1954, une force militaire dirigée par le général Carlos Castillo Armas -qui part des champs bananiers de l’entreprise au Honduras- envahit le pays. Des pilotes usaméricains bombardent la capitale. Arbenz est renversé et s’exile au Mexique. Douze mille personnes sont arrêtées, plus de 500 syndicats sont dissous et deux mille dirigeants syndicaux quittent le pays.

 

Castillo Armas, formé à Fort Leavenworth (Kansas), est « pas cher, obéissant et abruti », selon l’écrivain Eduardo Galeano. Et il assume la présidence. Il est l’homme qu’il faut à la United Fruit pour qu’elle reste « propriétaire de champs en friche, du chemin de fer, du téléphone, du télégraphe, des ports, des bateaux et de beaucoup de militaires, politiciens et journalistes ».

La Chiquita Brands réalise son dernier scandale en Colombie, où il est prouvé que depuis 1997 elle a payé des paramilitaires pour éliminer des dirigeants paysans et syndicalistes « gênants ». Elle s’est retirée du pays en 2004 et début avril de cette année elle a été condamnée à une amende de 25 millions de dollars par une Cour usaméricaine, après avoir admis avoir payé 1.7 millions de dollars à Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) en échange de sécurité.

L’histoire de l’United Fruit-United Brands-Chiquita Brands est quasi interminable. Mais elle peut se résumer en une phrase du Parrain de Mario Puzo : « Une douzaine d’hommes avec des mitrailleuses ne sont rien face à un seul avocat avec un portefeuille plein ». Tout au long ce ces 108 années, l’empire bananier a eu recours au service des uns et des autres.

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J’AI ÉTÉ AUX SOURCES:

 

Votre humble serviteur a été consulté deux personnes très très  proches du profil de cette compagnie (United Fruit Company /Chiquita Brands),soit un courtier à la bourse de Wall Street ,à New York  qui transige des tîtres sur des valeurs en alimentation  (bananes,fruits,légumes,etc) et un travailleur  de la République de Colombie.Voici ce que cela a donné:

 

À la question:y-a-t-il un avenir pour  les bananes comme aliment dans le monde?

Le courtier en valeurs m’a répondu:

« Cette société a comme un mauvais karma qui l’ entoure! ….. Vous ne pouvez violer la terre  d’autrui si longtemps avant qu’on ne vous morde dans le cul, et c’est ce qui se fait pour United Fruit / Chiquita. Traiter les gens comme de la merde n’est pas un modèle d’affaires durable au 21e siècle, et ce n’est certainement  pas une entreprise du 19ème siècle qui va  faire sa loi. Les bananes sont en difficulté ainsi,partout dans le monde. La banane Cavendish est mangé par un champignon dans le monde entier. Le seul endroit qui n’a pas été affligé est  l’Amérique latine et du Sud. Les anaylistes et les spécialistes environnementaux  estiment que ce n’est qu’une question de temps avant un amas de terre transportée de l’Australie ou de l’Afrique définit ce processus  mortel. J’ai entendu le nombre  de 20 ans ou un peu plus pour le temps qui reste à vivre …à  la banane Cavendish. C’est la seule banane ,Chiquita qui se  vend. Le grand problème. Par ailleurs, une banane de remplacement n’a pas été identifié. Franchement parler,tout ce secteur est en profonde mutation  ….. je resterais loin, très loin de cette société. Et si vous avez vraiment besoin d’une collation …. Prenez une pomme.  »  (John P.)

Le travailleur  en Colombie m’a répondu:

« Moi et mes sœurs travaillont  pour eux et tout a été dit sur cette compagnie  diabolique. Rien n’est correctement fait pour les employés.Tout est mauvais partout et l’ambiance y ne cesse d’empirer.Bad Bad Karma  « .(Luis )

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ANNEXE HORS TEXTE

 

MONSANTO ET LA UNITED FRUIT COMPANY/ CHIQUITA BRANDS :MËME COMBAT

 

 Aujourd’hui,en 2014,

Monsanto pourrait apprendre beaucoup des bananes, et les Américains veulent peut-être y faire attention aussi. Un champignon qui se répand et détruit les plantations de bananes d’Asie sera inévitablement touché l’offre américaine de bananes. Lorsque c’est le cas, notre version la plus aimée du fruit peut s’éteindre. Bien que rien de tel champignon ou une maladie est actuellement connus pour être une menace pour les cultures de maïs du monde, la domination d’une culture de maïs unique en Amérique, il est sensible à la destruction pour les mêmes raisons que les bananes sont actuellement vulnérables. Si un seul champignon peut anéantir l’industrie de la banane en raison de sa dépendance à un seul cultivar, une absence de la biodiversité dans l’industrie du maïs devrait soulever des inquiétudes chez les investisseurs et les citoyens. Si l’on peut être en mesure d’imaginer un pays sans les bananes, il peut être plus difficile d’imaginer un monde sans maïs.

La chute des bananes
Les américains aiment les bananes, mais les seuls endroits où les bananes peuvent être cultivées au pays sont la Floride et à Hawaii, où les récoltes sont faibles par rapport à celles qui sont cultivées dans des climats plus tropicaux. Cela rend les États-Unis extrêmement dépendants sur les bananes importées, principalement en  provenance de l’Amérique latine. Les traits nécessaires pour permettre à l’emballage et des temps relativement longs d’expédition avec le désir d’une plus fade dégustation  des produits plus large et attrayant, sont menacé par un champignon résistant à tout ce que Monsanto a inventé et qui a rétréci le marché américain à une seule banane: la Cavendish.

La banane  Cavendish s’est fait connaître il y a plus d’un demi-siècle, quand une souche de Fusarium oxysporum f. sp.cubense (Foc), un champignon responsable de la maladie de Panama, a décimé le cultivar de banane la plus dominante de l’époque (le Gros Michel). Bien que la variété Cavendish a été choisi principalement pour sa résistance à la maladie de Panama, le cépage est sensible à une nouvelle souche de Foc (Foc-TR4) qui pourrait anéantir la Cavendish de la même manière que  le champignon a sorti il y a des décennies  le Gros Michel.

Certains cépages mangé dans d’autres pays ne sont pas sensibles à Foc-TR4. La forte dépendance de l’industrie sur le cépage unique  de Cavendish, cependant, rend la menace d’une seule souche de champignon beaucoup plus imposante et dangereuse. C’est là que réside la plus grande responsabilité pour les leaders de l’industrie de la banane comme Chiquita ( NYSE: CQB   ) et Fresh Del Monte Produce Inc ( NYSE: FDP   ) ainsi que l’industrie du maïs de Monsanto: un manque de biodiversité.

Les différences entre les bananes et le maïs
Bien que les  bananes  Cavendish sont à peu près les seules bananes que les Américains consomment, les populations locales sont fortement tributaires de cette  culture . Des énorme 40 millions de tonnes de bananes Cavendish cultivées chaque année, seulement 40% d’entre elles  sont exportées, ce qui rend les pays les moins nourris encore plus touchées par Foc-TR4.

Cavendish représentent environ 40% de la production totale de la banane dans le monde entier. En comparaison, même si les cultures Roundup Ready  (Monsanto) ont été  développées depuis moins de 20 ans, les OGM (organisme génétiquement modifié) de maïs de Monsanto  comportent  des commandes  pour environ 80% de l’ US marché, et le maïs est la (GM) seule culture génétiquement modifié cultivée commercialement en Europe. Le marché intérieur de la graine de soja est comparable à celle du blé, et Monsanto a notamment développé le soja RR2 Intacta PRO pour un usage commercial au Brésil.

La forte dépendance sur une seule banane qui ne résiste pas à un nouveau champignon a l’industrie de la banane représente  $7 milliards de dollars de panique. Réalisant que l’industrie du maïs génère un énorme $ 69,000,000,000 chiffre d’affaires annuel et que le marché intérieur est plus dominé par une seule usine de l’industrie de la banane ,cela  devrait susciter des préoccupations majeures. Malheureusement, l’attention vers des cultures OGM a tendance à être plus centrée sur les implications de santé non vérifiées que sur la question de la biodiversité plus large qui pourrait changer radicalement selon  la façon ,les choix  et la tendance dont le maïs est consommé pour la nourriture, le carburant et l’alimentation.

Les plats à emporter
L’industrie de la banane peut être en mesure de survivre à Foc-TR4, et l’industrie du maïs peut être en mesure de survivre à une menace comparable (études ont déjà montré que les mauvaises herbes ont développé une résistance aux herbicides à base de glyphosate sur les champs plantés avec des semences Roundup Ready et traités exclusivement avec Roundup). Mais ils ne  le peuvent pas. Quoiqu’il en soit, les investisseurs doivent être conscients des menaces réelles et perçues à des sociétés dans lesquelles ils investissent, et un manque de biodiversité est une responsabilité que les investisseurs capitalistes intéressé par  Monsanto et Chiquita devraient regarder sérieusement.

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Un logo trompeur.
Un logo trompeur.

 

 

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LES MAÎTRES ESCLAVAGISTES DU MONDE ET  LE DÉVELOPPEMENT DE L’INDUSTRIE DE LA BANANE

 

Bien que Rockefeller est surtout connu pour son argent du pétrole et sa famille politique – son petit-fils était vice-président , il avait des intérêts dans d’autres monopoles…et beaucoup  trop, le cuivre, le tabac et peut-être  le moins connu :les  bananes.

Il détenait l’argent dans la United Fruit Company qui est apparu sur la surface ,avec  une note assez anodine, si l’entreprise ennuyeux pas abrutissante engagé à essayer de persuader les enfants d’Amérique du 50 de la santé donnant des propriétés de lait et les bananes. Pas exactement secouant trucs monde.

Sauf si vous aviez le malheur de vivre en Amérique centrale.

La United Fruit Company avait  des plantations en Colombie, Costa Rica, Cuba, Jamaïque, Nicaragua, Panama, Saint-Dominique et les plus infâmes   venaient du  Guatemala. Un certain nombre de ces pays ont eu des relations problématiques avec les Etats-Unis depuis. À la hauteur de ses pouvoirs La United Fruit Company possédait un énorme 42% de l’ensemble du pays du Guatemala et  ne payait  pas un cent de  taxe sur tout ça.

La société possédait également les chemins de fer, le système de téléphone, les ports et une large flotte de navires construits par certains des plus beaux chantiers navals dans le monde.

Non sans surprise, le peuple du Guatemala était  contre cette domination étrangère, et quand à  offrir la possibilité à une élection en 1951 d’exprimer une opinion – voté dans leur masse pour Jacobo Arbenz. Arbenz avait suggéré l’idée de ne pas trop révolutionnaire d’acheter certains des terres que la Société n’a pas été fait à l’aide de sorte que les gens sans terre peuvent produire de la nourriture pour manger. Il n’était même pas question de  crédit. Arbenz avait  dit qu’il allait leur payer la valeur convenue que  La United Fruit Company avait  déclaré sur leurs propres déclarations et évaluations  sur les terres. Cute! Je veux dire une société américaine n’irait jamais sous-estimer ses propres actifs à des fins fiscales et  la ferait-elle  maintenant?Comme on dit :poser la question,c’est y répondre!

La société a pris ombrage de l’impertinence totale de ce bondit péon et aidé un coup d’officiers de l’armée guatémaltèque mécontents qui ont envahi du Honduras avec l’aide secrète de la CIA dans une opération connue sous le nom PBSUCCESS. Ils avaient persuadé Truman et Eisenhower que Arbenz allait prendre le pays sur le côté sombre et s’allier au pays de l’URSS.

Alors, qui sont ces hommes d’affaires? Eh bien, au moment du coup d’Etat du Guatemala, nous trouvons ce qui suit étroitement liée avec le conseil de la United Fruit.

John Foster Dulles et les bureaux  de Sullivan & Cromwell, avaient été conseillers  juridiques pour l’UFC depuis des décennies et John Foster Dulles était aussi un actionnaire important de l’UFC. Et à l’époque, John Foster Dulles était aussi le secrétaire d’État du président Dwight D Eisenhower. Le grand-père de Dulles avait également été secrétaire de d’Etat du temps du président Ben Harrison.

Allen Dulles W, le frère de John Foster Dulles ,était aussi un actionnaire important de la société et occupait bien  ses heures vides étant le directeur de la CIA.

La lignée des Dulles.
La lignée des Dulles.

 

Le Général Robert Carter, chef du Conseil national de sécurité était un ancien président du conseil de la United Fruit.

Thomas G Corcorran, le « M. Fixit » de tout le monde – un homme épouvantable dont la biographie serait une véritable aventure d’ histoire et qui a souvent été accusé d’actes de corruption à la maison, a travaillé pour la CIA a été consultant rémunéré pour United Fruit.

Le sénateur Henry Cabot Lodge junior était le fils de Henry Cabot Lodge qui avait tant haï la Société des Nations. Sa famille est allée aussi loin que le président Adams.

Ann Whitman l’épouse d’Edmond Whitman, directeur de la publicité de United Fruit Company était le secrétaire personnel du président Eisenhower.

John Moor Cabot de la même famille, ancien membre du groupe de familles Bostonien que les Dulles de Cabot et les Loges-venus, a été secrétaire d’État adjoint aux Affaires inter américaines et était aussi un actionnaire important de la United Fruit. Et son frère Thomas Dudley Cabot était un directeur de la sécurité internationale au Département d’Etat qui avait été ,pendant un temps, un président de la United Fruit.

John McCoy le Président de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement était un ancien membre du conseil d’administration.

Walter Bedell Smith, le directeur de la CIA jusqu’en 1953, et Robert Hill un sous-secrétaire d’État, se sont vu attribuer des sièges au conseil d’administration lors de leur retraite.

 

EN CONCLUSION

Un groupe d’ hommes d’Élite,membre du 1%,dans un contexte – mais tout cela pour une entreprise vendant des bananes?

Eh bien non, bien sûr que non.

L’oligarchie a longtemps considéré que le chemin vers le pouvoir politique est d’avoir un flux régulier d’argent et fait en sorte que ils se tenaient avec les pieds dans les deux camps ou s’avaient fait confiance entre eux  et les membres capables de leur rapporter sur  le côté de l’argent. Les Arènes étrangères où les contrôles de fiducie étaient de  faibles appels pour eux,de fausses vocations. Et si les habitants des pays contrôlés s’étaient  opposés, alors n’importe lequel alibi  pourrait être inventé comme une excuse pour l’oligarchie afin de manier la puissance des Etats-Unis dans le soutien de ces aventures à l’étranger. En 1953, l’oligarchie a réussi à contrôler des pays entiers. Au Guatemala, un  financier américain et des intérêts commerciaux avaient essayé d’avaler un ensemble de pays.

Les bananes dans toute cette affaire ne sont qu’un prétexte pour asseoir la puissance d’une élite financière contrôlée par des sociétés secrètes.Partout ou les peuples légitimes ont été  écrasé et mis en esclavage,au nom de l’impérialisme américain,le crime organisé est venu appuyé ce pouvoir occulte afin de planifier l’organisation du Nouvel Ordre Mondial.

En 2014,de nombreux peuples,des continents entiers  croupissent sous ce nouveau système totalitaire et sans scrupule.À la suite ,de la multitude des citoyens et citoyennes assassinés au nom du capitalisme et du néolibéralisme ,il faudra ajouter dans le futur ,les innombrables  victimes des autres guerres à venir,des enfants nés difformes,des millions de nouveaux cas de cancer et des  événements climatiques extrêmes que nous subirons de plus en plus,car ces entreprises  comme la United Fruit Company ,sont directement responsables de tous ces malheurs passés,présents et à venir.

Ce sont la lignée de Sang d’une race criminelle qui se croit investie d’une mission divine et qui cherche à se perpétuer en écrasant tout autour d’eux.La diversification de leurs avoirs financiers ,leur fait croire qu’ils sont irremplaçables et un bienfait pour l’humanité ,alors que le monde aurait beaucoup mieux fonctionné sans eux.Ce sont des parasites néfastes et dangereux.

Aussi quand vous regardez leurs successeurs actuels,ayez à l’esprit le chiffre 13,c’est le nombre de marches qu’il faut pour ériger une potence dans les règles.

Ne pourrait -on  jamais se débarrasser de cette race de financiers corrompus  un jour?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le massacre des bananeraies et l’assassinat d’un grand leader politique

*Suite de notre article:En hommage aux 250,000 victimes de l’impérialisme en Colombie :le cycle de Gabriel Gacia Marquez

LE MASSACRE DES BANANERAIES ,EN 1928

 

En 1928, le massacre des bananeraies en Colombie

Ce n’est pas le fruit de l’imagination du Colombien Gabriel García Márquez, prix Nobel de littérature. Le massacre d’environ mille cinq cents ouvriers, le 6 décembre 1928, et la répression qui s’ensuivit pendant trois semaines, qu’il raconte dans son roman Cent ans de solitude, eut bien lieu. Il se déroula dans les plantations bananières de la société américaine United Fruit, sur la côte caraïbe colombienne. Ainsi naissait le terrorisme d’Etat en Colombie. Il est toujours en vigueur presque un siècle plus tard.

Sous  le contrôle du Nouvel Ordre Mondial,les médias ,en Occident,ne nous disent pas tout.L’information est d’abord  passé par la censure des Maîtres Illuminati du coin.Ici,au Québec,nos médias sont contrôlés par deux grandes familles  faisant partie du 1%:la famille Desmarais ,fédéraliste et proche du Parti libéral du Canada…(les héritiers de  Paul Desmarais,Power Corporation) et la famille Péladeau  ,souverainiste …(Pierre Karl Péladeau,Réseau TVA,etc).Ce n’est qu’un petit exemple…Inutile de dire ici que le massacre des Bananeraies de 1928 est totalement inconnu au Québec,surtout  sous la gérance  éclairé de l’espion canado-saoudien qui fait office de premier ministre,Philippe Couillard.Aucun journaliste n’en parlerait  en période de séries éliminatoires au hockey,sinon en page 50.Sous la gérance du crime organisé,devenue banalisée,aucun médias corrompu n’a intérêt à réveiller le peuple endormi.

 

L'enjeu de ces conflits,en 1928,c'était le prix des bananes et ...la peur du développement d'un mouvement ouvrier de libération ,en Colombie et en Amérique du Sud.La vie humaine pour les entrepreneurs capitalistes américains,ça ne vaut rien depuis toujours.
L’enjeu de ces conflits,en 1928,c’était le prix des bananes et …la peur du développement d’un mouvement ouvrier de libération ,en Colombie et en Amérique du Sud.La vie humaine pour les entrepreneurs capitalistes américains,ça ne vaut rien depuis toujours.

 

Dans ce pays, à l’aube du XXe siècle, les gisements de pétrole, d’or, de platine et d’autres précieux métaux sont quasiment offerts à des entreprises américaines ou anglaises. De la même façon, on leur cède de vastes territoires pour l’exploitation sans modération de la banane, du cacao, du tabac et du caoutchouc. Avec le consentement du gouvernement, le personnel employé par ces entreprises est traité comme à l’époque coloniale.

 

L’industrialisation donne naissance à un début de bourgeoisie urbaine, mais aussi à un secteur ouvrier, qui peu à peu réclame des améliorations sociales. Suivant cet exemple, les paysans, les Indiens et les artisans s’organisent aussi. Ces mouvements revendicatifs aboutissent aux premières organisations politiques et syndicales, dans les années 1920.

On ne peut comprendre ce processus sans mentionner un élément extérieur déterminant : la révolution d’Octobre et l’établissement de l’Union soviétique qui influencent de manière décisive la pensée politique et sociale mondiale, comme l’avait fait la Révolution française en 1789. En Colombie pas moins qu’ailleurs, ne serait-ce que parce que le mot socialisme n’y était pas inconnu de certains cercles intellectuels.

 

A l’époque, de nombreuses mobilisations et grèves permettent d’arracher des droits et des concessions inimaginables quelques années plus tôt. Ce sont les ouvriers pétroliers de la société américaine Tropical Oil Company qui sont à l’avant-garde de ces conquêtes.

Aux yeux du gouvernement conservateur, de l’oligarchie et de la hiérarchie ecclésiastique – au sein de laquelle on trouve les plus grands propriétaires terriens du pays –, l’organisation et le mécontentement social prouvent l’existence d’un complot communiste international. Leur effroi augmente à la création, en 1926, du Parti socialiste révolutionnaire, une alternative aux partis traditionnels, Libéral et Conservateur. De fait, un secteur important des intellectuels libéraux était favorable aux changements sociaux, non pas pour établir le socialisme, mais pour moderniser un Etat qui gérait le pays comme un majordome gère une hacienda (1).

En provenance du gouvernement, du Parlement, de l’Eglise et des journaux, les sermons se multipliaient contre la « subversion bolchévique ». Terrorisées, l’élite conservatrice et la hiérarchie catholique décident d’agir.

Au milieu de l’année 1927, le ministre de la guerre, Ignacio Rengifo, un ancien intellectuel de gauche réinséré dans le système qu’il avait mis en question, déclare : « Sous la protection du climat de grande liberté qu’on respire en territoire colombien, un nombre non négligeable de nationaux et d’étrangers font en tout lieu une active et constante propagande communiste de leur propre chef ou comme agents à la solde du gouvernement soviétique  (2). »

 

Rengifo fut le principal instigateur de la Loi de défense sociale. Promulguée en octobre 1928, celle-ci marquait la concrétisation d’un cadre théorique hautement répressif. Avec elle, la Colombie devançait les théoriciens des guerres colonialistes européennes et américaines, en formulant la doctrine destinée à combattre ce qu’on appellerait au début des années 1960 « l’ennemi intérieur ». La loi définissait comme « subversive » l’action revendicatrice, politique et sociale des syndicats et des organisations populaires naissantes.

 

Massacre des bananeraies

 

Avec la fin du XIXe siècle, l’entreprise étasunienne United Fruit Company s’installa à Santa Marta, dans la région caribéenne de la Colombie. On lui donna plus de prérogatives qu’à aucune autre entreprise étrangère ; elle allait fonctionner dans l’immense région comme une république indépendante.

Près de vingt-cinq mille personnes travaillaient dans les plantations de United Fruit en 1927, avec des journées de douze heures minimum. Elles ne percevaient pas de salaire en argent : on leur donnait des bons qui ne pouvaient être utilisés que dans les boutiques de l’entreprise, en échange de produits importés depuis les Etats-Unis par les bateaux qui avaient transportés les bananes. Les travailleurs dormaient entassés dans des cabanes insalubres et n’avaient pas accès aux soins médicaux. Un système de sous-traitants intermédiaires constituait le seul lien avec les salariés et permettait à United Fruit de se débarrasser de ses obligations de base envers les travailleurs. Cherchant à améliorer la situation, le syndicat présenta un cahier de doléances.

Les négociations, qui n’avançaient pas, se retrouvèrent suspendues lorsque la Loi de défense sociale fut approuvée. United Fruit refusa le cahier de doléances, le qualifiant de subversif. Les travailleurs n’avaient plus d’autre solution que la grève, qui commença le 12 novembre 1928. La consigne était : « Pour l’ouvrier et pour la Colombie ». Evidemment, le mouvement fut catalogué comme « subversif » par le gouvernement, la hiérarchie et la presse. On alla jusqu’à dire que des agents de Moscou étaient venus dans la région pour préparer une insurrection.

 

Les dirigeants de United Fruit exigèrent du gouvernement la présence de l’armée. Le président Miguel Abadía Méndez répondit en déclarant l’état de siège dans la zone, et en chargeant le général Carlos Cortés Vargas d’en finir avec la « bande de malfaiteurs ». L’état-major prit ses quartiers dans les dépendances de la compagnie. Il fallait en priorité protéger la vie des dirigeants de United Fruit, tous américains, car on racontait que les travailleurs allaient les égorger ainsi que leurs familles.

 

Miguel Abadia Mendez était président de la République de Colombie,en 1928.C'est lui ,la marionnette de l'impérialisme sauvage américain.
Miguel Abadia Mendez était président de la République de Colombie,en 1928.C’est lui ,la marionnette de l’impérialisme sauvage américain.

 

Le corps des officiers recevait alcool, cigarettes, salaire et pouvait s’adonner à de grandes bacchanales avec des prostituées « recueillies » dans la région (3). Les conditions de travail se détériorèrent ; les travailleurs organisèrent des meetings permanents et des blocages de la voie ferrée utilisée pour emmener les bananes au port.

Le 5 décembre, on convoqua les grévistes au village de Ciénaga sous prétexte d’y recevoir le gouverneur qui allait probablement participer aux négociations. Mais il n’arriva jamais. A sa place, c’est le général Cortés Vargas qui, à 23 h 30, ordonna la dissolution de « toute réunion de plus de trois individus » et menaça de « tirer sur la foule si nécessaire ».

Deux heures plus tard, alors que quelques grévistes criaient « Vive la Colombie ! », « Vive l’armée ! », et refusaient de vider les lieux, le général donna l’ordre aux soldats placés sur les toits et armés de mitrailleuses d’ouvrir le feu (4). Plus tard, le militaire déclara : « Il fallait absolument que la loi soit respectée, et elle l’a été. »

 

Le général Carlos Cortes Vargas...de triste mémoire.
Le général Carlos Cortes Vargas…de triste mémoire.

 

 

On a calculé qu’il y avait là environ cinq mille paysans, dont beaucoup étaient accompagnés de leurs femmes et enfants. Ceux qui ne moururent pas sur le coup furent achevés à la baïonnette ou enterrés vivants dans des fosses communes par les trois cents soldats. On embarqua dans les trains de l’entreprise des centaines de cadavres qui furent jetés à la mer comme les bananes de mauvaise qualité.

On ordonna de poursuivre tous les survivants, qu’ils aient travaillé ou pas pour United Fruit. Par centaines, ils furent battus et emprisonnés, tandis que des tribunaux militaires jugeaient rapidement les leaders ouvriers. La tuerie dura plusieurs jours, jusqu’à ce que, malgré la censure de la presse, la nouvelle se répande à travers le pays et que des manifestations éclatent.

Pour United Fruit et le gouvernement, les choses suivaient leur cours comme s’il ne s’était rien passé, à tel point que le général Cortés Vargas signa pour les travailleurs un « accord professionnel ».

Quelques travailleurs organisèrent une sorte de guérilla. Ils brûlèrent des plantations, sabotèrent les lignes télégraphiques et électriques, coupèrent les voies ferrées de l’entreprise. La zone fut militarisée pendant près d’un an.

Le général Cortés Vargas reconnut neuf morts. Le gouvernement, treize, et dix-neuf blessés. Le 16 janvier 1929, Jefferson Caffery, un diplomate américain rapporta au département d’Etat : « Le représentant de United Fruit Company à Bogota m’a dit hier que le nombre de grévistes tués par les Forces armées colombiennes dépasse le millier. » De fait, la commission d’enquête du Congrès, menée par Gaitán, découvrit des fosses communes. Le nombre des victimes dépassait les mille cinq cent.

L'homme qui apparait à gauche sur cette photo datant à peu près de 1929,est Jorge Eliecer Gaitan,un grand leader que le massacre fera découvrir au peuple.
L’homme qui apparait à gauche sur cette photo datant à peu près de 1929,est Jorge Eliecer Gaitan,un grand leader que le massacre fera découvrir au peuple.

 

Les dirigeants de la grève des travailleurs  dans les plantations bananières.  De gauche à droite: Pedro M. del Río, Bernardino Guerrero, Raúl Eduardo Mahecha, Nicanor Serrano y Erasmo Coronel. Guerrero y Coronel ont été assassinés par l'armée colombienne.
Les dirigeants de la grève des travailleurs
dans les plantations bananières.
De gauche à droite: Pedro M. del Río, Bernardino Guerrero, Raúl Eduardo Mahecha, Nicanor Serrano y Erasmo Coronel. Guerrero y Coronel ont été assassinés par l’armée colombienne.

 

Le général Cortés Vargas justifia sa décision en prétextant une situation insurrectionnelle, qui aurait pu provoquer un débarquement des troupes étasuniennes pour protéger les intérêts de la compagnie fruitière. Le président de la République le félicita d’avoir sauvé le pays de l’anarchie. Un éditorial du quotidien libéral El Tiempo, le 17 décembre, s’interrogeait néanmoins : « Reste à savoir s’il n’existait pas de mesures plus efficaces que celles de consacrer la moitié de l’armée de la République à massacrer des travailleurs. »

Durant la présentation de l’enquête parlementaire, en septembre 1929, Gaitán pointa un doigt accusateur en direction de l’oligarchie, considérée comme responsable du massacre. A propos du clergé, il dit : « Ce sont des pharisiens qui trahissent leur doctrine. » Gaitán constata qu’on avait appliqué contre les grévistes, et en faveur des intérêts américains, la politique de « l’ennemi intérieur » : « Je ne nie pas, moi, qu’une grande agitation pour la justice sociale parcourt le pays (…). Elle existe, non pas comme le fruit du communisme, mais comme la raison vitale d’un peuple qui veut se défendre contre la caste des politiciens sans scrupules (…). Nous savons que dans ce pays le gouvernement a pour les Colombiens la mitraille homicide et que pour l’or américain il met genou à terre en tremblant  (5).  »

   Jorge Eliécer Gaitan s'adressant au peuple.

Jorge Eliécer Gaitan s’adressant au peuple.

 

Le massacre des bananeraies n’eut aucune conséquence pénale ou politique. Le général Cortés Vargas fut promu directeur de la Police nationale. Il fut finalement destitué, non pas pour le massacre des bananeraies mais pour l’assassinat d’un jeune, le 8 juin 1929, lors d’une manifestation dans les rues de la capitale. Il s’agissait d’un étudiant issu de l’élite de Bogota, fils d’un ami du président Abadía. L’oligarchie et le haut clergé furent scandalisés.

 

LES PHOTOS QUI ONT SCANDALISÉ LE MONDE 

Les travailleurs dans les bananeraies contrôlées par les  compagnies capitalistes américaines étaient en état de survie.
Les travailleurs dans les bananeraies contrôlées par les compagnies capitalistes américaines étaient en état de survie et de surexploitation.
Rare photo donnant un aperçu des massacres.
Rare photo donnant un aperçu des massacres.

 

Peu après 1928,les campesinos ,milices du peuple ,commencent à s'organiser pour résister à l'impérialisme.
Peu après 1928,les campesinos ,milices du peuple ,commencent à s’organiser pour résister à l’impérialisme.

 

 

Au début du 20 ième siècle,beaucoup d'enfants travaillaient dans les mines d'émeraudes,en Colombie.Comme cette petite fille.
Au début du 20 ième siècle,beaucoup d’enfants travaillaient dans les mines d’émeraudes,en Colombie.Comme cette petite fille.

 

 

Devant la révolte des travailleurs,le gouvernement colombien instaure un  contrôle des déplacements des personnes.On a peur des réactions des travailleurs.Ici ,un contrôle des gens qui vont à l'épicerie...tous en même temps.
Devant la révolte des travailleurs,le gouvernement colombien instaure un contrôle des déplacements des personnes.On a peur des réactions des travailleurs.Ici ,un contrôle des gens qui vont à l’épicerie…tous en même temps.

 

JORGE ELIÉCER GAITAN,LE GRAND LEADER

 

Jorge Eliecer Caitan 005

 

Le 6 décembre 1928, dans la ville de Ciénaga, dans le département de Magdalena (situé au nord de la Colombie), un régiment de l’armée colombienne ouvre le feu sur des travailleurs grévistes de l’United Fruit Company. Cet épisode de l’histoire de la Colombie, appelé « massacre des bananeraies » et raconté par Gabriel García Márquez dans son roman Cent ans de solitude, est la conclusion d’une grève commencée le 12 novembre 1928 par les ouvriers de l’entreprise bananière qui demandaient une augmentation salariale, l’amélioration des conditions de travail, la reconnaissance des droits syndicaux, la fin du système des vales (bons d’achats) et la fermeture des magasins d’United Fruit.

Le 18 juillet 1929, Jorge Eliécer Gaitán décide de se rendre dans la zone bananière pour une durée de dix jours, afin de mettre en lumière les évènements qui s’y sont déroulés. Il y effectue plus d’une centaine d’entrevues avec des ouvriers et des habitants de la zone, prend des photographies de cadavres sans sépulture et des dégâts commis à Ciénaga, qui avaient été alors attribués aux grévistes. Cependant, selon les recherches de Gaitán, ils auraient été faits par les troupes du général Cortés Vargas, selon ses ordres. De retour à Bogota, il dénonce du 3 au 6 septembre 1929 le massacre et les injustices commises à Ciénaga par le gouvernement et l’armée nationale. Cette dénonciation se transforme en débat public contre le gouvernement de Miguel Abadía Méndez et l’armée nationale. Les débats, qui se déroulent dans la Chambre des représentants pendant deux semaines, permettent d’obtenir la libération de plusieurs ouvriers ainsi qu’une reconnaissance pour les veuves et les orphelins des travailleurs assassinés. En dénonçant le massacre des bananeraies, Gaitán parvient à gagner la reconnaissance nationale, devenant une figure politique populaire qui œuvre en faveur des intérêts des travailleurs. Il augmente le sentiment d’opposition de la population face au parti conservateur, définissant le gouvernement conservateur de l’époque comme une « marionnette du capitalisme américain » qui tue ses propres citoyens au profit d’investisseurs étrangers.

En 1931, à la suite de l’arrivée au pouvoir du libéral Enrique Olaya Herrera qui le soutient, Jorge Eliécer Gaitán devient président de la Chambre des Représentants et président de la Direction nationale libérale (Dirección Nacional Liberal). En 1932, il est nommé recteur de l’Université libre (Universidad Libre) fondée à Bogota le 13 février 1923 par Benjamín Herrera. Pendant qu’il occupe ce poste à l’université, il lance des réformes conçues pour inciter à avoir un esprit « d’investigation scientifique » et supprime d’anciennes méthodes éducatives, où l’apprentissage « par cœur » était privilégié. Il crée de nouveaux champs de spécialisation dans le droit, les sciences sociales et l’administration, développant dans un même temps des cours du soir pour les travailleurs et la classe moyenne.

En novembre 1932, il voyage dans différents pays latino-americains, allant notamment au Mexique où il a l’opportunité d’expliquer la position de la Colombie dans le conflit l’opposant au Pérou depuis le 1er septembre 1932, date à laquelle un groupe de civils péruviens, sous la conduite de l’ingénieur Oscar Ordónez et du sous-lieutenant Juan de la Rosa, ont attaqué la population colombienne de Leticia. Cette attaque est le résultat de l’insatisfaction engendrée par le traité Salomón–Lozano signé le 24 mars 1922 entre la Colombie et le Pérou et délimitant la frontière entre ces deux pays afin de mettre fin au différend territorial qui les oppose.

La politique du gouvernement d’Olaya Herrera le déçoit, les propositions de réforme constitutionnelle et sociale des libéraux radicaux étant repoussées par le gouvernement. À partir de cet instant, l’objectif de Gaitán est de rompre avec le bipartisme et l’hégémonie des deux grands partis historiques : conservateur et libéral. Il décide donc de créer une troisième force politique dans un contexte latino-américain marqué par l’émergence de leaders et de mouvements populistes dans toute la région.

Rupture avec le Parti libéral

Carlos Arango Vélez

Carlos Arango Vélez, avec qui Jorge Eliécer Gaitán crée l’UNIR.

En octobre 1933, il décide de rompre avec le Parti libéral et crée, avec Carlos Arango Vélez, l’Unión Nacional Izquierdista Revolucionaria (UNIR ou Union nationale de gauche révolutionnaire). Gaitán souhaite y développer sa conception politique tant au niveau idéologique qu’organisationnel. Il met en place une action politique permanente, organise des commissions locales et cherche à créer des mécanismes permettant une relation étroite entre les dirigeants et leurs partisans. Dans le périodique de l’UNIR créé en 1933, Unirismo qui sort rapidement 15 000 exemplaires toutes les semaines, sont notamment publiés des informations nationales et internationales, des analyses politiques ainsi que des dessins révolutionnaires de David Alfaro Siqueiros et d’autres peintres. En plus d’Unirismo qui est distribué à Bogota, des journaux régionaux de l’UNIR sont publiés sous différents noms à Socorro, Medellín, Barranquilla, Campoalegre et Pereira. Selon le programme El manifesto del unirismo entièrement rédigé par Gaitán, les principales orientations globales énoncées sont :

  • la réalité détermine les concepts, pas le contraire ;
  • la réalité fondamentale est de nature économique ;
  • les bases de la politique sont donc des relations économiques et non des principes abstraits ;
  • il existe deux forces opposées : les détenteurs des moyens de production et ceux qui ne peuvent que fournir la main d’œuvre ;
  • dans cette lutte, l’État est l’arbitre qui intervient dans le processus économique et social afin d’assurer la justice sociale et d’empêcher l’exploitation de l’homme par l’homme ;
  • l’État doit fonctionner selon les principes démocratiques, en faveur de la majorité, c’est-à-dire les démunis en Colombie, et assurer l’égalité pour tous ;
  • la réalisation de l’égalité, notamment dans les hautes sphères de l’économie, nécessité une économie planifiée et régulée ainsi que l’intervention de l’État ;
  • l’intervention de l’État est basée sur des critères sociaux, à savoir le socialisme d’État.

À travers ces orientations globales, Gaitán axe son programme sur trois thèmes :

  • la vie économique. Pour cela, l’État doit être un élément décisif dans la vie économique de la nation. Il doit réaliser la planification et la direction globale de l’économie, intervenir et investir si nécessaire ainsi que réguler et surveiller différentes composantes économiques, tels que les sociétés anonymes, les établissements bancaires et de crédit ou les entreprises commerciales et agricoles ;
  • la vie sociale. La priorité de Gaitán dans ce domaine est l’éducation qu’il souhaite notamment centraliser et rendre gratuite à tous les niveaux ;
  • la structure étatique. Il veut que l’État soit le représentant de toutes les classes, mais plus particulièrement le défenseur de ceux qui en ont le plus besoin. Une réforme constitutionnelle est également envisagée. Elle limiterait la puissance du président en Colombie, forçant les gouvernements à être plus sensibles aux intérêts publics représentés au congrès et à mettre en place les programmes des partis politiques.

Cependant, les conservateurs et les libéraux exercent une véritable pression sur l’UNIR et ses membres. Ainsi, le secrétaire général de l’UNIR de la ville de Socorro, Pedro Elias Jurado, est assassiné. Plusieurs membres sont arrêtés de façon arbitraire ou subissent des manœuvres d’intimidation par la police. D’autres voient même leurs maisons détruites. Une manifestation présidée par Gaitán à Fusagasugá, le 4 février 1934, est réprimée violemment par la police et un groupe de libéraux, entraînant la mort de quatre personnes[1]. En octobre 1934, moins de deux ans après la création de l’UNIR, une rumeur circule sur la réintégration probable de Gaitán au sein du Parti libéral. Elle semble se confirmer, puisque lors des élections législatives du 26 mai 1935, il est inscrit sur une liste proposée par les libéraux et non sur une de l’UNIR qui a pourtant des candidats en lice« . En plus des pressions subies par l’UNIR, Gaitán est conscient des difficultés qu’il va devoir affronter pour mettre en place son programme politique sans le soutien du parti libéral. Ainsi, en 1935, il abandonne le parti qu’il a créé pour réaliser ses ambitions personnelles, constatant qu’il est impossible de mettre fin au monopole des libéraux et des conservateurs sur la scène politique. Selon Fermín López Giraldo, un des membres de l’UNIR, Gaitán aurait secrètement accepté l’offre des libéraux qui lui proposaient un siège à la chambre des représentants.

Mandat de maire

Théâtre Jorge Eliécer Gaitán

Façade du théâtre Jorge Eliécer Gaitán, à Bogota.

Après l’échec de Unión Izquierdista Revolucionaria, Jorge Eliécer Gaitán décide de réintégrer le Parti libéral en 1935. Il devient maire de Bogota le 8 juin 1936, après avoir été conseiller municipal, poste occupé depuis 1930. Il souhaite améliorer les services publics de la ville tout en appelant à d’importantes réformes sociales. Dans un premier temps, il décide de nommer quinze conservateurs à des postes municipaux importants. Il souhaite ainsi ne pas faire intervenir la politique au sein d’un gouvernement municipal, sachant, qu’habituellement, le parti dominant occupe tous les postes bureaucratiques. Cependant, au regret de Gaitán, les dirigeants du parti conservateur s’opposent catégoriquement à cette idée.

Dans un de ses premiers décrets en tant que maire, qui a pour objectif d’améliorer l’efficacité globale, Gaitán instaure notamment une semaine obligatoire de quarante-quatre heures pour les employés municipaux et centralise le système de communication interne des bureaux municipaux, afin d’assurer un contrôle plus strict. Par la suite, il décrète une campagne générale de nettoyage de la ville. Il fait ainsi retirer le surplus de publicités désagréables, fait construire des trottoirs, planter des arbres, repeindre des établissements commerciaux, ajouter de l’éclairage public, et transférer les enfants errants vers des foyers pour enfants. Alors que la population de Bogota ne cesse de croître, il concentre ses efforts sur l’ouverture de centres commerciaux et l’amélioration de quartiers urbains en mettant en place un réseau de transport et en améliorant les chaussées du réseau routier menant vers ces zones. Gaitán s’intéresse aux plus démunis et souhaite leur donner accès aux équipements sanitaires. Pour cela, il fait construire des bains publics et met en place des campagnes éducatives sur la santé publique dans les quartiers défavorisés. Il fait fermer des écoles qui sont en piteux état, en fait construire sept autres et en fait rénover plusieurs en ajoutant, l’eau, l’électricité et les égouts.

Dans le cadre du décret 425 de 1936 qui fait partie de la campagne « pour rendre propre les employés du service public et leur donner un sens du décorum et de la responsabilité », « les chauffeurs publics de taxi et de bus utilisent des chaussures, des chapeaux, des chemises et des combinaisons prescrites ». Cependant, l’Association nationale des chauffeurs (ANDEC ou Asociación nacional de choferes) s’oppose violemment à ce décret car elle estime qu’il est en violation avec les droits des personnes.

Finalement, après huit mois en tant que maire, Gaitán est destitué de sa fonction le 14 février 1937 à la suite des pressions exercées par le président de l’époque, Alfonso López Pumarejo, qui parvient à mobiliser l’opposition de quelques secteurs politiques au niveau national contre ses réformes. Cependant, en septembre 1937, Gaitán est réélu au conseil municipal de Bogota, grâce notamment aux quartiers populaires qui votent en sa faveur. Entre 1938 et 1940, Gaitán effectue quelques voyages internationaux et continue son activité juridique. En 1939, il est élu magistrat de la Coupe suprême de Justice.

LES GRANDES RÉALISATIONS DE GAITAN EN TANT QUE MAIRE DE BOGOTA

PHOTOS:

Plantations d'arbres dans les rue  de la ville de Medellin.
Plantations d’arbres dans les rue de la ville de Bogota.
Introduction de l'eau courante et  des égouts dans les quartiers ouvriers de Bogota.
Introduction de l’eau courante et des égouts dans les quartiers ouvriers de Bogota.

 

Arrivée de l'eau potable aux maisons des travailleurs.Il  fut le premier politicien  colombien  à travailler pour le peuple.
Arrivée de l’eau potable aux maisons des travailleurs.Il fut le premier politicien colombien à travailler pour le peuple.

 

Ce fut un des plus grands travaux de l'histoire de Bogota.
Ce fut un des plus grands travaux de l’histoire de Bogota.

 

 

 

 

 

 

Mandats ministériels et sénatorial

Monument représentant Gaitán

Monument en l’honneur de Gaitán, à Medellín.

Durant l’été 1939, alors qu’il vient de subir un échec en ne parvenant pas à obtenir une place sur la liste électorale du Parti libéral pour la Chambre des représentants, Gaitán décide de redorer son image. Pour cela, il entame une tournée nationale pour expliquer sa position au peuple. Dans son premier discours, qui se tient au théâtre municipal de Bogota, il dit ce qu’il a l’intention de faire après 1944. Il attaque également les dirigeants du Parti libéral, notamment le groupe de López Pumarejo, les accusant de mentir aux gens en se dissimulant derrière de belles paroles. Eduardo Santos, qui est élu président de la République en 1938, lui propose dans un premier temps le poste de président de la Cour suprême. Gaitán refuse, car cette fonction ne pourrait pas le laisser agir en toute liberté sur le plan politique. Santos lui propose alors le poste de ministre de l’Éducation. Gaitán accepte l’offre, notamment parce que cela allait lui permettre de se lancer dans quelques actions populaires dans un secteur qui en a fort besoin et de démontrer ce qu’il pourrait faire en tant qu’administrateur. Il prend ses fonctions le 1er février 1940, et ce jusqu’au 15 février 1941.

Durant cette courte période, ses objectifs en tant que ministre sont de démocratiser la culture et de nationaliser l’enseignement primaire. Pour cela, il voyage au centre et au sud de la Colombie afin de visiter des écoles et d’expliquer les orientations que va prendre son ministère à des groupes éducatifs et aux conseils municipaux. Il parvient même à convaincre la plupart des conseils à engager des fonds pour la construction ou la rénovation d’écoles. Il crée des cours par correspondance pour que les enseignants puissent améliorer leurs qualifications professionnelles. Dans le secteur de l’enseignement supérieur, d’éminents universitaires et scientifiques sont intégrés à l’Ateneo de Altos Estudios créé pour faire avancer la recherche dans divers domaines tels que les sciences naturelles, les mathématiques ou l’ethnographie. Dans les quatorze établissements d’enseignement secondaires qui sont directement sous les ordres du ministère de l’Éducation, le programme d’études est réorganisé pour que les mathématiques, les sciences, les sciences sociales et les langues soient davantage enseignés. Des cours alternatifs pour les étudiants techniques et scolaires y sont également proposés. En raison du faible niveau technique de la Colombie, Gaitán œuvre pour améliorer la qualité des enseignements industriels, en révisant notamment le programme d’études des écoles industrielles. Il fait construire plusieurs nouvelles écoles ainsi que des instituts agricoles afin de développer l’éducation industrielle. Par ailleurs, Gaitán lance une campagne d’alphabétisation : des bibliothèques mobiles sont mises en service, des foires aux livres sont tenues dans les villes importantes, des concerts et des spectacles sont joués en plein air et des expositions d’art itinérantes sont organisées.

Cependant, Jorge Eliécer Gaitán ne parvient pas à faire nationaliser l’éducation primaire. Alors qu’il souhaite centraliser le système scolaire et rendre le gouvernement national responsable de l’éducation primaire, sa proposition de loi est rejetée par le Congrès. Pourtant, les organisations d’enseignants sont en faveur de ce changement. Mais, les conservateurs, avec Leopard Silvio Villegas à leur tête qui est soutenu par l’Église, voient cette réforme comme un affront à la liberté d’enseignement. En fait, le véritable problème est le débat entre le choix du centralisme ou du fédéralisme. Les conservateurs et les libéraux, qui refusent de voir leurs élus locaux être privés de leur emprise sur la distribution de faveurs et l’adjudication de contrats, joignent leurs forces pour rejeter la proposition de Gaitán malgré son discours expliquant la rationalité de son approche sur un des graves problèmes de la Colombie. Face à cette opposition, Gaitán démissionne de ses fonctions le 15 février 1941.

Néanmoins, en avril 1942, Gaitán est élu sénateur pour le département de Nariño. Il en profite pour attaquer la seconde administration de López qu’il estime touchée par la corruption et les scandales. En septembre de la même année, il est nommé président du Sénat[1],[B 15]. Par la suite, sous la présidence d’Alfonso López Pumarejo puis celle de Darío Echandía qui assure l’intérim pendant une courte période, Gaitán obtient le poste de ministre du Travail du 8 octobre 1943 au 6 mars 1944. Pendant son bref mandat, il essaie sans succès de faire passer une législation en faveur des ouvriers et parvient à faire exécuter quelques mesures administratives favorisant les syndicats lors de conflits avec les employeurs.

Candidature à l’élection présidentielle de  1946

En 1944, Gaitán décide de lancer sa candidature pour l’élection présidentielle de mai 1946, et ce dans une atmosphère de polarisation politique et de rupture économique, idéale pour sa campagne populiste. Se rappelant l’échec de l’UNIR, il décide de rester avec le Parti libéral et de constituer un mouvement appelé « mouvement gaitaniste » (Movimiento gaitanista). À partir de mai 1944, les gaitanistes créent leur propre périodique, Jornada[1]. Début 1944, les premières organisations gaitanistes commencent à se former dans les plus grandes villes provinciales du pays, notamment sur la côte nord. Le 28 janvier de cette même année, Sociedad Jorge Eliécer Gaitán, organisme précurseur du « Comité Departemental », est fondé à Barranquilla. Le mouvement gaitaniste qui se développe après 1944 devient l’expression du ressentiment contre le système actuel. Il profite du mécontentement des masses qui sont témoins de l’enrichissement et de la spéculation alors qu’il vivent dans la misère et qui, en conséquence, commencent à développer une « conscience révolutionnaire ». Le mouvement fait appel aux intérêts fondamentaux des travailleurs des grandes villes, des secteurs les plus radicaux de la population rurale, des gens de la petite bourgeoisie les plus progressistes et de la jeunesse.

Photo de Jorge Eliecer Gaitan prise en 1936.
Photo de Jorge Eliecer Gaitan prise en 1936.

Lors de la campagne présidentielle, Gaitán manœuvre entre les deux partis principaux, attaquant aussi bien les conservateurs que les libéraux. Il profite des animosités traditionnelles entre les chefs des deux partis, comblant le vide dû aux différences entre ces groupes politiques. Dans une certaine mesure, Gaitán est idéologiquement et politiquement près des conservateurs, sa critique du capitalisme au nom d’un ordre moral supérieur touchant une corde sensible. En effet, la lutte de Gaitán leur rappelle leur propre vision utopique d’une société libre de préjugés raciaux et de classes où une personne méritante et ambitieuse peut se hisser en haut de l’échelle sociale[21]. Les conservateurs font diverses tentatives pour parvenir à un accord avec Gaitán. Ainsi, Laureano Gómez soutient le « candidat du pueblo », et jusqu’à un mois avant les élections, le périodique journalier conservateur El Siglo est le porte-parole officieux de Gaitán. Les relations entre les deux hommes politiques sont suffisamment étroites pour que des rumeurs courent sur le fait que les conservateurs aient financé la campagne de Gaitán. La tentative la plus sérieuse pour attirer Gaitán dans le camp des conservateurs a lieu fin 1942, avant même le début de sa campagne. Rafael Azula Barrera, leader et penseur conservateur, avec le poète conservateur Eduardo Carranza, le libéral Eduardo Caballero Calderón et quelques technocrates apolitiques, lui demandent de mener avec eux une croisade nationale bipartite. Ils lui proposent « un parlement moral » composé de personnes d’expertise technique reconnue pour s’opposer au « parlement des politiciens ». Bien que Gaitán semble enthousiaste à cette suggestion, cette dernière restera sans suite, le chef du Movimiento gaitanista acceptant sa nomination pour la présidence en septembre 1945. Selon Azula Barrera, Gaitán se serait rappelé son échec avec l’UNIR et aurait choisi de rester sous le couvert du libéralisme.

Lors de sa campagne populiste où il parvient à attirer des libéraux et certains groupes de conservateurs, Gaitán utilise pour thèmes l’opposition contre l’oligarchie économique et politique ainsi que la restauration morale et démocratique de la république. Lors de son discours d’ouverture de sa campagne au théâtre municipal à Bogota, Gaitan explique ce qu’il veut dire par « oligarchie » et comment elle interfère avec le développement des personnes. Il finit son allocution en scandant les slogans du mouvement gaitaniste : « Peuple ! Pour la restauration morale de la Colombie, à l’attaque ! Peuple ! Pour la démocratie, à l’attaque ! Peuple ! Pour la victoire, à l’attaque ! ». Selon un de ses collaborateurs, Francisco José Chaux, Gaitan considère le libéralisme comme un instrument politique pour servir et augmenter le niveau de vie des personnes ainsi que pour réaliser une société égalitaire fondée sur l’étude, le travail, la compétence et le sens de responsabilités de chaque individu. Gaitán parvient à obtenir les fonds pour financer sa campagne grâce aux cotisations des membres actifs du mouvement, aux ventes des obligations Pro-Candidatura Gaitán et à l’organisation de festivals publics, de soirées dansantes et de bazars. Dans un discours en 1947, Gaitán admettra même avoir reçu 3 500 pesos de la part des conservateurs sur les 300 000 pesos de contributions totales pour sa campagne.

Un des plus grands orateurs de l'histoire de la Bolivie et l'un des politiciens les plus aimés de son peuple. Voici Jorge Eliécer Gaitan dans sa pose la plus célèbre.
Un des plus grands orateurs de l’histoire de la Colombie et l’un des politiciens les plus aimés de son peuple.
Voici Jorge Eliécer Gaitan dans sa pose la plus célèbre.

Grâce à un travail d’organisation qui dure plusieurs mois, une convention populaire et démocratique est conclue le dimanche 23 septembre 1945 dans les arènes de Santamaría, à Bogota. Elle proclame Gaitán comme étant le candidat du peuple. Les analystes considèrent qu’il représente un nouveau mouvement qui s’est transformé en alternative politique soutenue par un mouvement social. Cependant, ses positions idéologiques sont souvent décrites comme ambiguës et contradictoires en raison de la confusion qu’elles suscitent. Bien que les femmes colombiennes ne peuvent pas voter, n’obtenant le droit de vote qu’en 1954, Gaitán, qui revendique les droits de la femme, insiste pour qu’elles jouent un rôle actif dans le mouvement. Le 20 avril 1946, dans un de ses discours coutumiers au Théâtre municipal, Gaitán définit la différence entre la notion de « pays politique » et celle de « pays national », jugeant qu’il y a deux pays en Colombie, ayant chacun leurs propres objectifs. Le « pays politique » ne penserait qu’à ses emplois, ses mécanismes et son pouvoir tandis que le « pays national » pense à son travail, à sa santé et à sa culture qui sont omis par le « pays politique ».

Lors des élections du 5 mai 1946, gagnées par le conservateur Mariano Ospina Pérez, le candidat officiel du Parti libéral Gabriel Turbay obtient la deuxième place, juste devant Gaitán qui parvient pourtant à obtenir la majorité dans les principaux centres urbains du pays. À la suite de la victoire du candidat conservateur, plusieurs des associés proches de Gaitán, menés par Jorge Uribe Márquez et J.A Osorio Lizarazo, planifient une grève pour renverser le gouvernement, « imposer la volonté des personnes et tirer profit de l’atmosphère agitée et séditieuse que l’éloquence de Gaitán avait créée », ce que refuse Gaitán, déclarant qu’il était un avocat qui respectait la loi et qu’il conduirait son mouvement selon les normes constitutionnelles. Dans son discours post-électoral du 7 mai 1946, Gaitán appelle la population à l’ordre et à l’organisation plutôt qu’à l’anarchie, reconnaissant officiellement la victoire d’Ospina.

Candidature à l’élection présidentielle de 1950

Après les résultats de l’élection présidentielle de 1946, Jorge Eliécer Gaitán entame sa campagne « Por la reconquista del poder » (« À la reconquête du pouvoir ») pour celles qui doivent se dérouler en 1950. Le 18 janvier 1947, une convention populaire a lieu afin de choisir les candidats aux élections du Congrès, durant laquelle sont présentés les bases et les nouveaux statuts du parti libéral dans les documents intitulés Plataforma del Colón, qui préconisent une démocratie sociale et économique.

Les résultats des élections législatives de mars 1947 mettent Gaitán en position de force au sein du parti libéral. Durant le printemps 1947, tout en entamant des pourparlers pour créer une unité avec les libéraux, il entame une série de consultations avec les chefs officiels des partis provinciaux pour solidifier sa position, comprenant que la victoire en 1950 dépend de l’unité de tous les libéraux. L’alliance gaitanista-libérale est donc purement tactique. Les deux factions continuent ainsi de profiter des occasions de se discréditer entre elles au sein du parti.

En juin 1947, lors d’une séries de réunions publiques ayant pour sujet les élections municipales qui doivent se dérouler en octobre de la même année, le leadership de Gaitán au sein du libéralisme est ratifié. La majorité des libéraux nouvellement élus sénateurs et députés rencontrés se concertent durant trois jours et élisent à l’unanimité Gaitán « Jefe Unico » (« chef unique ») du parti le 11 juin. Pendant la campagne pour les élections du conseil municipal, le nouveau leader du Parti libéral fait appel à la population pour le rejoindre dans sa lutte contre les oligarchistes. En dépit des actes de violence et de l’impossibilité des libéraux de voter dans plusieurs endroits parce qu’ils manquaient de garanties en matière de sécurité, ils parviennent à battre les conservateurs par 659 625 votes contre 521 845 et à faire élire 396 conseillers municipaux contre 273 pour les conservateurs. De plus, les libéraux parviennent à s’imposer dans toutes les villes principales du pays, hormis à Pasto. Ils l’emportent ainsi dans tous les départements exceptés ceux de Nariño, Norte de Santander et Boyacá. Ils parviennent même à gagner, bien que les résultats soient serrés, dans les départements d’Antioquia, de Caldas et de Cauca, autrefois hostiles à Gaitán. Finalement, le 24 octobre 1947, les membres libéraux du Congrès proclament Jorge Eliécer Gaitán comme étant leur candidat officiel pour les élections présidentielles de 1950.

En 1948, quelques mois avant sa mort, Gaitán est nommé docteur honoris causa par l’Universidad Libre en sciences politiques et sociales. Le 7 février 1948, il organise la Marcha del Silencio (Marche du silence). Lors de cette manifestation politique, il demande au président Ospina que cessent les persécutions des autorités sur les libéraux, le gouvernement souhaitant restreindre les garanties politiques du parti libéral. Deux semaines après, la presse libérale dénonce le fait que le nom de Gaitán soit supprimé de la délégation colombienne pour la IXe Conférence Panaméricaine qui a lieu à Bogota.

Un assassinat mystérieux

Photo du meurtre de Jorge Eliécer  Gaitan.
Photo du meurtre de Jorge Eliécer Gaitan.

Le 9 avril 1948, à 13 h 05, Jorge Eliécer Gaitán est assassiné à la sortie de son bureau. Alors qu’il se rendait à une invitation du libéral Plinio Mendoza Neira, accompagné de trois de ses amis, Jorge Padilla, Alejandro Vallejo et Pedro Eliseo Cruz, un jeune homme du nom de Juan Roa Sierra tire trois fois sur l’homme politique. Une des balles perce les poumons de Gaitán tandis qu’une autre se loge à la base de son crâne. Emmené d’urgence par un taxi à la Clínica Central, il meurt aux environs de 14 h 00, alors que son ami et médecin Pedro Eliseo Cruz s’apprête à lui pratiquer une transfusion de sang. Après avoir tiré un quatrième coup en l’air, Roa Sierra s’échappe mais est capturé un peu plus loin par un policier, Carlos Alberto Jiménez Díaz, qui lui demande : « Dis-moi qui t’a donné l’ordre de tuer sinon tu seras lynché par le peuple ». Alors que le policier s’était enfermé avec le meurtrier dans une boutique, plusieurs personnes défoncent la porte, s’emparent de Roa Sierra et le frappent à mort, son corps étant ensuite traîné le long de la Carrera Séptima jusqu’à la place présidentielle. La mort de Juan Roa Sierra, tué par une foule en colère, empêche cependant de connaître les motivations qui l’ont poussé à commettre cet acte.

Aujourd’hui encore, les commanditaires de ce crime restent inconnus. Gaitán avait de nombreux ennemis tels que l’oligarchie colombienne, présente aussi bien au sein du Parti conservateur que de son propre parti, et qu’il n’a jamais cessé de dénoncer, le Parti communiste qui voyait en lui un adversaire d’autant plus dangereux qu’il était populaire. Il a également été dit que la CIA était impliquée dans son assassinat car elle ne souhaitait pas que Gaitán puisse mettre ses réformes sociales en place, ce qui aurait nui aux intérêts des compagnies bananières américaines telles que la United Fruit Company. Le doute demeure sur son implication, la CIA ayant détruit en 1972 tous les documents qu’elle avait sur lui].

Selon de nombreuses spéculations, Gaitán aurait été vraisemblablement élu président de la République s’il n’avait pas été assassiné le 9 avril 1948. À la suite de cet assassinat, une insurrection armée, appelée Bogotazo, éclate. Cette période de troubles est le premier épisode de La Violencia. Gaitán, qui s’opposait à l’usage de la violence, était déterminé à poursuivre la stratégie d’élire un gouvernement de gauche, reniant l’approche révolutionnaire communiste violente typique de la guerre froide. Son assassinat aboutit à une période de grande violence entre les conservateurs et les libéraux, facilitant également l’émergence de deux groupes de guérilla marxistes : les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de libération nationale (ELN). D’après sa fille Gloria, Gaitán disait que si on l’assassinait, « l’oligarchie sait que le pays se soulèvera, et cela durera plus de 50 ans ». De fait, même si la violence en 2014 n’a plus l’intensité du début des années 1950, la Colombie n’a pas connu de paix stable depuis plus de  60 ans.

 BOGOTAZZO ET LA VIOLENCIA

Voici des  photos  de la période critique suivant l’assassinat de Gaitan.

Les événements:

À la suite du meurtre de Jorge Eliécer Gaitán, alors considéré comme vainqueur probable des prochaines élections présidentielles, par Juan Roa Sierra pour des motifs inconnus, la foule déchainée met à mort l’assassin, puis envahit et saccage le Capitolio, où se tenait la conférence de l’Organisation des États américains. En l’absence de la police et de l’armée, les pillages se multiplient. Après s’être emparés d’une station de radio, des partisans de Gaitán appellent le président Mariano Ospina Pérez à démissionner. Ce dernier, son cabinet et les dirigeants libéraux ne parviennent pas à un accord sur les mesures à adopter et la situation ne cesse d’empirer, et la violence s’étend à d’autres villes: Medellín, Ibagué et Barranquilla.

Quand, après plusieurs jours de tueries, pillages et incendies, l’ordre est finalement rétabli par l’intervention de l’armée, le bilan s’établit à près de 1 900 morts , des milliers de blessés et 136 édifices détruits, dont le palais historique de San Carlos, le palais de justice et le couvent dominicain.

Page d'un journal de 1973 commémorant l'événement.
Page d’un journal de 1973 commémorant l’événement.

 

Immédiatement  après le meurtre de Gaitan,la colère s'empare du peuple.
Immédiatement après le meurtre de Gaitan,la colère s’empare du peuple.

 

Le peuple tout entier descendit dans la rue.
Le peuple tout entier descendit dans la rue.

 

La violence augmenta et le peuple s'en prit aux édifices du gouvernements et des entreprises américaines.
La violence augmenta et le peuple s’en prit aux édifices du gouvernements et des entreprises américaines.

 

On peut lire la colère sur les visages des gens.
On peut lire la colère sur les visages des gens.

 

Un tramway  complètement rasé par le feu.
Un tramway complètement rasé par le feu.

 

Des immeubles incendiées.
Des immeubles incendiées.

 

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Puis lentement l'arrivée des soldats.
Puis lentement l’arrivée des soldats.
Équipée en grande partie de matériel militaire d'origine allemande,l'armée s'intalla à demeure.
Équipée en grande partie de matériel militaire d’origine allemande,l’armée s’intalla à demeure.

 

Une partie de l'armée colombienne semble être équipée de matériel américain...à moins qu'ils s'agissent de "conseillers militaires"1
Une partie de l’armée colombienne semble être équipée de matériel américain…à moins qu’ils s’agissent de « conseillers militaires ».

 

L'attaque des militaires.
L’attaque des militaires.

 

Après l'attaque des militaires,les rues étaient couvertes de cadavres...des ouvriers et des manifestants.
Après l’attaque des militaires,les rues étaient couvertes de cadavres…des ouvriers et des manifestants.

 

Il existe de nombreuses  photos de morts dus à  cet événement.
Il existe de nombreuses photos de morts dus à cet événement.

*(à suivre …: tître de la suite: L’United Fruit Company et la mise en esclavage du  peuple colombien par l’oligarchie

 

 

Sources:

Hernando Calvo Ospina
Wikipédia ,documents personnels.
 

(1) Hernando Calvo Ospina, Colombie, derrière le rideau de fumée, Le Temps des Cerises, Pantin, 2008.

(2) Ignacio Rengifo, Memorias del Ministerio de Guerra, Bogotá, 1927.

(3) Le développement de la grève et la répression qui s’abat ensuite sur les travailleurs sont décrits dans l’enquête réalisée par le député libéral Jorge Eliécer Gaitán (assassiné en 1948), et présentée au Congrès colombien en septembre 1929.

(4) Ricardo Sanchez, Historia Política de la Clase Obrera en Colombia, Ed. La Rosa Roja, Bogota, 1982.

(5) Gaitán, candidat aux présidentielles, devenu l’ennemi de l’oligarchie, fut assassiné le 9 avril 1948 à Bogota. Ce qui déclencha une période connue sous le nom de « la Violence », qui en six ans causa la mort de trois cents personnes, presque tous des paysans.