Le Québec sous la gérance du crime organisé:À la Commission Charbonneau , retour sur la faillite des chiens de garde de l’intégrité

 La commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction a remis son rapport final mardi,le 24 novembre 2015.
La commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction a remis son rapport final mardi,le 24 novembre 2015.

Au-delà de l’implacable récit des faits et des quelques reproches destinés à des témoins-vedettes qu’on y retrouve, le rapport de la commission Charbonneau dresse une série de constats lapidaires au sujet des activités de surveillance et de contrôle dévolues à des ministères et à des organismes publics.

Personne n'oubliera jamais ce regard de la juge France Charbonneau.
Personne n’oubliera jamais ce regard de la juge France Charbonneau.

« La faiblesse des actions posées par ces organismes a créé un climat d’impunité que la commission a pu constater tout au long de ses travaux », peut-on y lire. Pourtant, « la juridiction des organismes de surveillance et de contrôle couvrait l’ensemble des phénomènes liés à son mandat. »

La commission présente une liste exhaustive des causes de cette situation, qui s’est soldée par un manque d’intégrité dans l’octroi des contrats publics, l’infiltration du crime organisé dans l’industrie de la construction, et de multiples violations des lois qui régissent l’industrie.

Elle relève notamment le « laxisme institutionnel », une « gouvernance défaillante », une « sous-utilisation des pouvoirs d’enquête et de vérification », une « allocation de ressources déficientes », des « carences » dans le recrutement et la formation, une « insuffisance » des outils de détection et d’interprétation « restrictive » des lois.

Voici une liste de ces organismes et de leurs manquements, mais aussi des solutions que propose la commission pour y mettre un terme.

Le ministère des Affaires municipales du Québec

Il a fait preuve d’un « certain laxisme institutionnel » et son mandat de surveiller la bonne gestion des deniers publics dans les municipales « n’a pas été rempli adéquatement ». En 1995, le rapport Martin l’avait informé que l’administration Vaillancourt à Laval se plaçait parfois en situation « d’apparence de favoritisme », mais « aucune conséquence ne s’est ensuivie ».

Avant 2010, souligne la commission, le ministre titulaire ne demandait par ailleurs jamais à ses fonctionnaires de faire enquête sur la conduite d’un employé municipal, ni à la Commission municipale du Québec (CMQ) d’enquêter sur l’administration financière d’une municipalité. Quant à la CMQ, son « inaction » a été causée par son interprétation des matières sur lesquelles elle peut enquêter ».

La commission recommande notamment de créer un poste de commissaire à l’éthique et au lobbyisme disposant notamment du pouvoir de déclencher, de sa propre initiative, des enquêtes en matière d’éthique visant tout élu, provincial ou municipal, tout membre du personnel politique de ces élus ainsi que toute enquête pénale en matière de lobbyisme.

Le ministère des Transports du Québec

Le service des enquêtes du MTQ « ne possédait ni les ressources ni l’expertise » pour faire des enquêtes sur des cas de collusion ou de corruption, souligne la commission, et il « ne collabore pas de façon structurée » avec la Sûreté du Québec et le Bureau de la concurrence.

Le ministère a aussi « négligé » de donner suite à différents rapports, dont ceux du vérificateur général du Québec, qui faisaient état de « problèmes récurrents » quant à son expertise, sa capacité à estimer le coût de travaux, son processus de suivi et sa gestion des extras. Du « laxisme institutionnel », conclut là encore le rapport.

La commission recommande notamment au gouvernement « d’accélérer les efforts d’accroissement de l’expertise interne » au ministère des Transports du Québec.

Jacques Drouin,le directeur général des élections.
Jacques Drouin,le directeur général des élections.

Le Directeur général des élections du Québec

Pendant longtemps, le DGEQ « n’a pas assumé adéquatement son rôle d’enquêteur et de poursuivant » dans des dossiers liés au financement de partis politiques provinciaux et municipaux. Un service des enquêtes avec du personnel permanent n’a été créé qu’en 2010. De nombreux témoins ont d’ailleurs avoué n’avoir été nullement inquiétés par le DGEQ.

Qui plus est, le DGEQ « n’a pas pris de mesures suffisantes » pour contrer les stratagèmes de prête-noms, même s’il avait été informé d’allégations « depuis au moins la fin des années 90 », souligne la commission. Avant 2012, précise-t-elle, aucun partage d’informations avec l’Agence du revenu du Québec n’avait lieu.

La commission fait quatre recommandations pour lutter contre le recours aux prête-noms en matière de financement politique – améliorer l’imputabilité des chefs de parti, rendre obligatoires les fiches de contribution utilisées par les partis et les candidats provinciaux pour qu’elles comportent le nom de l’employeur du contributeur, etc. – et trois autres destinées à améliorer la reddition de comptes du DGEQ.

Souvenons-nous des gros gras de la FTQ qui se caraissaient le dos sur une plage des mers du Sud.
Souvenons-nous des gros gras de la FTQ qui se caraissaient le dos sur une plage des mers du Sud.

La Commission de la construction du Québec

Sa contribution à la lutte contre le crime organisée a été « modeste », un « mince bilan » qui s’explique en partie par les « ratés » dans la gestion interne de l’organisme. « Certains représentants d’associations accréditées et certains membres du conseil d’administration se sont immiscés dans la gestion quotidienne de l’organisation, notamment en matière d’inspections, d’enquêtes et d’émissions de cartes de qualification », note la commission.

Quant au processus d’inspection et de plaintes, il a fait « l’objet de manipulations » et était « fréquemment instrumentalisé » par des représentants syndicaux et patronaux et des entrepreneurs. Les relations avec des individus liés au crime organisé de Jocelyn Dupuis, membre du C.A. de 1998 à 2009, ont aussi pu « favoriser un relâchement sélectif » des inspections.

La commission recommande de limiter le mandat des administrateurs de la CCQ et de la CSST à deux mandats consécutifs de trois ans, et d’interdire à quiconque d’être simultanément administrateur à la CCST, administrateur à la CCQ et président ou directeur général d’une association patronale ou syndicale. Plusieurs recommandations visent en outre à mieux outiller la CCQ pour combattre l’intimidation sur les chantiers.

La Régie du bâtiment du Québec

L’organisme qui veille au respect de la Loi sur le bâtiment « n’a pas joué son rôle de rempart » contre l’infiltration du crime organisé dans l’industrie. Pourtant, elle peut s’appuyer sur la notion de « confiance du public » pour effectuer un certain contrôle et refuser, annuler ou suspendre certaines licences.

« Aucun des entrepreneurs liés de près ou de loin au crime organisé, et dont il a été question dans le cadre des travaux de la commission, n’a été convoqué à une audition devant la RBQ ou n’a vu sa licence annulée ou suspendue en raison de ses mauvaises mœurs », résume la commission.

Elle recommande au gouvernement de resserrer les règles relatives à la période de carence imposée aux entrepreneurs reconnus coupables d’un acte criminel, d’élargir l’examen sur la vérification des antécédents criminels des actionnaires d’une entreprise de construction et de créer des sanctions pénales pour les titulaires ou les demandeurs d’une licence de la RBQ.

La Sûreté du Québec et le DPCP

De 1996 à 2008, la police provinciale n’a mené que six enquêtes sur des cas de corruption. Avant 2009, seuls sept enquêteurs se consacraient à cette tâche… quand ils n’étaient pas prêtés à d’autres équipes. Ses enquêtes, essentiellement fondées sur des dénonciations, donnaient rarement lieu à de l’écoute électronique, comme lors d’opérations visant le crime organisé.

La donne a évidemment changé avec l’arrivée de l’escouade Marteau, en 2009. Au cours des cinq années qui ont suivi, 30 enquêtes, dont 15 liées à l’industrie de la construction, ont abouti à 127 mises en accusation. L’escouade est aujourd’hui une unité d’enquête de l’UPAC.

Quant au DPCP, la commission lui reproche de faire une « interprétation restrictive des lois ».

Lors de son témoignage à la commission Charbonneau, le syndic adjoint de l'OIQ, André Prud'homme, avait expliqué qu'une enquête de deux ans avait été nécessaire pour conclure à la…
Lors de son témoignage à la commission Charbonneau, le syndic adjoint de l’OIQ, André Prud’homme, avait expliqué qu’une enquête de deux ans avait été nécessaire pour conclure à la…

L’Ordre des ingénieurs du Québec

L’ordre professionnel des ingénieurs a consacré « peu d’efforts » à la prévention et à la détection » de pratiques frauduleuses, un problème, dont elle a « pris conscience tardivement ». De 1996 à 2010, ses enquêtes sur la collusion, la corruption et les dons politiques ont été « marginales »; dans les quatre années suivantes, elle a toutefois reçu 668 demandes d’enquêtes.

Le syndic a mis en place une équipe chargée de ces enquêtes en 2013, mais l’OIQ manque toujours de ressources, en raison de la faiblesse des cotisations. Les ingénieurs verseront 325$ par année à compter de 2016-2017, ce qui demeure cinq fois moins que les avocats ou quatre fois moins que les médecins. Il revient à l’Office des professions du Québec d’agir à ce sujet.

Soulignant la « culture organisationnelle » de certaines firmes « qui laissait libre cours à certaines pratiques déviantes », la commission propose de modifier le Code des professions du Québec pour qu’elles soient assujetties à l’OIQ, comme c’est le cas partout ailleurs au Canada et dans 35 États américains. À l’heure actuelle, l’OIQ peut uniquement sanctionner des individus.

L’Office des professions du Québec

Le rôle de l’OPQ est de s’assurer que les ordres professionnels, dont l’OIQ, disposent des moyens nécessaires pour garantir la protection du public. Or, le président de l’OPQ, Jean-Paul Dutrisac, a admis n’avoir constaté aucune anomalie à l’OIQ avant 2012-2013, et a reconnu que, sans les travaux de la commission, il n’aurait peut-être pas pris la mesure des problèmes la concernant. L’OPQ a depuis lancé un avertissement à l’OIQ concernant ses cotisations et mis en place un accompagnement particulier.

La commission constate en outre que l’OPQ n’effectue « aucune reddition de comptes standardisée » lui permettant de s’assurer que les ordres professionnels soient en mesure de protéger le public. Elle recommande donc au gouvernement de modifier le Règlement sur le rapport annuel d’un ordre professionnel afin de remédier à cette situation.

Selon la commission, il est « crucial » que l’OPQ s’assure de disposer de l’information nécessaire pour mener à bien sa mission de surveillance, et qu’il puisse poser un « regard critique » sur les données obtenues. À l’heure actuelle, il n’a « aucune balise » lui permettant d’évaluer si les actions des ordres professionnels permettent de protéger adéquatement le public.

Le célèbre Rambo ...
Le célèbre Rambo …

Le Bureau de la concurrence du Canada

L’organisme fédéral chargé de veiller au respect de la Loi sur la concurrence et responsable des enquêtes sur la collusion souffre d’un manque de ressources et sous-utilise son pouvoir d’enquête et de vérification, dit la commission. Sa collaboration avec les organismes de compétence provinciale est « imparfaite ».

Résultat : entre 2000 et 2006, le Bureau de la concurrence n’a déposé aucune accusation visant l’industrie de la construction au Québec, comme l’a noté le spécialiste du droit de la concurrence Yves Comtois. Selon lui, une douzaine d’employés travaillent pourtant sur les cartels dans la province.

N’ayant aucune compétence sur les organismes fédéraux, la commission recommande que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) adopte et diffuse une politique claire stipulant qu’elle a la compétence requise pour intenter des poursuites criminelles fondées sur la Loi sur la concurrence au Canada.

Sources:informations,Radio Canada

 

Le Québec sous la gérance du crime organisé:le rapport Charbonneau comprend 1741 pages, mais 0 blâme

Nous parlons ici de l’apothéose du néolibéralisme le  plus pur!

Il y a eu de la corruption et de la collusion à grande échelle dans l’industrie de la construction et l’appareil politique au Québec, mais la juge Charbonneau ne blâme officiellement personne, ce qui laisse de nombreux observateurs sur leur appétit.

Mardi matin, la juge France Charbonneau a décrit les principales conclusions de son rapport fort attendu, pendant une vingtaine de minutes. Mais elle n’a répondu à aucune question pour défendre le travail de la Commission.
Mardi matin, la juge France Charbonneau a décrit les principales conclusions de son rapport fort attendu, pendant une vingtaine de minutes. Mais elle n’a répondu à aucune question pour défendre le travail de la Commission.
  • Consultez le rapport, ici.

Dans son très volumineux rapport produit au terme de 4 ans de travaux qui ont coûté presque 45 M$ aux contribuables, la Commission (CEIC) écorche principalement l’ex-maire de Montréal Gérald Tremblay, estimant qu’il aurait dû savoir ce qui se passait sous son nez à titre de maire et chef de parti.

Jean Charest a toujours dit n’avoir rien vu, lui non plus. Mais l’ex-premier ministre et ex-chef du PLQ est épargné par le rapport. Tout comme ceux qui dirigeaient le PQ et de l’ADQ, des partis qui ont aussi violé les lois électorales. Au provincial, ce sont les formations politiques, et non les individus, qui sont blâmés.

«On a l’impression qu’ils vont tous sabrer le champagne ce soir», a laissé tomber le député de Québec solidaire Amir Khadir, mardi.

Son opinion trouve écho chez le syndicaliste Ken Pereira, l’un des témoins-vedettes de la Commission.

«Je voulais plus. Je pense qu’ils ne sont pas allés assez loin. Je me suis vidé, j’ai tout dit ce que j’avais à dire, et finalement, il n’y a même pas de tapes sur les doigts», a-t-il affirmé .

« Pas très mordant »

Le rapport et ses annexes, d’un total de plus de 1700 pages, ne contiennent que deux fois le mot «blâme», et il est utilisé en référence à deux autres documents.

Le rôle d’acteurs-clés, comme Nicolo Milioto (l’entrepreneur qui remettait de l’argent à la mafia), ou Marc Bibeau (qui organisait le financement sectoriel du PLQ), est décrit, mais les commissaires se gardent bien de le qualifier ou de le dénoncer.

«Ce rapport va être sûrement décevant pour plusieurs personnes, car il y a eu peu de blâmes. Ce n’est pas un rapport très mordant», a estimé Bernard Motulsky, professeur à l’Université du Québec à Montréal. «On ne pointe pas spécifiquement d’hommes ou de femmes politiques. C’est assez vague», a renchéri Emmanuel Choquette, de l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke.

En ce qui concerne l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt, accusé de gangstérisme, il est presque invisible. Les passages qui le concernent ont été caviardés parce que son dossier est devant les tribunaux.

Pas dans le mandat

L’ex-entrepreneur Lino Zambito, qui a beaucoup collaboré à l’enquête, est déçu que la CEIC n’ait pu établir de lien entre le financement illégal et les firmes de génie-conseil.

«À un moment donné, il faut lire entre les lignes. [Les firmes] ne faisaient pas juste du financement pour le plaisir de le faire», reproche-t-il à la CEIC.

«La juge avait déjà mentionné que son but n’était pas de trouver des personnes coupables, mais d’identifier les stratagèmes et des solutions», tempère de son côté Danielle Pilette, professeure en gestion municipale à l’UQAM.

Ni les commissaires France Charbonneau et Renaud Lachance, ni les procureurs de la CEIC n’ont répondu aux questions mardi.


7 choses importantes à savoir

 

1. L’enquête menée par la commission Charbonneau a confirmé l’existence d’un problème de corruption et de collusion au Québec «beaucoup plus étendu et enraciné qu’on pouvait le penser».

2. Le blanchiment d’argent provenant de la drogue est la principale motivation du crime organisé, notamment de la mafia, pour infiltrer les entreprises de construction. Des cartels empêchent d’autres entrepreneurs de soumissionner sur des contrats publics. Certains ont été́ victimes de menaces, d’intimidation et de voies de fait.

3. Les liens ont clairement été établis entre le financement politique des partis et l’octroi et la gestion de contrats publics. Ces liens sont différents sur les scènes municipale et provinciale. 

4. Les apparences de conflits d’intérêts de certains dirigeants de la FTQ et de la FTQ-Construction ont été révélées par les témoignages. N’empêche que d’ex-hauts dirigeants – comme Jean Lavallée et Michel Arsenault – ne sont pas directement blâmés.

5. Plusieurs des acteurs dont les actions – parfois douteuses – sont décrites dans le rapport Charbonneau n’y sont pas blâmés. C’est notamment le cas de l’ex-président du comité exécutif Frank Zampino, du syndicaliste Bernard «Rambo» Gauthier, de l’argentier d’Union Montréal Bernard Trépanier et de l’ex-entrepreneur Tony Accurso. 

6. La faiblesse des actions posé́es par des organismes de contrôle et de surveillance a créé un climat d’impunité.

7. Quelques pépins sont survenus mardi. Le site web de la commission a été non fonctionnel pendant de longues minutes suivant la mise en ligne du rapport tant attendu. C’est sans compter qu’on a oublié de caviarder un extrait sous le coup d’une ordonnance de non-publication. La commission a dû se raviser en après-midi.  

 


COÛT TOTAL

  • 44 779 775 $*

 

  • Rémunération: 18 153 643 $
  • Honoraires: 13 903 435 $
  • Loyer: 3 564 929 $
  • Fonctionnement: 9 157 768 $ soit 25 720,72 $ par page du rapport
  • 1741 pages de rapport
  • 263 jours d’audience
  • 300 personnes entendues
  • 3600 documents déposés
  • 7500 communications du public reçues
  • 70 000 pages de transcription

Le parti libéral du Québec n’a pas à s’inquiéter

 

Désolé de casser le party comme on dit par chez nous mais contrairement à ce que titre La Presse ce matin, je doute que la Commission Charbonneau (CEIC) ne fasse bien mal au parti libéral du Québec. Je serais énormément surpris si le PLQ se voyait déstabilisé par cette commission, et ce pour plusieurs raisons.

CEIC a protégé le PLQCEIC Normandeau

A) La Commission Charbonneau a protégé le parti Libéral. Du moins s’est-elle assurée de ne pas trop embêter le « politique » et 95% du politique à embêter est au PLQ; n’en déplaise à ceux qui font tout pour essayer de salir les autres partis afin de dissoudre le blâme à toute la classe politique. On se souvient de l’entrevue percutante qu’a accordé l’ex policier Tremblay de l’Unité anti-Collusion à Bryan Myles de L’Actualité et du Devoir. Selon cet enquêteur chevronné, la CEIC a manqué à son mandat en ce qu’elle a volontairement négligé des éléments de preuves essentiels à la compréhension du financement illicite au PLQ. Il est tout à fait inadmissible que cette commission n’ait pas entendu et confronté publiquement un témoin comme Marc Bibeau, pierre angulaire de l’organisation du financement occulte libéral selon plusieurs sources. Oui, on a entendu à la hâte, et à hui-clos, Marc Bibeau, mais rien ne justifie qu’il n’ait pas subi le même genre d’interrogatoire que Bernard Trépanier par exemple. En protégeant Marc Bibeau, on s’assurait de ne pas étaler au grand jour le coeur du stratagème de financement libéral à partir de la collusion et de la corruption, le comté 127, etc. On doit aussi rappeler la comparution bâclée, complaisante de certains députés du PLQ, nommément celle de Nathalie Normandeau. On se souvient de la critique très dure faite par la journaliste Isabelle Riche qui était mal à l’aise devant le parti pris de la juge Charbonneau qui a tout fait pour « réhabiliter » Nathalie Normandeau plutôt que de l’interroger ou la confronter en fonction des éléments de preuve dont la commission disposait.

CEIC peut sortir ce elle veutCapture d’écran 2015-11-23 à 11.53.29

B) Le parti Libéral s’en tirera aussi à cause du timing. Les militants libéraux étaient bien plus nerveux lors de la dernière campagne électorale alors que le risque était plus grand que la Commission Charbonneau n’affecte les chances du PLQ d’être réélu. Cependant, la CEIC a fait une longue pause, on s’est assuré que rien ne sorte pendant la campagne électorale et c’était sans compter, bien sûr, sur cet électorat libéral captif qui n’a absolument rien à cirer de la CEIC ou des travaux de l’UPAC. Dès que les résultats de la dernière élection ont été confirmés, de nombreux militants libéraux se bidonnaient et envoyaient un doigt d’honneur à la CEIC et à la population du Québec en quelque sorte : « Ils peuvent sortir ce qu’ils veulent l’UPAC et la CEIC, on est là pour 4 ans! »

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En fait, le PQ a plus souffert du reportage d’Alain Gravel et de sa source anonyme qui salissait le mari de Pauline Marois que le PLQ des 21 visites de l’UPAC (contre zéro pour tous les autres partis). Gravel a été blâmé pour ce reportage par la suite (Radio-Canada a contesté le blâme), mais le mal était fait. Au final, aussi hallucinant que cela puisse paraître, le PQ aura été puni plus sévèrement dans cette affaire que le PLQ.

PLQ-PQ financement

C) Le parti Libéral s’en tirera aussi car ses alliés (institutionnels, médias, affaires) ne le laisseront pas tomber. Si des blâmes politiques sont lancés par la CEIC, on s’assurera d’effleurer juste assez le PQ pour diffuser les conséquences, on beurrera le plus large possible toute la classe politique et l’appareil gouvernemental afin d’éviter de ne pointer QUE le PLQ alors qu’essentiellement, cette problématique relève surtout de la collusion et de la corruption libérale. Pendant la période visée par la Commission Charbonneau (et avant que la corruption ne devienne LE sujet de controverse), on observe d’ailleurs l’augmentation indécente des dons politiques au PLQ quand ces derniers sont au pouvoir (surtout durant l’ère Charest) versus dans l’opposition.

Capture d’écran 2015-11-23 à 12.35.48

On se souviendra que rien de ce qui avait été dévoilé sur la collusion libérale pendant tout le long règne de Charest, rien sur le passé éthique trouble de Philippe Couillard, rien sur le fait que l’équipe de Couillard en 2014 était essentiellement la même qui avait été chassée dans la honte en 2012 suite à un long chaos social… rien de tout cela n’a empêché Gesca d’appuyer le parti Libéral dans tous ses journaux en avril 2014.

En fin de compte, le parti Libéral du Québec n’a pas à s’inquiéter de la Commission Charbonneau surtout parce que ni ses appuis électoraux, ni ses accointances institutionnelles ou affairistes ne le sanctionneront pour son rôle dans la corruption ou la collusion. On se souviendra en 2009 alors que Gérald Tremblay, maire sortant de Montréal miné par les révélations sur la corruption, se trouvait en combat électoral contre Louise Harel, une méchante « séparatiste », la réaction du West-Island Gazette avait été de proposer les escrocs plutôt que les séparatistes: « Better Crooks than Separatists » (Michel David dans un texte du Devoir y avait fait référence d’ailleurs…).

Voilà pourquoi le PLQ ne sera pas inquiété. Il existe une proportion assez grande de Québécois qui souscrivent à la prémisse que battre les séparatistes est plus important que des banalités comme la corruption. Le même argumentaire qu’avaient servi Jean Chrétien et Jean Pelletier pour justifier la fraude des Commandites.

 


EN CONCLUSION

 

Le fonctionnement même de l’Assemblée Nationale du Québec  baigne dans la corruption et la  collusion.Il est pratiquement impossible de récupérer  une toute petite partie de pouvoir politique sans côtoyer le crime organisé.Seule la désobéissance civile peut ébranler et renverser ce système corrompu…en autant que cette révolution venue du peuple élimine l’ensemble de la représentation politique de cette « pseudo Assemblée Nationale »  afin de remplacer totalement les choix politiques par d’autres plus respectueux.Le Parti libéral du Québec est coupable de nombreux crimes et son bannissement est la sentence minimale pour gérer l’État au profit de la Mafia.