L’impossible révolution

L’IMPOSSIBLE RÉVOLUTION

« L’homme unidimensionnel » et « La fin de l’utopie » (1968), du philosophe germano-américain Herbert Marcuse, furent une inspiration majeure des grands mouvements de contestation étudiante et de contre-culture de la fin des années 60.
En les relisant 50 ans plus tard, je ne peux que constater l’ampleur qu’a pris le contrôle absolu des maîtres de la société de consommation sur nous tous, réduits au ròle de consommateurs:
-augmentation constante du niveau de vie (american way of life, croissance continue),
-contrôle du pouvoir d’achat et de la richesse (salaires et crédit, publicité, monnaie, paradis fiscaux)),
-contrôle des ressources (multinationales et libre-échange),
-contrôle des États et des élus (dette, financement, agences de notation, collusion, portes tournantes),
-contrôle de l’information (médias, renseignement),
-contrôle des armes et des forces répressives,
La société est désormais cadenassée: la démocratie, la révolution, et même la révolte, sont devenues pratiquement impossibles. Reste l’effondrement, de plus en plus probable…ou le réveil improbable de ceux qui se souviennent du temps où nous étions libres parce que pauvres et autonomes…

Nouvel Ordre Mondial 001

CITATIONS
:
La société industrielle avancée (dans laquelle la production est détachée des besoins du consommateur et devient un but en soi) parvient à endiguer les forces révolutionnaires par la promesse d’un plus haut niveau de vie.

Les ouvriers n’incarnent plus la conscience malheureuse et révolutionnaire de l’histoire : ils deviennent indirectement complices de la bourgeoisie et participent eux-mêmes aux formes d’exploitation capitalistes qu’il ne remettent aucunement en question. Parvenue à ce terme, la société devient une société close, une société sans opposition.

L’originalité de notre société réside dans l’utilisation de la technologie plutôt que de la terreur pour obtenir la cohésion des forces sociales dans un mouvement double : un fonctionnalisme écrasant et une amélioration croissante du standard de vie.

Les manifestations n'ont rien changé au Québec depuis 2011. Il nous faut plutôt marcher sur l'Assemblée National pour reprendre le pouvoir politique.
Les manifestations n’ont rien changé au Québec depuis 2011.
Il nous faut plutôt marcher sur l’Assemblée National pour reprendre le pouvoir politique.

La société contemporaine semble capable d’empêcher tout changement social qui tendrait à modifier l’orientation de son processus productif en rendant possible de nouveaux modes de vie. Le progrès technique renforce tout système de domination et le style de vie ainsi créé…Le standard de vie finissant par s’accroître, rien n’exige sa remise en question. En masquant la division des classes par une élévation du niveau de vie, la société industrielle avancée parvient à se prémunir contre toute contestation révolutionnaire.

Les esclaves de la civilisation industrielle sont des esclaves sublimés mais cependant ils sont esclaves. Les gens se reconnaissent dans leurs marchandises, ils trouvent leur âme dans leur automobile, leur maison à deux niveaux, leur équipement de cuisine; le mécanisme même qui relie l’homme à la société a changé et le contrôle social est au cœur des besoins qu’il a fait naître.

Toutes les tentatives de contestation à l’intérieur de la société industrielle avancée et surrépressives semblent vouées à l’échec.

C'est dans cette manifestation étudiante que j'ai senti un lien commun entre les étudiants et moi...en 2012.
C’est dans cette manifestation étudiante que j’ai senti un lien commun entre les étudiants et moi…en 2012.

Article de Roméo Bouchard

Herbert Marcuse, L’homme unidimensionnel, Éditions de Minuit, Paris, 1968
Herbert Marcuse, La fin de l’utopie, Seuil, 1968
J.M. Palmier, Présentation d’Herbert Marcuse, 10/18, Paris, 1968

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