Apollonius de Thyanes

 On trouve dans l’Antiquité nombre de traces de magiciens, de sorciers qui sont sans doute les prototypes de nos modernes envoûteurs et autres personnages hors du commun. Voici le portrait d’Apollonius de Thyanes célèbre thaumaturge de l’époque romaine, dont les exploits extraordinaires ne manquent pas, et qui est également connu pour être le philosophe errant :

 

apollonius C’était encore un homme très distingué, un philosophe et un médecin éminent que cet Apollonius de Thyanes, dont Philostrate a écrit la vie. Il n’était né que deux ans après Jésus-Christ, et sa vie, qui se prolongea jusqu’à l’âge de cent trente ans, lui permit de faire de nombreux voyages pour aller puiser à leur source la science et la magie. Du reste, les voyages lui coûtaient peu, car il pouvait en un instant se transporter d’une extrémité de la terre à l’autre. Protée insaisissable, il se métamorphosait en oiseau, en arbre, en pierre. Il prédisait l’avenir, évoquait les ombres des morts etavait avec elles des conversations suivies. Un jour, l’empereur Néron étant à table au milieu de ses courtisans, un violent orage s’éleva. Apollonius était alors à Rome, occupé à ressusciter une jeune fille qui venait de mourir au moment même où se terminait la cérémonie de ses noces. Comme les personnes présentes faisaient éclater leur admiration pour le prodige qui venait d’être opéré sous leurs yeux, Apollonius, se tournant vers elles, leur dit: « Entendez-vous la foudre qui gronde? eh bien! j’ordonne qu’elle tombe sur l’empereur qui est à table en ce moment. » Aussitôt la foule se précipite vers le palais, où l’événement ordonné par Apollonius était effectivement arrivé. La foudre, tombant sur la table de l’empereur, avait brisé la coupe qu’il portait à ses lèvres, mais sans faire aucun mal à sa personne.

 

   Apollonius de Thyanes était passé maître dans l’art de produire des hallucinations chez tout un peuple. La peste désolant la ville d’Ephèse, comme médecin, il crut devoir s’y transporter. Il assembla les principaux habitants sur une des places de la ville, et leur dit : « Ne voyez-vous pas que les dieux vous punissent de l’hospitalité que vous accordez à l’esprit du mal, que les nouveaux Juifs (les chrétiens) appellent le diable? »

 

On lui demande où est ce diable. Il montre alors du doigt un vieux mendiant qui se chauffait au soleil. « Voici l’auteur de la peste, dit-il, il dépend de vous de l’anéantir. »

 

En un instant, le malheureux qu’il désignait fut assommé à coups de pierres. Mais quand on voulut retirer son cadavre pour l’entraîner hors de la ville, on ne trouva plus que la carcasse d’un chien qu’on se hâta d’enterrer, et la peste cessa.

 

   Revenu à Rome, Apollonius devint suspect et il futarrêté. Un acte d’accusation ayant été dressé contre lui, il fut amené devant ses juges. Mais lorsqu’on voulut lire l’acte d’accusation, l’écriture disparut. Consternés de ce prodige, les juges interpellèrent l’accusé. Il sourit sans leur répondre; puis on vit se former autour de lui un nuage de fumée qui l’enveloppa : quand ce nuage fut dissipé, Apollonius avait disparu.

 

On l’arrêta une seconde fois sous le règne de Domitien. Pour rendre son évasion impossible, l’empereur ordonne de le dépouiller de ses vêtements et de lui raser la barbe et les cheveux; en cet état, on l’enferme dans un cachot, à l’entrée duquel furent placés des gardes qui devaient répondre de leur prisonnier sur leur tête. Mais quand on entra dans le cachot pour porter à manger au captif, on n’y trouva que les fers dont il avait été chargé.

 

   Lorsque, quelque temps après, Apollonius reparut à Rome, son retour fut considéré comme un prodige. Il se mit à parcourir les rues en criant: « Tue, tue…. Mort au tyran! » La foule s’attroupe autour de lui; quelques citoyens veulent s’emparer de sa personne; mais ceux qui étendent les bras pour le saisir, demeurent aussitôt immobiles et comme pétrifiés. « Est-ce donc ainsi, ô Romains, s’écrie-t-il, que vous traitez les gens qui vous apportent une bonne nouvelle. Sachez qu’au moment où je vous parle, le tyran Domitien tombe sous les coups d’Etienne…. Il se débat!… son sang coule…. il est mort! » Le peuple courut en foule vers le palais, et acquit la certitude que Domitien venait, en effet, d’être assassiné.

 

   Quand Apollonius mourut, ses disciples firent courir le bruit qu’il avait été enlevé par une troupe d’esprits célestes, et on les crut d’autant plus facilement que, danstout le cours de sa longue carrière, il n’avait usé de son savoir puissant que pour faire du bien aux hommes.

 

 Sources: Louis Figuier, Histoire du Merveilleux dans les Temps Modernes, Hachette 1860

 Voir aussi http://www.apollonius-de-tyane.ch, site très complet sur le personnage

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.