Vidéo et article historique:L’affaire Sacco et Vanzetti : quand la justice américaine faisait le crime

Bartolomeo Sacco (à gauche) et Nicola Vanzetti (à droite), à la Cour Suprême de l’État du Massaschussets, en 1923. Sacco en était à son 23e jour de grève de la faim.

 

 

 

 

 

 

 

   IIl y a plus de 95 ans maintenant,le 23 août 1927, au terme d’une bataille juridique de sept ans, deux anarchistes italiens sont exécutés aux Etats-Unis malgré une mobilisation internationale. L’occasion, pour les auteurs du Figaro, d’une réflexion féconde sur le temps de la justice.

Moins célèbres que les époux Rosenberg, Sacco et Vanzetti forment un autre duo emblématique de «l’hystérie rouge» dont l’Amérique fut régulièrement saisie au cours du XXème siècle. Condamnés à mort en 1921 au terme d’une procédure judiciaire hasardeuse, les deux anarchistes passeront sur la chaise électrique six ans après, dans la stupeur générale. Quatre-vingt-dix ans plus tard, retour sur cette insurrection internationale de l’été 1927.

Des individus douteux…

L’histoire commence en décembre 1919, à Bridgewater, et se poursuit en avril 1920, à South-Braintree. Dans ces deux villes du Massachussets ont lieu des braquages à main armée, dont le second se solde par la mort de deux hommes.

Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti se rendant à leur exécution, à Boston (Massachusetts), en 1926.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 5 mai 1920, deux Italiens sont interpelés par la police. Il s’agit de Nicola Sacco, 29 ans, ouvrier cordonnier, et de Bartolomeo Vanzetti, 32 ans, vendeur de poisson ambulant. Convaincus qu’on les arrête pour des raisons politiques, les deux activistes produisent des témoignages évasifs et inexacts pour protéger leurs camarades anarchistes. La police ne tardera pas à faire le lien entre ces individus douteux (suspicious characters) et les attentats non élucidés.

…Dans une Amérique paranoïaque

S’ensuit alors une première juridiction, à Plymouth, qui innocente Sacco et condamne Vanzetti à quinze ans d’emprisonnement. Un second procès a lieu à Dedham au printemps 1920, dans une Amérique en proie aux psychoses xénophobe et antirévolutionnaire (c’est la période de la Red Scare, la «peur rouge»). Dans ce contexte, Sacco et Vanzetti sont les coupables idéaux. Immigrés, anarchistes et favorables au terrorisme révolutionnaire, «ils font partie de ces rats moraux (moral-rats) qui grignotent les fondements de l’ordre établi» (Henri Guernut).

« Ils font partie de ces rats moraux qui grignotent les fondements de l’ordre établi »

Henri Guernut, Secrétaire général de la Ligue de Droits de l’Homme, le 10 août 1927.

Malgré les fausses déclarations et les conclusions hâtives que comporte le dossier, les suspects sont déclarés coupables en juillet 1921. La défense demande un sursis et des comités de soutien se mobilisent un peu partout dans le monde. Six ans plus tard, le 9 avril 1927, après cinq pourvois rejetés et un refus de révision de la Cour suprême de l’État du Massachussets, Sacco et Vanzetti sont condamnés à la peine capitale.

L’embrasement de l’été 1927

À l’annonce du verdict, les manifestations et les grèves se multiplient à Berlin, Sydney, Moscou, Londres, Amsterdam, Bruxelles, Stockholm, Saint-Domingue… À Johannesburg, on brûle même un drapeau américain sur le parvis de l’hôtel de ville. L’activité terroriste s’intensifie dans plusieurs villes des États-Unis et des bombes éclatent à Buenos Aires et à Montevideo, en août 1927.

Manifestation en faveur de Sacco et Vanzetti, à Londres, en 1921.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En France, l’été 1927 est marqué par de nombreuses manifestations de soutien à Sacco et Vanzetti. Les deux hommes sont exécutés dans la nuit du 22 au 23 août, entraînant de violentes émeutes sur tout le territoire. Si L’Humanité se félicite d’un «Paris ouvrier maître du pavé», proclamant «Montmartre et le centre en état de siège», Le Figaro s’inquiète, dans son édition du 25 août, de ce qui ressemble à une «répétition du Grand Soir».

Dans ses colonnes politiques, en revanche, cette condamnation tardive amène certains éditorialistes à solliciter la clémence à l’égard des deux condamnés. Pour preuve cette tribune du juriste Henri Vonoven…


Le temps et la justice

En France,le gouvernement a décidé d’interdire, aujourd’hui, toute manifestation sur la voie publique à l’occasion de l’affaire de Sacco et Vanzetti. Il serait, en effet, inouï de permettre aux anarchistes et aux communistes de se réconcilier, pendant un jour, pour soulever l’émeute à Paris sous prétexte que le gouverneur de Massachussetts a refusé leur grâce aux condamnés. Il y a d’autres moyens de protester contre une décision de justice. Les cortèges à hurlements et à placards injurieux, les bousculades et les bagarres, en attendant les bombes comme à New-York, sont des procédés intolérables en un pays où la presse jouit d’une liberté sans limite et où l’opinion, par tous les moyens légitimes, fait connaître son sentiment et poursuit son effort.

Ces deux hommes sont-ils coupables? La ligue des Droits de l’Homme va jusqu’à jurer qu’ils sont innocents. Pousser jusqu’au serment l’expression de la certitude née de l’étude d’un dossier, c’est beaucoup… Mais l’affaire dépasse la question de fait.

Supposons les deux anarchistes coupables. Voilà près de sept ans qu’ils sont condamnés, sept ans que la justice laisse traîner ses procédures et recommence ses enquêtes. Elle a dépassé les bornes de la boiterie permise. Tant pis pour elle si elle s’est laissée manœuvrer par la défense. Elle a trop tardé. Ce n’est point là principe nouveau. Beccaria l’a formulé dans son traité des Délits et des peines: «le châtiment doit suivre de près le crime si l’on veut qu’il soit un frein utile contre les scélérats». Et Faustin Hélie, commentant le passage, ajoutait que l’horreur du crime paraît s’affaiblir en même temps que le temps amène avec lui l’oubli et la miséricorde. Il ajoutait que la peine trop longtemps attendue, prend quelque chose de cruel, et même d’injuste. C’est une des raisons d’être de la prescription pénale. Sept années d’attente, c’est ce chiffre biblique qui, dans le crime de South Brainttree, d’abord frappe la foule et la prévient en faveur des condamnés. La justice du Massachusetts, par sa lenteur, a dressé contre elle le sentiment mondial et le droit de punir, de punir de mort surtout, n’est point tel qu’il puisse se dispenser de l’appui du consentement général.

Ces raisons font, peut-être du cas de Sacco et Vanzetti, «une affaire de tous les honnêtes gens». Mais elles ne justifient pas du tout la promenade révolutionnaire à travers nos rues, des admirateurs de la justice russe et de ses assassinats.



Sacco et Vanzetti (le film)

Sacco et Vanzetti (Sacco e Vanzetti) est un film francoitalien, réalisé par Giuliano Montaldo, et sorti en 1971. Il retrace l’histoire de l’affaire Sacco et Vanzetti survenue dans les années 1920.

Le film a été présenté en  au Festival de Cannes.

C’est avec plaisir que je vous l’offre aujourd’hui,car pour moi,c’est un chef-d’oeuvre important!

 


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2 commentaires sur “Vidéo et article historique:L’affaire Sacco et Vanzetti : quand la justice américaine faisait le crime

  1. Merci pour ce film… Pour beaucoup, et j’en fait partie, et mieux vaut tard que jamais, les années covid m’ont ouvert les yeux sur beaucoup de choses et notament les Etats-Unis, qui étaient mon rêve à moi, fille d’immigrés italiens, alors qu’aujourd’hui je les perçois comme un cauchemar !! Merci de nous faire voir et apprécier le vrai visage de la vérité ( pléonasme?).

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