William Kidd,de gentleman à pirate

William Kidd

 

Le vie trépidante de William Kidd, marchand, rebelle, aristocrate et marin. Un cocktail détonnant, qui placera Kidd, à de nombreuses reprises et pour de nombreuses raisons, sous les bonnes ou mauvaises grâces de la couronne d’Angleterre.

William Kidd, né nous ne savons où. Les versions ou légendes le font naître au milieu du 16ème siècle, probablement en Angleterre ou en Ecosse (près de Greenock). Une chose est certaine, en 1691, il fait parti des hommes actifs et imminents de New York (Nouvelle Angleterre). Il habite la City (à la jonction Cedar St et de William St: toujours la légende), il est marié et possède de nombreux biens. Un bourgeois commerçant bien établi!

Ce qu’on suppose, c’est qu’il a l’expérience de la marine. Il a peut-être participé à la quasi-permanente guerre navale que se livrent l’Angleterre et la France. Guerre durant laquelle, Kidd aurait fait preuve de bravoure et de galanterie. On peut décidément donc saigner élégamment… En tout cas, Kidd semble, d’après les témoignages de son procès, avoir eu un comportement honorable dans ces jeunes années.
Nous sommes en Juin 1689, Jacob Leisler est nommé temporairement gouverneur de la Province (New York) et reste en place jusqu’en Mars 1691. Henry Sloughter est alors commissionné par la couronne (d’Angleterre) gouverneur royal. Fait banal, un banal intérim de pouvoir. Oui, mais… Si Leisler a administré la Province, ce ne fut pas sans heurt et une farouche opposition s’est mise en place (quand elle n’a pas tout simplement désertée la Province pour l’Albany). Leisler et son beau-fils finiront même jugés puis pendus en Mai 1691 (encore un meurtre judiciaire). Après l’arrivée de Sloughter, nous retrouvons le nom du capitaine Kidd dans un compte rendu de l’assemblée provinciale. William Kidd est remercié pour son rôle actif dans l’opposition à Leisler. Le 14 Mai, l’assemblée demande même au receveur général de payer £150 au capitaine Kidd pour ses bons et loyaux services. Ses services ont consisté à mettre à disposition de la Provence des navires armés. On retrouve en Juin 1691, des tractations entre la Province et Kidd pour organiser une chasse aux pirates qui hantent les côtes du Massachuetts. Si les lettres de tractation existent, rien ne prouvent quelles ont abouti et que la chasse aux pirates a été organisée. Mais qu’importe, ces démarches montrent que Kidd a une connaissance de la mer et des affrontements marins.
1695, la guerre qui a précédé l’accession au trône d’Angleterre du Prince d’Orange a fortement affecté les colonies britanniques. Les pirates entrent dans leur âge d’or, la guerre en Europe leur a ouvert des chemins inespérés. Les Indes Orientales sont fortement touchées et les lucratifs échanges commerciaux avec le Grand Moghol faiblissent. L’Angleterre n’a pas les moyens de défendre ses navires de commerce et un appel est lancé aux initiatives privées. Kidd est justement à Londres (pour commercer) à cette période. Son ami, Robert Livingston, la plus grande personnalité de la Province, est aussi dans la capitale anglaise. Très rapidement, ils se lancent dans l’aventure.
Le roi pourra fournir £3000 de sa caisse personnelle (à croire que les rois travaillent). Finalement ce sont ses ministres (Lord Somers, les comtes d’Orford, de Rummey et de Bellamont..) qui délient leurs bourses (un accident ne permettant pas à Sa Majesté de donner la somme promise).
Lord Sommers (chancelier d’état), le duc d’Halifax (ministre des finances), Richard Coote duc de Bellamont (un irlandais, gouverneur général de New-York et de la Nouvelle Angleterre) , Sir Richard Harrison, William Kidd et Robert Livingston forment alors une association.
Le 11 Décembre 1695, Kidd reçoit sa lettre de course. Il doit armer un navire et partir à la chasse des pirates, français et autres ennemis de l’Angleterre. Le 26 Janvier 1696, il reçoit une seconde lettre de course. Cette lettre est exceptionnelle. Elle donne une liste de personnes à arrêter (des pirates notoires dse côtes américaines), le capitaine Thomas Too, William Maze, John Ireland, le capitaine Thomas Wake. Kidd a pour mission de les arrêter et de les remettre dans les mains de la justice. Pour l’aider dans son action toutes les autorités doivent coopérer avec le capitaine Kidd. William Kidd est devenu un homme puissant.

L’Adventure Galley

 

En Avril 1696, Kid quitte l’Angleterre aux commandes du Adventure Galley un navire armé avec un équipage de 80 personnes. Il navigue directement vers New-York. En chemin, il capture un navire français. C’est la première prise. Le navire reste au port 3 ou 4 mois et monte son équipage à 155 hommes. En Juillet, le navire quitte New York pour Madère puis en route vers l’Océan Indien.

William Kidd est un fidèle sujet britannique des colonies d’Amérique. C’est un riche marchand de New-York, marin, défenseur de l’Angleterre contre les Français. En somme, un homme respectable, exécutant pour le compte d’un conglomérat d’hommes puissants (comte, ministres et autres gouverneurs) une chasse aux pirates le long des côtes américaines.
En tout cas, c’est l’image de Kidd à son départ. Mais très vite, l’homme surprend son monde. Il part bien à la chasse aux pirates mais ceux d’Indes Orientales plutôt que d’Indes Occidentales. Y-aurait-il eu méprise sur les termes?

Neuf mois de mer pour arriver à Madagascar et toujours rien. La morosité gagne l’équipage de l’Adventure. Un matin, trois voiles à l’horizon! Pas de doute ce sont des boucaniers avec deux prises. L’équipage s’agite fébrilement, ils vont enfin ramasser de l’or!
Consternation: Kidd déclare que ce sont des navires de guerre anglais… Le capitaine Warren commande cette flotille. Les entretiens entre les deux capitaines durent trois jours. Finalement, Kidd fuit à la faveur de la nuit après que Warren lui ait pressé quelques hommes. 
1697, l’Adventure arrive enfin à Madagascar et ses ports remplis de pirates. Une fois encore, c’est la déception: les pirates sont partis en chasse… Même pas un simple navire à se mettre sous la main. Le navire fait halte pour réapprovisionner puis met le cap vers Malabar et l’Inde. Il arrive à Malabar 4 mois plus tard, sans aucune prise. Le mécontentement règne à bord de l’Adventure. 
Puis un coup du destin, ils aperçoivent un navire à l’ancre près de l’île Joanna. Kidd met un canot à la mer, gagne l’île et découvre que le navire est français. Hélas, il est aussi vide! Son équipage et sa cargaison ont disparu. Cependant, il arrive à saisir de l’or aux Français qu’il retrouve. Les premières saisies se font à terre, Kidd est décidément un drôle de corsaire…
Puis c’est la route vers Malabar pour se réarmer. En route, il croise plusieurs vaisseaux de l’Empire Mongol (la puissance dominante de l’époque) allié de l’Angleterre. La tentation est grande pour Kidd et son équipage. La tentation est là: attaquer les marchands et faire facilement fortune ou suivre les ordres. L’équipage de l’Adventure a déjà fait son choix, le navire frôle la mutinerie. Les hommes sont prêts à franchir la frontière et à devenir pirates. 
Ils décident de franchir le Rubicon, en apprenant qu’une riche flotte mongole va être envoyée de la mer rouge en Chine, via le détroit de Babelmandel. La tentation est trop grande, Kidd annonce à son équipage qu’ils font attaquer le convoi. En chemin, à court d’argent, ils pillent un village d’autochtones. Puis, ils se mettent en embuscade et, après plusieurs jours d’attente, les voiles sont en vue. Une fois de plus, c’est la déception. Le convoi est accompagné de frégates anglaises et hollandaises. Kidd tente de se saisir rapidement d’un galion isolé. Il espère le capturer avant que les navires de guerre ne puissent intervenir. Mais, dès les premiers coups de canon, les frégates dévient leur route et partent vers le galion en détresse. Kidd préfère abandonner son projet. Il peut attaquer des navires mongols mais pas s’en prendre ouvertement à la marine anglaise. Il décide de retourner vers les côtes de Malabar. En chemin, il capture le Maiden un navire appartenant à un marchand d’Aden. Le Maiden est commandé par un Anglais, le capitaine Parker. Parker est finalement embauché par Kidd pour être son pilote ainsi qu’Antonio, un matelot portugais qui parle les langues de la région. Les autres hommes d’équipage sont violentés et torturés en vain car le Maiden ne recèle pas l’or tant attendu. 

 

Ensuite, c’est le retour à Malabar, plus exactement au port de Carawar où se trouvent également plusieurs navires de commerce anglais. Dès que l’Adventure arrive au port, Kidd reçoit la visite de gentlemen anglais: M Mason and M Harvey. Ces derniers l’accusent d’être un pirate et lui demandent ce qu’il a fait du Maiden, de son capitaine, et du matelot portugais. Kidd leur montre ses lettres de courses et leur fait remarquer qu’il est inconcevable qu’un homme ayant la confiance du roi puisse être à la tête d’une bande de pirates. Les deux hommes capitulent, même s’ils ne sont pas convaincus.
Pendant ce temps, évidemment, les Parker et Antonio sont confinés en fond de cale et sévèrement gardés. Kidd ne demande pas son reste et quitte rapidement le port.
Peu de temps après, un navire de guerre portugais entre à Carawar. Mason and Harvey parlent au capitaine portugais et lui font part de leurs doutes quant à Kidd. Le navire portugais se met en chasse de l’Adventure. Les deux bateaux finissent par se rencontrer: c’est l’affrontement. Après six heures de combats, Kidd décide de fuir le champ de bataille. Nouvelle déception: six blessés dans l’équipage, toujours pas de prise. L’Adventure doit cependant faire une escale à terre pour réparation et pour faire le plein de provisions. Sans argent, le ravitaillement se fait à coups de pistolet et de sabre. Au cours de la rapine, un homme d’équipage est tué. Les représailles ne tardent pas: l’Adventure canonne le village, les marins brûlent les huttes restantes. Un indigène est capturé, attaché à un arbre, puis chaque membre d’équipage lui tire une balle dans la tête. Kidd vient de signer un pacte de piraterie avec son équipage. Piraterie soit, mais piraterie terrestre…
Plus tard, l’Adventure croise un navire hollandais. L’équipage de Kidd veut le capturer, mais celui-ci refuse. La mutinerie s’installe. Kidd s’arme et déclare que quiconque veut capturer le navire hollandais peut y aller mais qu’il ne remette plus les pieds à bord de l’Adventurer. La tension monte encore d’un cran quand William Moore prend à parti Kidd l’accusant de les ruiner et d’en faire des mendiants de la mer. En guise de réponse, Kidd l’assomme d’un coup de saut. Moore meurt le lendemain. La mutinerie est matée. Etrange épisode qui voit un capitaine pirate refuser d’agir comme un pirate et s’oppose à son équipage qui souhaite hisser le pavillon noir. Kidd joue encore et toujours sur les deux tableaux.

Puis, c’est la fin de la campagne de corsaire, la croisade des pirates commence. Le 18 November 1697 un navire de commerce mongol est en vue. Kidd hisse le pavillon français et part en chasse. Le capitaine du bateau mongol est un Hollandais nommé Mitchel. Se voyant poursuivi par des Français, il fait hisser le pavillon français également. Kidd hisse alors son pavillon anglais. Le navire ne tarde pas à être pris. Prise légale: Kidd a arraisonné un navire français…
A son bord, Kidd trouve un capitaine hollandais et un Français nommé Leroy qui prétend être passager à bord du navire. Un navire mongol, allié des Anglais et commandé par un capitaine hollandais allié des Anglais, avec un passager Français, ennemi des Anglais. Kidd devrait libérer le bateau mais il a choisi son camp. Il prétend que le bâtiment est français et que Leroy en est le propriétaire. Il se doit donc de le saisir. Mensonge de pirate et justification légale: Kidd joue sur les deux tableaux! Le navire est saisi et baptisé November (devinez pourquoi…). Rapidement le November est revendu contre or et argent. 

1698, c’est un navire portugais qui croise la route de Kidd. Le navire est pris, sans un bléssé! La prise est correcte ($2000). Kidd relâchera le navire portugais sans violence. Au milieu du mois de décembre, un grand navire mongol, le Quedash Merchant, est repéré. 400 tonneaux! Kidd hisse le pavillon français et la chasse est lancée. Elle continue en canonnade et se termine par la rédition de Wright, le capitaine du Quedash Merchant. Kidd prend possesion du Quedash Merchant et se débarrasse de l’équipage en le laissant dériver dans des canots. 
Kidd a maintenant deux navires. L’Adventure est cependant en mauvais état et finalement Kidd choisi de le brûler. Kidd est un pirate et se rend au grand rendez-vous de la piraterie: le port de Sainte Claire (Madagascar). Ces derniers mois, il a empoché £64000, un joli magot. Son arrivée sur l’île est remarquée. Tous les pirates connaissent Kidd et surtout ses lettres de commission contre les pirates. L’un d’entre eux, Culliford, est surpris de voir Kidd arriver. Les deux hommes se connaissent, ils ont combattu ensemble les français sur le même navire le Blessed William. Le Blessed William été commandé par Kidd, avant d’être volé par Culliford à la suite d’une mutinerie Depuis, Culliford s’est fait une bonne réputation de flibustier. Ne sachant que faire, Culliford envoie des hommes sur le Quedash Merchant sonder Kidd. Les pirates apprennent que Kidd est l’un des leurs. Culliford l’invite même à son bord. A terre, les fêtes sont nombreuses, les bagarres aussi. Après quelques jours passé à madagascar, Kidd n’a plus d’équipage: mort, échappé, enrôlé sur d’autres navires (le Blessed William surtout)…
Quand Culliford quitte Sainte Marie le 15 juin 1698, Kidd n’a plus que 15 hommes d’équipage. Le temps sont difficiles pour Kidd qui a la réputation ni d’être un marin audacieux, ni d’être un capitaine « agréable ». Il arrive cependant à réarmer son bateau et décide de revenir vers les Indes Occidentales (les Caraïbes), £80000 en poche. Retour peut-être motivé par le fait que le gouverneur des Indes Orientales l’a fait placer sur la liste des pirates devant être arrêtés.

Le cimetière de pirates de Sainte Marie
Le cimetière de pirates de Sainte Marie

 

Le voyage est long et sans divertissement: pas une voile ne sera aperçue. En Mars 1699, le Quedash Merchant arrive à Anguilla (ou Snake Island) une île sur laquelle se trouve une petite colonie britannique. Ici, Kidd apprend qu’il a été nommé pirate par le parlement anglais, qu’une commission d’enquête est ouverte à son encontre et qu’un navire de guerre, le Queensborough, est à sa recherche. Il apprend aussi qu’un décret royal offre le pardon à tous les pirates de la côte Est du cap de Bonne Espérance qui se repentiront avant Avril 1699. Tous, excepté William Kidd et un certain Avery.

Les temps deviennent durs pour le capitaine Kidd.

Après de nombreux déboires, des revers de fortune et quelques mauvaises actions en Mer Indienne, William Kidd retourne aux Caraïbes. Sur l’île d’Anguilla, il apprend que son nom est noté sur la liste des pirates.

Kidd découvre avec étonnement qu’il est considéré comme un pirate, un hors-la-loi, par le gouvernement anglais. Il reste cependant confiant car sa mission est couverte par un ordre royal. Il a toujours trouvé une trace de Français à bord des navires qu’il a capturés. Il a même en sa possession des lettres de course en français qui légalisent ses prises. 
Kidd fait également confiance aux hauts personnages qui ont soutenu et financé son aventure. Des hommes aussi influents ne peuvent pas le laisser tomber ! Mais tout de même, le fait est accompli, il est accusé! En réalité, Kidd est devenu un bouc émissaire. Ces amis et mécènes sont devenus ses accusateurs les plus acharnés. Tous pour se couvrir de la rumeur selon laquelle « Kidd est devenu pirate » le dénoncent et l’accusent. Il est rapidement considéré comme l’ennemi publique numéro un. Un pirate, plus par réputation que par les faits.
A Anguilla, Kidd et son éqiupage sont sur leurs gardes. Ils scrutent l’horizon en permanence, à l’affut de la moindre voile sur l’horizon. Ils décident de gagner rapidement le Venezuela et l’ile de Curacoa. Le Venezuela est petit, certes, mais il est surtout hollandais c’est-à-dire hors des juridictions anglaises. Arriver à bon port, Kidd achète un sloop, l’Antonio, pour regagner New York. Il est bien décidé à prouver son innocence. Voyager avec le Quedash Merchant est trop risqué: le bateau est connu mais surtout c’est un navire mongol, allié de l’Angleterre. Les deux navires navigent jusqu’à Saint Domingue. Le Quedash Marchant est confié au commandement d’un pirate nommé Bolton et reste caché sur l’île, tandis que Kidd regagne New York.
Que devient le Quedash durant ce temps? Personne ne le sait exactement. On raconte que l’équipage a hanté les Caraïbes, pillant et attaquant jusqu’à ce que tous périssent. Certains racontent qu’il a disparu dans une tempête, d’autres qu’il a été déserté par son équipage avant d’être brulé.

Mais revenons à Kidd. Kidd semble remettre tous ses espoirs en Lord Bellomont, devenu gouverneur de New York et grand financeur de l’expédition. Mais, car il y a un mais, Bellomont pense que lui aussi va être inculpé dans l’affaire Kidd comme responsable des actes de piraterie. Ainsi, dès que Bellomont va apprendre que Kidd est sur le chemin du retour (les choses étant décidément peu secrètes à cette époque qui pourtant ne connait pas le téléphone portable), il envoie un sloop armé à sa rencontre. 
Par chance, le navire de Kidd a besoin de réparations et doit faire halte à Lewiston dans le Delaware. Nous sommes en Juin 1699. Gillam, un des pirates de l’équipage, s’enfuit. Il sera sans doute un des indics des poursuivants de Kidd. Puis Kidd regagne la mer et, par méfiance ou par prudence, ne rejoind pas directement New York. Il remonte prudemment la côte de Long island, puis Oyster Bay. D’ici, il écrit une lettre à Bellomont dans laquelle il explique ses craintes d’aborder un port anglais aux ouirs des rumeurs à son propos. 
Quelques temps plus tard, Kidd reçoit la visite de Emot, un homme de loi de New York. Emot lui explique que Bellomont est à Boston. Kidd charge alors Emot d’apporter une seconde lettre à Bellomont. Dans ce courrier, Kidd ne nie pas avoir été le témoin d’actes de piraterie, mais les attributs tous à ses membres d’équipage, lui n’étant qu’au final qu’un otage. Il déclare pourvoir rendre visite à Bellomont avec des preuves de son innocence si on peut garantir sa sécurité. Bellomont accepte.

 

Finalement, après une étape à Bock island, où il reçoit la visite de sa femme, puis une halte à Gardiner’s island, Kidd arrive à Boston en Juillet 1699.

Arrestation de William Kidd.

 

 

A son arrivée, Lord Bellomont demande Kidd en entretien. On ne sait rien de cette discussion, ni si elle est réelle ou inventée. Le 6 Juillet, Kidd est arrêté et l’Antonio saisit. On s’étonne de ne trouver que peu de richesses à bord du navire: la légende du trésor caché de Kidd vient de naître. 
Le 17 Juillet, Le capitaine Nicholas Evertse rapporte que le Quedash Merchant a été brulé après que sa cargaison fut déchargé sur un autre navire à destination du Venezuela. 
La nouvelle de l’arrestation de Kidd arrive en Angleterre. Le procès se tiendra à Londres. Les anglais envoient un navire de guerre chercher le prisonnier. L’agitation gagne le pays. Les rumeurs parlent d’un procès en présence du roi et de ses ministres. L’excitation monte dans le pays (C’est l’effervescence quand le navire chargé de le ramener arrive vide après avoir essuyer une forte tempête, quelques jours après son départ). L’affaire Kidd est devenu une affaire d’Etat. 
Après l’arrivée de Kidd à Londres, la politique commence. Une pétition demandant le report du procès de Kidd circule. Il faut du temps pour réunir des preuves et assurer la condamnation de l’inculpé. La prison de Newgate accueille un pensionnaire de plus. Pour une année…

Entre temps, la chambre des communes met en accusation le duc d’Oxford et Lord Somers pour leurs connexions avec Kidd et pour l’extraordinaire lettre de commission qu’ils lui ont remis. Pour rappel, Kidd avait obtenu les pleins pouvoirs pour arrêter toutes les personnes soupçonnées de piraterie et les mener devant un tribunal. Ce que Kidd a transformé en pleins pouvoirs pour décider qui était pirate ou non et sans faire appel à une cours de justice. Finalement, les ministres sont également accusés de de détournement!
Tout ce complique pour Kidd. Les anti-ministres, les Tory, veulent faire pendre Kidd puis prouver que les ministres sont aussi coupables que lui. Tandis que les ministres, les Whigs, font preuve du plus grand zèle pour faire pendre Kidd et ainsi montrer qu’on les a dupés. Les chances d’avoir un procès équitable sont minces…
Les ministres ne seront finalement pas destitués, suite à un vote du parlement (56 vs 23). Lord Bellomont voyant les problèmes qu’il pourrait avoir, préfère regagner New York où, habilement, il meurt en Mars 1700. Pendant ce temps, Kidd délire et sombre dans la folie à la prison de Newgate.
Le 27 Mars 1701, Kidd comparaît devant la chambre des Communes. De cette journée, il n’y aucune retranscription. Kidd aurait cependant déclamé son innocence et aurait refusé d’impliquer d’autres personnes que lui dans son affaire.

Le procès de William Kidd

 

Le procès commence le 8 Mai 1701. Le premier acte d’accusation porte sur le meurtre de William Moore. Les témoins pour l’accusation sont deux anciens membres de l’équipage de Kidd: Joseph Palmer et Robert Bradinham. Verdict coupable! Second acte d’accusation, acte piraterie sur le Quedash Merchant, témoin: Joseph Palmer et Robert Bradinham. Les lettres de laisser-passer, saisies sur le navire par Kidd puis par la justice, lors de l’arrestation de Kidd, sont introuvables. Verdict coupable. La procédure se prolongera sur encore deux actes. Vendredi 9 Mai, après un temps cumulé de 1h30 min de délibérations, Kidd a été jugé quatre fois coupable de meurtre, vol et piraterie. William Kidd est condamné à la pendaison. Joseph Palmer et Robert Bradinham sont pardonnés.

Vendredi 23 Mai 1701, Kidd avance péniblement vers son échafaud de l’Execution Dock de Wapping. Il a bu beaucoup de rhum et ses derniers mots sont empâtés: il blâme son équipage mutin, et les « vilains » Bellomont et Livingston. La première pendaison rate (la corde se rompt), heureusement qu’il y a trois autres condamnations. La deuxième fois sera la bonne. Puis le corps de Kidd est lavé trois fois dans la tamise avant d’être enfermé dans une cage de fer puis exposé à Tilbury Point. 

Voici la fin de William Kidd, un pirate mythique. Ce qui m’étonne dans cette histoire, c’est que Kidd n’apparaît jamais comme un pirate mais comme une victime. Victime d’un équipage mutin, victime d’une lutte de pouvoir, victime des circonstances. Il y a finalement peu de choses que l’histoire aurait du retenir de ce pirate. Mais il reste son trésor que certains recherchent toujours activement (on parle de plusieurs dizaines de millions cachés quelque part). Nous sommes loin de la flamboyance sanguinaire d’un Monbars.

Pendaison et exposition du corps de William Kidd
Pendaison et exposition du corps de William Kidd

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le monde complexe des pirates, corsaires, flibustiers et corsaires

 

 

 

La piraterie peut être définie comme «l’acte d’attaquer des navires dans le but de les voler», et celui qui participe à cet acte est simplement appelé un pirate . Aussi simple que cela puisse paraître en théorie, il existait en réalité différents «types» de pirates, comme en témoignent les différents noms donnés en anglais aux personnes impliquées dans le piratage: corsaires, flibustiers et corsaires.   

Qu’est-ce qu’un pirate?

Le mot « pirate » tire son origine du mot grec  » peira  » qui signifie « tentative, procès ou attaque ». En effet, la piraterie existait déjà dans le monde antique, comme le prouvent par exemple les vies parallèles de Plutarque : Pompée . Dans ce travail, Plutarque a écrit sur les pirates qui ont causé beaucoup de problèmes à Rome en Méditerranée et sur la façon dont Pompey les a maîtrisés. Le soi-disant âge d’or de la piraterie ne s’est toutefois produit que beaucoup plus tard, entre les années 1650 et la fin des années 1720, et c’est à peu près à cette époque que la sémantique de la piraterie s’est compliquée.

Drapeau de pirate déchiré. (adimas / Adobe)

 

Comment un corsaire est-il différent d’un pirate?

Le «type» de pirate le plus connu était peut-être le corsaire. En un sens, il s’agissait de mercenaires chargés par un État d’attaquer les navires ennemis. En d’autres termes, un corsaire était un pirate avec des papiers. Les corsaires existaient bien avant l’âge d’or de la piraterie. Par exemple, pendant la guerre anglo-espagnole de 1585 à 1604, des corsaires anglais tels que Sir Francis Drake ont pris pour cible les flottes de trésors espagnoles qui transportaient les richesses du Nouveau Monde en Espagne.

 

Bien que la guerre entre l’Espagne et l’Angleterre ait mis fin au corset, les cauchemars se poursuivirent en raison des conflits constants entre les puissances européennes. Par exemple, vers la fin du 17ème siècle, des corsaires français de Dunkirk et de Saint-Malo ont activement perturbé le commerce maritime anglais, tandis que des corsaires anglais tels que Sir Henry Morgan opéraient contre les ennemis de l’Angleterre aux Antilles.

 

Privateer vs Buccaneer

Alors que le terme « corsaire » s’appliquait à toute personne impliquée dans le corset, quelle que soit sa région géographique, le terme  » flibustier  » s’appliquait spécifiquement aux pirates opérant dans les Caraïbes . Ce terme est dérivé du boucan français , qui est le gril utilisé pour fumer la viande séchée qui était consommée à bord des navires, et qui faisait initialement référence aux chasseurs de gibier sauvages français qui vivaient dans l’ouest de l’Hispaniola au début du 17 e siècle. Bien que les flibustiers se soutiennent en chassant le gibier, ils participent également au piratage quand ils en ont l’occasion.

 

 

Les flibustiers se sont principalement battus contre les Espagnols, ce qui en faisait de précieux alliés des Anglais et des Français. Au cours du XVIIe siècle, les Français établirent une colonie à Tortuga, une île au large de la côte nord-ouest de Hispaniola, et autorisèrent les flibustiers à l’utiliser comme base d’opérations contre les Espagnols.

En outre, après la capture de la Jamaïque par les Anglais d’Espagne en 1655, les flibustiers obtiennent la permission d’utiliser l’île comme base. Les Espagnols ont réagi en exterminant le gibier sauvage sur les îles des boucaniers en espérant que cela les chasserait de la région. Le plan a toutefois échoué, car les flibustiers comptaient encore plus sur les raids espagnols pour survivre.

Les principales routes commerciales sont la proie de la piraterie du XVIe siècle: des flottes de trésors espagnoles reliant les Caraïbes à Séville, des galions de Manille après 1568 en armadas d’Inde blanche et portugaise après 1498 en bleu.

 

Quels sont les deux types de corsaires?

Le terme «corsaire» dérive directement du corsaire français et tire son origine du mot latin cursus , qui signifie «voyage ou expédition». Alternativement, il est plausible que le terme soit une mauvaise prononciation de l’arabe corsanni , qui signifie « pirate ». Historiquement, il existait deux types de corsaires, le premier étant les corsaires au service de la couronne française, le second les serviteurs de l’empire ottoman et les corsaires de Barbarie. On peut dire que le terme anglais «corsair» est plus communément associé à ce dernier et sera donc traité plus en détail.

Corsaires français avec butin et prisonniers britanniques en 1806 .

 

Les corsaires barbares

Comme les flibustiers, les corsaires de Barbarie avaient une sphère d’activité spécifique, à savoir la Méditerranée. Les corsaires de Barbarie ont établi leurs bases dans les grandes villes portuaires de la côte de Barbarie, notamment Tripoli, Tunis, Alger, Rabat et Sale. Ces villes faisaient initialement partie de l’Empire ottoman, mais sont devenues ses vassales lorsque les corsaires sont arrivés au pouvoir. De plus, ces États étaient capables d’agir de manière indépendante et étaient souvent hors du contrôle de l’empire ottoman.

Navire pirate.

 

Au début du XVI e siècle, les corsaires ont commencé à attaquer des villes côtières d’Europe occidentale et à perturber le commerce européen en Méditerranée. Les raids menés par les corsaires de Barbarie étaient destinés à capturer des esclaves chrétiens qui pourraient ensuite être vendus dans tout l’empire ottoman. Les corsaires de Barbarie ont atteint leur apogée entre le début et le milieu du XVIIe siècle, après quoi les puissances européennes ont commencé à organiser les marines pour lutter ouvertement contre les corsaires. Néanmoins, les corsaires de Barbarie sont restés une force en Méditerranée jusqu’au 19ème siècle. La conquête d’Alger par les Français en 1830 marque la fin des corsaires de Barbarie.