La propagation au Canada est inévitable, disent des experts

Le nombre de contaminations au coronavirus augmente au Canada, avec de nouveaux cas en Ontario et un troisième à l’étude au Québec, portant à 54 le nombre de cas confirmés et présumés au pays. Des experts s’entendent pour dire que l’éventuelle propagation de la pneumonie virale est inévitable.

À ce jour, la COVID-19 a fait près de 3500 morts et plus de 100 000 personnes dans le monde ont été contaminées dans 92 pays et territoires.

« L’infection va se faire. On est déjà dans une situation de pandémie », prédit Tatiana Scorza, professeure au département des sciences biologiques à l’Université du Québec à Montréal.

 

« Si on continue à prendre des mesures appropriées, on pourrait se limiter à des cas importés », nuance pour sa part la Dre Anne Gatignol, professeure de microbiologie à l’Université McGill.

 

En Ontario, l’un des derniers cas recensés est un voyageur revenu récemment de Las Vegas, ont annoncé les responsables de la santé de la province, qui compte dorénavant 28 cas. Toutefois, au moins quatre de ces malades ont depuis été guéris. Tous les patients ayant été déclarés positifs au nouveau coronavirus avaient récemment voyagé à l’extérieur du Canada ou avaient eu des contacts étroits avec un autre patient qui l’avait fait. L’Alberta a également fait état d’un premier cas jeudi soir.

La Colombie-Britannique a quant à elle annoncé 8 nouveaux cas de la pneumonie virale, pour un total de 21, dont le premier cas apparent de transmission dans la communauté au pays, jeudi soir. Il s’agit d’une femme de la région de Vancouver déclarée positive au coronavirus malgré l’absence de voyage à l’extérieur du pays et aucun contact connu avec un autre malade.

 

D’après la Dre Gatignol, cette contamination a « peut-être deux ou trois intermédiaires ». Si ce type de contamination venait à se reproduire au pays, il faudrait selon elle prendre des mesures plus draconiennes pour limiter la propagation, comme le fait d’éviter les rassemblements.

Des mesures à prendre

 

Si elle estime qu’il est trop tôt pour prendre la décision de fermer des établissements scolaires, la chercheuse croit néanmoins que, pour l’instant, les gens qui rentrent au Canada en provenance de foyers épidémiques comme l’Iran, la Corée du Sud et le nord de l’Italie devraient être mis en quarantaine. « La quarantaine peut être comme ils ont fait avec les gens de Wuhan ou du Diamond Princess, mais ça peut aussi être à la maison s’ils ne contaminent pas la famille », suggère-t-elle.

Au Québec, deux cas ont été confirmés et un troisième est en attente de l’être par le Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg.

 

Néanmoins, les responsables de la santé de partout au pays ont déclaré que le risque posé par la COVID-19 demeure faible.

 

« Les gens vont, à un moment donné, en fonction de l’évolution de la situation, devoir adopter des mesures pour prévenir la transmission », prévient toutefois Mme Scorza, rappelant que le nouveau coronavirus est hautement transmissible.

 

Les autorités se préparent depuis des semaines à une éventuelle épidémie comme celles qui sévissent en Iran, en Corée du Sud, en Italie et en Chine, berceau de la maladie. Plus de 100 000 personnes dans le monde ont été contaminées dans 92 pays et territoires. À ce jour, la COVID-19 a fait tout près de 3500 morts.

 

« On n’est pas encore dans une situation d’alerte, mais c’est inquiétant parce qu’on voit que ça progresse partout dans le monde », constate Mme Scorza.

 

Vendredi, des premiers cas ont été répertoriés au Togo, au Cameroun, au Vatican, en Slovaquie, au Pérou, en Colombie, au Bhoutan et dans les Territoires palestiniens.

 

Aux États-Unis, où près de 300 cas ont été recensés et 15 personnes sont mortes, le festival culturel South by Southwest a été annulé dans l’État du Texas.

 

En raison d’un manque d’infrastructures et de ressources de base, le Conseil circumpolaire inuit s’est dit inquiet d’une éventuelle propagation de la pneumonie virale dans l’Arctique.

 

Selon l’organisme, la maladie à coronavirus COVID-19 représente un risque accru pour les communautés inuites, qui souffrent déjà du manque d’égouts et d’eau courante. Il réclame au gouvernement de combler ces lacunes dans le but de se protéger contre d’éventuelles menaces à la santé publique.

 

Canadiens en quarantaine

 

Le gouvernement fédéral a annoncé vendredi qu’il s’apprête à prendre des mesures en vue de protéger la santé des Canadiens et de l’économie du pays contre les conséquences engendrées par la COVID-19.

 

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a déclaré qu’Ottawa annoncera bientôt un soutien aux Canadiens en quarantaine en raison du coronavirus.

 

Il a également déclaré que le gouvernement va augmenter sa provision pour éventualités dans son prochain budget au printemps pour s’assurer d’être en mesure de faire face à la COVID-19, qui a entraîné la chute du marché boursier.

 

« Il est important de garder à l’esprit que ce que cela signifiera pour l’économie canadienne dépendra en fin de compte de l’ampleur et de la propagation géographique du virus, et que ces éléments ne peuvent être connus tant qu’ils ne sont pas connus, a-t-il déclaré lors d’un discours devant le Canadian Club de Toronto. Notre gouvernement prévoit toute éventualité. »

 

Par ailleurs, la ministre de la Santé, Patty Hajdu, a annoncé l’octroi de 27 millions de dollars sur deux ans pour travailler sur la COVID-19. « Les fonds investis soutiendront 47 équipes de recherche de partout au Canada qui s’emploieront à accélérer l’élaboration, la mise à l’essai et l’application de mesures visant à gérer l’éclosion de COVID-19 », écrit le ministère, dans un communiqué.

 

« Et s’il faut davantage de ressources, on va en donner », a ajouté le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, Navdeep Bains, qui se trouvait aux côtés de Mme Hajdu.

Avec La Presse canadienne et l’Agence France-Presse

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