Il n’y a jamais eu autant de CO2 dans l’atmosphère depuis 800 000 ans

Pas question ici de particules fines mais bien du polluant le plus commun de notre atmosphère : le CO2, dont les concentrations ne cessent d’augmenter. Pour la première fois, le cap symbolique des 400 ppm (part par million) a été dépassé cette semaine. « On a atteint le plus haut niveau en 800 000 ans », affirme samedi Jean-Pascal van Ypersele, professeur en climatologie à l’UCL et membre du GIEC, dans De Standaard.

« On a pu remonter à 800 000 ans grâce à l’analyse de bulles d’air dans la glace de l’Antarctique », explique le climatologue. « Le CO2 est l’un des plus importants gaz à effet de serre d’origine humaine et il joue un rôle crucial dans le réchauffement de la planète« , rappelle M. van Ypersele. « La dernière fois qu’on a atteint 400 ppm remonte à 2 à 3 millions d’années. A l’époque, la température de la Terre était d’un à deux degrés plus chaude qu’aujourd’hui. Si ce scénario se répète, la glace au Groenland devrait fondre en 500 à 1000 ans, ce qui ferait monter le niveau des eaux d’environ six mètres. Nous jouons avec le feu si nous n’agissons pas.« 

Une canette de CO2 par m³ d’air

Selon Jean-Pascal Van Ypersele, les concentrations actuelle de CO2 dans l’atmosphère représentent de l’ordre d’une canette de gaz carbonique par m³ d’air. Or, ces concentrations sont amenées à augmenter encore au rythme actuel de la consommation d’énergie fossile et de la déforestation d’origine humaine; et cela indépendamment des mécanismes naturels, par nature imprévisibles(éruptions volcaniques par exemple). Mais d’autres gaz à effet de serre (GES) sont également directement ou indirectement produits par l’activité humaine, comme le méthane. Celui-ci, dont les effets en tant que gaz à effet de serre sont jusqu’à 20 fois supérieurs à ceux du CO2, est non seulement produit par l’agriculture mais également libéré dans l’atmosphère dans le processus d’extraction des gaz de schiste ou encore libéré à la faveur de la fonte du permafrost.

Ensemble, les dégagements actuels de GES conduisent à rendre probable le plus mauvais scénario d’évolution des températures à l’échelle du globe, soit une augmentation moyenne de 4° à la fin du siècle. En revanche, en agissant dès maintenant sur les quantités de GES émises, et en dépit de leur capacité d’inertie (le fait que les quantités supplémentaires de GES produits aujourd’hui développeront seulement leurs effets dans les décennies à venir), il est encore possible de stabiliser la hausse des températures, celle-ci restant toutefois inéluctable selon les projections établies par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) sur la base des travaux compilés et certifiés par cette organisation.

Sources: RTBF.info