Crise économique actuelle:vendredi noir pour l’emploi au Canada

Au moment où vous lisez ces lignes, peut-être avez-vous déjà appris l’ampleur des dégâts subis sur le front de l’emploi au Canada le mois dernier, alors que se faisait ressentir toute la force de l’impact de la pandémie de coronavirus ?

Des secteurs tels que la restauration continueront d’être plombés par les nouvelles normes sanitaires et la prudence des consommateurs.

À moins d’une surprise, tout aussi immense qu’improbable, les pertes s’avéreront aussi terribles qu’on le croyait, du jamais vu depuis la Deuxième Guerre mondiale.

 

On aura l’embarras du choix pour le chiffre le plus effrayant, entre les quatre, peut-être cinq millions d’emplois effacés en un seul mois, le taux de chômage qui pourrait flirter avec le taux hallucinant de 20 % et la proportion de Canadiens qui avaient encore le privilège d’occuper un emploi, qui pourrait être inférieure à un sur deux.

 

On ne manquera pas de faire des comparaisons avec les récessions passées et de parler de nouveaux records. Seulement, cette crise économique n’est pas comme les autres, répétait dans un discours, la semaine dernière encore, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, en raison de la décision délibérée des gouvernements de mettre leurs économies sur pause pour freiner la progression de la COVID-19.

 

« La situation actuelle ressemble beaucoup plus à une catastrophe naturelle qu’à une récession économique classique », expliquait-il, et « à la suite de catastrophes naturelles, la reprise économique est généralement assez rapide et solide ».

 

Aussi, plusieurs observateurs s’entendent-ils pour dire que ces terribles statistiques du mois d’avril marqueront le creux de la crise, après quoi on verra la situation de l’emploi, et de l’économie en général, graduellement s’améliorer. Les gouvernements provinciaux n’ont-ils pas déjà entamé le déconfinement ?

 

Une catastrophe pas comme les autres

 

Seulement, l’actuelle pandémie n’est pas n’importe quelle sorte de catastrophe naturelle.

 

Contrairement à un tremblement de terre ou à un tsunami, qui se terminent aussi rapidement qu’ils sont arrivés, la pandémie continuera de faire des siennes vraisemblablement jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé, peut-être dans 12 à 18 mois.

 

La levée, ou plus probablement l’assouplissement, des règles de confinement et de distanciation sociale facilitera sans doute la vie de plusieurs entreprises et travailleurs, mais cela ne les ramènera pas à une vie normale.

 

Quant aux secteurs économiques les plus exposés, comme le tourisme, l’hébergement, la restauration et le commerce de détail, leurs activités continueront d’être cruellement plombées par les nouvelles normes sanitaires et la prudence des consommateurs.

 

Pendant encore combien de temps ces entreprises pourront-elles tenir le coup avant de devoir fermer définitivement leurs portes et transformer leurs employés, considérés aujourd’hui comme en simple chômage technique, en chômeurs ordinaires ?

 

Un sondage de la firme Recherche Modus, réalisé auprès d’un millier d’entreprises canadiennes de toute taille, révélait mercredi que, en vertu des règles en vigueur la semaine dernière, et en dépit de l’aide financière d’urgence des gouvernements, 5 % d’entre elles avaient déjà abandonné la partie et que cette proportion grimpera à 21 % d’ici trois mois et à 46 % d’ici six mois.

 

En fait, personne ne sait quelles pertes d’emploi du mois d’avril ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir et ce qui se traduira en destruction plus durable de la capacité de production. 

 

Dans la version la plus optimiste de ses prévisions économiques, le Fonds monétaire international prédisait au Canada, il y a un mois, des taux de chômage moyens de 7,5 % cette année et de 7,2 % l’an prochain. Rien à voir avec le taux vertigineux qu’il dévoilera ce vendredi, mais, tout de même, une augmentation marquée et durable par rapport à la moyenne de 5,7 % affichée l’an dernier.


EN COMPLÉMENT

80 travailleurs de Résolu perdront leur emploi à Alma

Des rouleaux de papier fabriqués à l’usine de Produits forestiers Résolu d’Alma.

Environ 80 travailleurs de Produits forestiers Résolu à Alma perdront bientôt leur emploi. La compagnie ferme la machine à papier numéro 10 pour au moins les six prochains mois.

Résolu a annoncé la nouvelle à ses employés vendredi matin. La production sera interrompue dans une semaine.

Au début avril, l’entreprise avait déjà annoncé la fermeture de la machine numéro 9 pour une durée indéterminée, ce qui touchait une cinquantaine de travailleurs au sein des installations.

Il reste toujours une machine à papier en fonction. Environ 200 travailleurs y sont rattachés.

Pour expliquer la plus récente fermeture, le porte-parole de Résolu, Karl Blackburn, invoque une baisse des commandes de papier circulaire au Canada et aux États-Unis en raison de la pandémie de coronavirus.


La faillite guette l’industrie aérienne

La plupart des compagnies aériennes voient de 90 a 95% de leur flotte clouée au sol.

 

Sans injection de liquidités rapide, 50 % des compagnies aériennes seront en faillite début juin, entre 80 et 90 % fin juillet. Alexandre de Juniac parle d’une crise sans précédent de par son ampleur. « L’industrie va se réduire, se consolider. »

Dans le cadre d’une visioconférence organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal, Alexandre de Juniac, directeur général et chef de la direction de l’IATA, est revenu sur l’urgence financière qui confronte l’industrie.

L’Association, qui compte 290 membres revendiquant 82 % du trafic aérien mondial, évalue que la crise menace 25 millions d’emplois dans l’aviation et les chaînes de valeur connexes, y compris le secteur touristique.

Les revenus de passagers devraient être inférieurs de 314 milliards $US cette année, « soit moitié moins que le chiffre d’affaires de 2019 », et les compagnies aériennes vont dépenser environ 61 milliards de liquidités « seulement au deuxième trimestre », alors que la demande plonge de 80 % ou plus.

« Une compagnie « normale » voit présentement de 90 à 95 % de ses avions cloués au sol », dit-il.


Refroidissement immobilier

Le quartier Griffintown à Montréal

 

Cette pandémie est venue jeter un froid soudain sur le marché résidentiel au Canada. L’état de surchauffe observé avant mars pourrait se transformer en une correction des prix débordant 2020, selon le degré de détérioration de l’état de santé financière des ménages et leur niveau de confiance. Mais ce ne serait alors qu’un retour à un certain équilibre.

 

Avant l’expansion de la pandémie et l’imposition de restrictions et de mesures de confinements, le marché de l’habitation poursuivait sur sa lancée tant au chapitre des ventes, de la revente et des cours immobiliers. Mais la COVID-19 est venue appliquer brusquement un frein dont la levée demeure difficile à prévoir tant pour sa durée que pour l’impact réel. L’élan recevait son impulsion de la croissance démographique, de la vigueur du marché du travail et de la faiblesse des taux d’intérêt. Puis, le choc est venu, forçant un plongeon moyen de 14 % de la revente résidentielle, selon les résultats publiés ces jours-ci, et poussant plus de 3 millions de Canadiens vers une situation de perte d’emploi ou de réduction des heures travaillées. Et les chiffres d’avril attendus vendredi devraient présenter une image plus sombre.

 

Bref, avec déjà 700 000 emprunteurs ayant demandé un report de paiement selon l’Association des banquiers canadiens, mai et les mois suivants vont probablement donner le ton à une lente correction du marché. « Plusieurs propriétaires qui éprouvent des difficultés financières à la suite d’une perte de revenus d’emplois pourraient mettre en vente leur résidence, augmentant ainsi l’offre disponible sur le marché », écrit Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins. Un choc devant toutefois être amoindri par l’aide gouvernementale et les politiques de sursis ou de report des paiements des institutions financières. Mais si les acheteurs se font hésitants en raison d’une détérioration de leur santé financière et des incertitudes économiques, « le marché pourrait d’abord basculer en situation d’équilibre et ensuite de surplus si une demande suffisante n’est toujours pas au rendez-vous », ajoute l’économiste.

 

La firme d’évaluation Morningstar DBRS a élaboré deux scénarios macro-économiques pour le Canada, servant non pas de prévisions, mais plutôt de base à l’exercice d’évaluation de la firme. Tout en rappelant le chiffre de Statistique Canada voulant que le ratio dette/revenu disponible des ménages atteint les 176 %, l’agence retient que le taux de défaillance sur les prêts hypothécaires atteignait à peine 0,25 %, ou 25 points de base, avant l’expansion de l’épidémie. Selon le scénario modéré auquel l’agence adhère, ce taux pourrait presque tripler pour atteindre les 65 points de base en 2020, et reculer graduellement ensuite. Son scénario pessimiste évoque pour sa part un pourcentage de prêts en souffrance atteignant les 100 points de base, poussé à des niveaux généralement observés lors de corrections immobilières sévères.

 

DBRS appuie toutefois son exercice d’analyse et d’évaluation sur le premier scénario, qui table sur une expansion de la pandémie contenue au deuxième trimestre, avec reprise de l’activité économique au troisième. Le PIB canadien chuterait alors de 4 % en 2020 et le taux de chômage atteindrait les 10 %, soit près du double du taux d’avant crise sanitaire. L’image pessimiste fait ressortir un plongeon du PIB de 8 % cette année et un taux de chômage touchant les 14 %.

 

Mais, quelle que soit la trame qui va dominer, DBRS estime que la pandémie aura eu pour effet de ramener les prix immobiliers à un niveau consistant avec la croissance des revenus des ménages et de la population. À ses yeux, l’immobilier canadien était surévalué de 20 % l’an dernier. De 26 et de 18 % dans les poches de surchauffe de Toronto et Vancouver, de 11 % à Montréal. Sa lecture modérée esquisse une contraction de 10 % du prix moyen au Canada d’ici 2022, de 14 % et de 10 % à Toronto et Vancouver (avec une contraction de 19 et de 15 % respectivement sur le marché des condominiums, là où il y a davantage de surchauffe), de 6 % à Montréal.

 

 

 

 

 

2 commentaires sur “Crise économique actuelle:vendredi noir pour l’emploi au Canada

  1. le temps que la puce arrive, le temps que le gouvernement mondial arrive, le temps qu’une coalition se forme contre israel et qu’on parle d’une 3eme guerre mondiale et qu’un sauveur sauve la situation et instaure ce gouvernement mondial. ça arrive vite!

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