Al Qaïda attaque: 27 morts dans la prise d’otages de l’Hôtel Radisson ,à Bamako

Au Mali, 27 personnes, dont deux assaillants, sont mortes vendredi,20 novembre 2015, lors de l’attaque d’un grand hôtel de Bamako revendiquée par le groupe islamiste Al-Mourabitoune et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a annoncé le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta.

L'hystérie collective était palpable lors de la prise d'otages.
L’hystérie collective était palpable lors de la prise d’otages.

Un responsable des Nations unies avait auparavant avancé sous le sceau de l’anonymat un bilan de 27 morts.

L’attaque contre l’hôtel Radisson Blu a également fait sept blessés, a précisé Ibrahim Boubacar Keïta, qui a décrété l’état d’urgence dans l’ensemble du pays pour une durée de dix jours à partir de minuit.

« Ce soir, le bilan est lourd », a déploré le président malien pendant une allocution à la télévision d’État, avant de déclarer trois jours de deuil national.

L’attaque a débuté dans la matinée, se transformant en une longue prise d’otages, avant l’assaut donné par les forces spéciales maliennes pour libérer les 170 personnes retenues, après plus de sept heures de confrontation. Une source proche des services de sécurité a annoncé la fin de la prise d’otages en début de soirée.

Un témoin direct, Modi Coulibaly, qui a assisté au début de l’attaque, a déclaré que les assaillants avaient tué deux gardes de l’hôtel devant ses yeux et blessé une autre personne d’une balle dans le ventre.

L’établissement visé accueille de nombreux étrangers.

Un ressortissant belge, employé au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, figure parmi les morts, a fait savoir son employeur. Un ressortissant américain a également été tué, selon le département d’État.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a déclaré en début de soirée sur TF1 qu’aucun Français ne figurait parmi les victimes.

« Une vingtaine de Français qui étaient dans l’hôtel sont en sécurité à l’ambassade de France », a-t-il encore indiqué.

Des forces spéciales françaises en soutien

Jean-Yves Le Drian a précisé que des forces spéciales françaises stationnées dans la région étaient arrivées sur place vers 15 h et qu’elles étaient intervenues « en soutien des forces de sécurité maliennes » lors de l’assaut donné à

l’établissement.

Un otage évacué de l'hôtel Radisson Blu par les forces de sécurité maliennes, à Bamako, le 20 novembre 2015.
Un otage évacué de l’hôtel Radisson Blu par les forces de sécurité maliennes, à Bamako, le 20 novembre 2015.

Les forces maliennes se sont heurtées aux assaillants au troisième étage de l’établissement et ont donné l’assaut vers 16 h 30 avec l’appui des militaires français. Elles ont ensuite progressé pièce par pièce et étage par étage pour débusquer les preneurs d’otages, a déclaré le ministère français de la Défense.

« Au cours de la progression, deux terroristes sont tués et les otages libérés », a ajouté le ministère, précisant que deux militaires français avaient été légèrement blessés.

La France a également dépêché sur place des hommes du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) qui sont arrivés en début de soirée au Mali, pays où résident 7200 ressortissants français, selon le Quai d’Orsay, dont 6200 à Bamako, ceci afin de « parer à toute éventualité », a encore déclaré Jean-Yves Le Drian.

La prise d’otages, une semaine jour pour jour après les attentats de Paris revendiqués par l’organisation terroriste État islamique (EI), vise un pays en première ligne dans les violences à caractère islamiste, où la France est intervenue en 2013.

Al-Mourabitoune

Le fondateur du groupe terroriste Al-Mourabitoune,allié à Al-Qaïda est le djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar et liée à Al Qaïda, qui a déjà joué un rôle dans plusieurs attaques contre des intérêts occidentaux dans la région du Sahel.
Le fondateur du groupe terroriste Al-Mourabitoune est le djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar et liée à Al Qaïda, qui a déjà joué un rôle dans plusieurs attaques contre des intérêts occidentaux dans la région du Sahel.

Le groupe armé qui revendiqué la prise d’otages est une branche d’Al-Qaïda au Sahel particulièrement active et violente.

Al-Mourabitoune, [en arabe « Les Almoravides », en référence à une dynastie berbère du Moyen-âge], est un groupe armé affilié à AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) qui sème la terreur depuis 2013 dans le Sahel. Le Mali, en raison de son instabilité depuis 2012, est l’une de ses cibles privilégiées. Son chef Mokhtar Belmokhtar est réputé pour être l’un des djihadistes les plus sanguinaires de la région.

Récemment, le groupe a démenti son allégeance à l’État Islamique en rappelant sa loyauté envers Al-Qaïda et « l’imam » Oussama ben Laden.

Al-Mourabitoune n’en est pas à son premier attentat : en 2015 seulement, le groupe armé a mené au moins trois attaques terroristes au Mali, visant la plupart du temps des Occidentaux, des militaires français et des Casques bleus.

Réciter des versets du coran pour avoir la vie sauve

Voici à quoi ressemblent les djihadistes d'Al-Mourabitoune dans le désert  au nord du Mali.
Voici à quoi ressemblent les djihadistes d’Al-Mourabitoune dans le désert au nord du Mali.

Cette attaque a été revendiquée sur Twitter par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique et notamment connu pour la sanglante prise d’otages d’un complexe gazier dans le Sud algérien en janvier 2013. La revendication a été jugée très plausible par la France et les États-Unis.

Le commando islamiste a fait irruption à 07 h dans l’hôtel en criant « Allahou Akbar » (« Dieu est grand ») et a progressé étage après étage dans l’établissement, prenant en otage 170 personnes – 130 clients et 40 employés, selon le groupe hôtelier Rezidor, qui gère l’établissement.

Au sein des services de sécurité, on indique que le commando comprenait au maximum dix hommes, mais, selon le groupe Rezidor, ils n’auraient été que deux.

Certains otages ont réussi à s’échapper dans les premières heures de l’attaque. D’autres, en nombre indéterminé, ont été relâchés après avoir montré aux membres du commando qu’ils étaient capables de réciter des versets du Coran, a-t-on appris de source proche des services de sécurité.

Douze salariés d’Air France, deux pilotes et dix membres d’équipage, ont été exfiltrés et conduits en lieu sûr, a annoncé la compagnie française, qui a annoncé la suspension sine die de ses vols entre Paris et Bamako.

Cinq des sept employés de la compagnie aérienne turque Turkish Airlines présents dans l’hôtel ont été libérés, ont fait savoir les autorités turques.

Le Pentagone a annoncé que 22 militaires et employés civils travaillant pour le département américain de la Défense avaient été récupérés.


EN BREF SUR CETTE NOUVELLE

« La prise d’otages à l’hôtel Radisson de Bamako est terminée », indique une source militaire auprès de l’AFP, vendredi 20 novembre.sur TF1, le ministre dela Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé qu’à sa connaissance, il n’y avait pas de victime françaises. 

• Le président Malien annonce que l’attaque a fait 21 morts, selon Reuters. D’autres sources évoquaient le chiffre d’au moins 27 morts, dont trois assaillant . Le gouvernement malien a annoncé avoir décrété un deuil national de trois jours et l’état d’urgence pour 10 jours à compter de vendredi minuit.

• Un Belge et un Américain figurent parmi les victimes. Un ressortissant belge, employé au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, figure parmi les morts, a fait savoir son employeur. Un ressortissant américain a également été tué, selon le département d’Etat.

• Pas de Français parmi les victimes à ce stade. La compagnie Air France a confirmé que ses 12 membres d’équipage à Bamako avaient été exfiltrés et se trouvaient en sécurité. Aucun Français ne figure à ce stade au nombre des victimes identifiées, a déclaré le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. 

• L’attentat revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune. Al Mourabitoune est né en 2013 de la fusion du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et des Signataires par le sang, groupe dirigé par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.


 

MOKHTAR BELMOKHTAR EST_IL  VRAIMENT MORT?

Des hommes de Mokhtar Belmokhtar derrière leur sombre drapeau.
Des hommes de Mokhtar Belmokhtar derrière leur sombre drapeau.

 

Vidéo:

 Mokhtar Belmokhtar est-il vraiment mort?

Il était l’une des cibles principales des Occidentaux. Le terroriste Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaida, aurait été tué, dimanche 14 juin 2015, par une frappe américaine. Si la nouvelle a été annoncée par la Libye, Washington reste prudente et n’a pas encore confirmé sa mort. « Il n’y a pas de présence occidentale officielle en Libye donc il va falloir, soit procéder à des prélèvements ADN, soit par des sources intermédiaires confirmer que ce chef est mort »? note Jean-Christophe Notin, auteur de « La guerre de la France au Mali ».
La frappe a eu lieu à Ajdabiya, à 160 km à l’ouest de Benghazi (Libye), dans une ferme où le jihadiste tenait une réunion avec d’autres chefs terroristes.

Attentat d’In Amenas

Si l’information est bel et bien avérée, elle marquera la fin d’une longue traque. Mokhtar Belmokhtar, ancien chef d’Aqmi, avait revendiqué plusieurs attentats et de nombreuses prises d’otages ces dernières années.
Connu aussi sous le nom de « Monsieur Marlboro », cet Algérien de 43 ans avait créé, fin 2012, son propre groupe : les « Signataires par le sang ». C’est d’ailleurs en leur nom qu’il avait revendiqué l’attaque meurtrière sur le complexe gazier d’In Amenas, en janvier 2013.