Un opérateur de télévision a demandé aux autorités américaines l’autorisation d’éloigner l’un de ses satellites en raison d’un problème de batterie faisant courir un risque d’explosion.

Un service de télévision par satellite américain, DirecTV, s’inquiète du risque d’explosion d’un de ses appareils à cause d’un problème de batterie. Le satellite Spaceway 1 a été lancé en avril 2005 et pèse environ 3700 kilogrammes en fin de vie, selon une ancienne fiche de Boeing, le constructeur. Avec ses panneaux solaires déployés, il mesure 41 mètres de longueur et 7 mètres de largeur.
Un risque “important” que les batteries explosent
DirecTV a informé la Commission fédérale des communications (FCC) le 19 janvier qu’une “anomalie majeure” avait causé “des dommages thermiques importants et irréversibles” aux batteries de Spaceway 1.
“Il existe un risque important que ces batteries explosent”, écrit DirecTV dans un courrier.
A partir du 25 février, le satellite sera dans l’ombre de la Terre et les batteries abîmées tenteront inévitablement de se recharger, ce qui pourrait provoquer l’explosion. L’opérateur veut donc évacuer son satellite au plus vite vers l’orbite cimetière, 300 km plus loin que l’orbite géostationnaire où se trouvent des centaines de précieux satellites de télécommunications.
Risque d’endommagement d’autres satellites
Pour réduire le risque d’une explosion accidentelle, DirecTV va vidanger dans l’espace une partie des 73 kg de carburant (bipropergol) encore à bord, mais l’opérateur a prévenu que le temps manquait pour tout vider. Il a demandé une exemption d’urgence car la réglementation exige en temps ordinaire que le carburant soit entièrement vidangé d’un satellite avant sa désorbitation.
L’explosion d’un satellite aussi grand pourrait créer des milliers de débris et endommager d’autres satellites.
EN COMPLÉMENT
LA POLLUTION DES DÉBRIS DE LA CONQUÊTE SPATIALE
L’espèce humaine pollue la Terre, mais aussi l’espace immédiat environnant notre planète. La Royal Society of London a mis au point une animation qui retrace les étapes de cette dégradation depuis Spoutnik 1 en 1957.
Une multitude de points gravitant autour de la Terre. Une saisissante animation en 3D montre comment l’homme a pollué l’espace autour de sa planète. Elaborée à partir de données réelles, la séquence d’une minute tout rond a été créée pour la Royal Society par l’astronome Stuart Grey, de l’University College de Londres.
Année après année, elle donne à voir comment le ciel et l’environnement spatial immédiat se sont peuplés de débris. Tout a commencé en 1957, avec le lancement de Spoutnik 1. Pour l’anecdote, le satellite était couvert de réflecteurs pour apporter au monde la preuve de l’avance technologique de l’URSS. L’année d’après, les Etats-Unis lançaient Explorer 1, qui allait laisser sur place plusieurs matériels abandonnés après des expériences scientifiques.
Des dizaines de milliers de débris en orbite
Après? C’est l’emballement. Un anneau de débris en orbite autour du globe apparaît en quelques années seulement. En 1980, il y avait déjà 5.000 objets divers en orbite, contre seulement 200 du temps du cosmonaute Youri Gagarine, le premier homme dans l’espace.
La conséquence est qu’à chaque lancement, les scientifiques doivent bien faire attention à viser entre ces déchets. Et tous ne font pas la taille d’une pomme: des pans entiers de fusées sont coincés plus où moins loin dans le champ de gravité terrestre, a priori pour des siècles et des siècles.
Après une stabilisation du nombre de débris jusqu’en 2007, la Chine avait contribué au chaos, ajoutant 2.000 morceaux de métal issus de missiles balistiques. A l’heure actuelle, quelque 20.000 débris sont bloqués là-haut. Leur vitesse de déplacement de plusieurs dizaines de milliers de km/h les rend extrêmement dangereux.
SpaceX, avenir des lanceurs réutilisables?
Pour limiter la pollution due aux débris spatiaux, une solution pourrait être d’employer des lanceurs réutilisables. La société SpaceX du milliardaire américain Elon Musk a réussi lundi pour la première fois à faire décoller une fusée Falcon 9 et à récupérer ensuite le premier étage de son lanceur, revenu atterrir en douceur sur Terre après 11 minutes de vol.
Pour Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d’études spatiales (Cnes) interrogé par l’AFP, SpaceX a bien accompli un “exploit technologique”. Pour autant, tout n’est pas résolu. Il rappelle que les lanceurs réutilisables ne sont pas nouveaux. Citant l’exemple de la navette spatiale américaine, il souligne que lorsqu’elle devait être remise en vol, les coûts étaient très importants”. Les ambitions du fondateur de Tesla se briseront-elles sur l’argument économique? Le directeur du Cnes croit ce scénario plausible. Tout dépendra du nombre de réutilisations possibles et d’écart de temps entre deux lancements. “Entre un monde parfait où on réutilise en l’état un lanceur un très grand nombre de fois, et un monde réel où il faut remettre les choses d’aplomb, et finalement ça ne fonctionne qu’une ou deux fois, l’écart est très très grand”, souligne-t-il.
Le PDG d’Arianespace, Stéphane Israël, se pose les mêmes questions et s’en est ouvert à BFM Business, mercredi. En réponse à SpaceX, il planifie de réduire les coûts du lanceur européen par six d’ci quelques années.