Des manifestants réclament un moratoire sur l’expulsion des migrants haïtiens

Un rassemblement s’est tenu samedi avant-midi devant les bureaux de l’Agence des services frontaliers, à Montréal, pour demander à Ottawa de rétablir le moratoire sur les expulsions vers Haïti.

C’est le réseau Solidarité sans frontière, qui lutte pour l’abolition des frontières et un statut légal pour tous, qui organisait l’évènement. L’organisme réclame la réinstauration du moratoire sur les renvois en Haïti.

Déclaré en 2004 en raison de l’instabilité et de la violence sur l’île, ce moratoire a été reconduit en 2010 à la suite au séisme qui a frappé le pays. Ce moratoire avait été levé à la fin de 2014.

La cinquantaine de manifestants qui étaient présents à Montréal déplorent notamment le fait que d’un côté, les migrants haïtiens continuent à être expulsés du Canada et que de l’autre, Ottawa reconnait que le climat social actuel en Haïti est dangereux.

Le 6 juillet dernier, d’importants soulèvements populaires ont éclaté en Haïti et le gouvernement canadien a réagi en recommandant d’éviter tout voyage dans le pays.

Avec le relatif retour au calme des derniers jours, les avertissements gouvernementaux ont été atténués. Affaires mondiales Canada recommande tout de même de faire preuve d’une grande prudence lors d’un voyage en Haïti, « en raison du taux de criminalité élevé en différents endroits du pays ainsi que des tensions politiques et sociales persistantes ».

Sur le site Internet de l’État canadien, des avertissements plus précis suggèrent aux Canadiens d’éviter des régions spécifiques où les conditions de sécurité sont « particulièrement instables et dangereuses ».

Taux d’acceptation en baisse

La Commission de l’immigration et du statut de réfugié indique par ailleurs que de moins en moins de demandeurs d’asile d’origine haïtienne voient leur demande acceptée. De février 2017 à mars 2018, seulement 10 % de ces demandes, dont la grande majorité sont faites par des migrants haïtiens entrés au Québec par le chemin Roxhamont, ont connu une fin heureuse.

On arrive à ce faible pourcentage en analysant les 7164 demandes d’asile déposées par des Haïtiens pour cette période. De ce lot, 1074 sont traitées et 98 ont été acceptées.

Cette situation exaspère la manifestante Jennie-Laure Sully, qui a pris la parole durant l’évènement de samedi.

Mme Sully croit qu’une solution commune, plutôt que des règlements individuels, devrait être instaurée. « On demande que les personnes soient traitées de façon respectueuse et que leurs droits humains soient respectés. Surtout, on veut une solution globale et collective; on ne veut pas de cas par cas », explique la manifestante.